Nicolas Sarkozy voyou, ça se défend. Mais exhumer Darquier de Pellepoix pour réveiller Simone Veil ?
Mon yacht de cent huit mètres vingt-deux étant ancré au large du Cap Camara, mon pilote en hélico ne met que quelques secondes, chaque matin, pour me livrer la presse qu’il s’en va quérir à Saint-Tropez. Chacun de mes pieds baignant dans un bocal de sangsues, c’est allongé sur le pont, dans un transat Hermès, que je dévore nos confrères. Par prudence, la position couchée est recommandée pour déchiffrer les journaux. Elle évite de se faire mal si la lecture vous fait tomber à la renverse.
Par exemple la dégustation d’un Marianne titrant sur Sarkozy : « Le voyou de la République ». Première observation, j’ignorais que notre Nicolas habitait place de la République, je le voyais plutôt à l’Élysée où au Cap Nègre. A travers mes Ray-Ban, ma revue de presse m’indique que les amis du Sarko-ko ne sont pas contents : « Comment ? Traiter un Président de voyou ? ». On ne va quand même pas décapiter Marianne, ça aurait l’air bête. A ceux qui protestent, a minima, en disant : « si vous ne respectez pas l’homme, respectez la fonction… ». On peut répondre aisément que le problème, qui demeure, est le suivant : Nicolas Sarkozy est le premier à ne pas la respecter, la fonction.
Sur mer, où je joue Les Ulis entouré de jeunes tueurs du 9-2, futurs déchus de la France, une information me parvient de Chamonix, capitale alpine où l’air pur rend tout le monde honnête. C’est là que notre Doudou Balladur aime à estiver et bat la campagne après en avoir fait les comptes. Edouard, donc, est en ce moment un peu irrité par son poulain Sarkozy, trouvant « qu’il en fait trop »… Si Balladur lâche Sarko ? C’est grave la corde qui laisse tomber le pendu.
L’intéressant, dans Marianne, n’est pas tant la « une », le gras est en page 4 dans l’édito du bienheureux Maurice Sazfran. Le maladroit, pour émoustiller le sursaut républicain face au « voyou », entend réveiller Simone Veil d’une sieste qu’elle fait quelque part dans un paradis d’ultra-riches.
Pourquoi Szafran est-il maladroit ? C’est que, pour se mettre en scène, ce nouveau journaliste rappelle « ce jour de 1979 où il a interrogé Simone » après que Darquier de Pellepoix ait déclaré à Philippe Gasnier-Raymond de l’Express : « A Auschwitz on n’a gazé que les poux ». Maurice, qui était alors journaliste sportif au Matin de Paris, a bien tort de déranger Simone Veil avec ces puants souvenirs. Parce que dans ce même entretien accordé à l’Express, l’ancien commissaire aux Affaires juives de Vichy précisait que Jean Leguay, bras droit pendant l’Occupation de Bousquet, responsable par exemple de la rafle du Vel d’hiv et du dynamitage du Vieux Port de Marseille, était un familier d’Antoine Veil, le mari de Simone. En effet, après que Bousquet lui-même ait figuré au conseil de la compagnie aérienne UTA, présidée par Antoine Veil, Leguay lui a succédé. Et Maurice, c’est moche de rappeler de tels souvenirs à la femme d’Antoine.
Cher Jacques Marie,
Excellent article de fond qui mérité des félicitations, d’autant que certains commentaires précédents semblent ne pas avoir pris le temps de lire le texte qu’ils abordent (avec ses explications très détaillées), voire ne paraissent pas avoir saisi votre ironie.
Il est vrai que, par les temps qui courent en France, le langage basique, et même carrément bas, est à l’honneur, tandis que la réflexion la plus simple semble avoir déserté les rangs du gouvernement de ce pays et de ses serviles adorateurs incultes.
Dans un tel "climat" politico-culturel où les "puristes" de la langue, de la grammaire, de la conjugaison, de la syntaxe, voire de la population, se multiplient selon un processus miraculeux encore inexpliqué par les sciences, la finesse de votre ironie et son mordant serein sont un bienfait agréable pour l’esprit délié des lecteurs cultivés et/ou qui s’informent, surtout s’il leur manque parfois quelques connaissances historiques récentes ( ce qui ne soi n’est pas grave dès lors que l’on s’oblige à combler ses éventuelles lacunes sans les reprocher à d’autres).
Il est heureux pour les lecteurs de Bakchich, et surtout sain pour vous, que vous n’ayez pas le niveau "d’humour" , par exemple, d’un Brice Hortefeux, lui aussi, paraît-il, un grand incompris de cet art difficile qui consiste à éveiller l’esprit des lecteurs par des textes qui prêtent à rire ou à sourire (selon les personnalités de chacun) : l’ironie.
Dans le cas de Brice Hortefeux, il est vrai aussi que ce qu’il qualifie de "plaisanterie" peut ailleurs passer facilement pour de la simple bêtise, voire même de la franche stupidité volontaire.
On est alors dans ce cas d’école à l’antithèse de l’ironie car il faut un esprit subtil et souple pour manier l’ironie avec adresse et finesse
Bien cordialement à vous,
Balle de voyou
Quand on qualifie quelqu’un de voyou, il faudrait peser ses mots pour que l’adjectif ne devienne pas un substantif. Voyou et ce n’est pas nouveau, c’est le mot qui pue dans toutes les revues, le mot qui court les rues, le mot qui tue.
Q U E S T I O N : Qu’y a-t-il de commun entre a- Un gamin éperdument voyou b- Un patron prétendument voyou c- Et un président indûment voyou ?
R E P O N S E : Tout ce que « Marianne » et la morale réprouvent.
Dans tous les cas de figures, on a affaire à des durs qui sont prêts à tout pour imposer leur sens de la mesure. Pour eux, comme on dit, la fin justifie tous les moyens. Sauf que nos trois figures ne relèvent pas de la même caricature. Le premier, le beau gosse de rue cherche d’abord à nuire. Le second, chef d’entreprise cherche surtout à s’enrichir. Quant au troisième, pour le saisir il faudrait relire « le Prince » de Machiavel pour comprendre ce qu’il faut dire ou ne pas dire pour se faire réélire ! C’est ce qu’on appelle la politique, qui depuis la Grèce antique est restée fondamentalement cynique : à chaque fois qu’elle distingue devoir et pouvoir, elle devient voyoute !
http://www.tueursnet.com/index.php ?journal=Balle%20de%20voyou
C’est tout ? C’était pas la peine d’écrire un article pour ça.
Moi j’aurais plutôt vu "La gaffe du gouvernement" qui a des problèmes avec la liberté d’expression et d’opinion de la presse. Surtout quand on se rappelle ce que se sont pris les Chirac, Jospin, Mitterand dans Charlie Hebdo… A côté la couv’ de Marianne c’est du pipi de chat. Et curieusement à l’époque ça ne posait aucun problème.
Sarko est un monarque et se comporte comme tel, respecter la fonction pff, quelle couillonade. Et depuis quand dans ce pays doit-on adopter deux langages selon que l’on s’adresse à l’élite ou au bas peuple ??? On peut faire une couv’ raciste sur Anelka, mais on peut rien dire sur le Roy ??? Bin merde alors, elle est forte celle-là.