Le patron de France Télécom, Didier Lombard, est un esthète méconnu. Un homme pressé, mâtiné d’un esthète du surréalisme..
Qui peut en vouloir à Didier Lombard, le patron de France Télécom né à Clermont-Ferrand, d’aimer les peintres surréalistes ? En particulier ce tableau de Magritte où dans le ciel bleu il pleut des hommes ? Vous ferez valoir que l’art c’est bien beau, mais que passer maintenant sous les fenêtres d’un immeuble du géant du téléphone n’est pas sans danger. Vendredi dernier c’est une jeune femme de 32 ans qui, à défaut de prendre la porte, a pris la fenêtre du quatrième étage. Et cette écervelée en est morte. Rien que pour embêter Lombard, en 18 mois, 23 de ses employés se sont, comme elle, suicidés. En ce qui me concerne, je trouve ça intelligent la « restructuration », c’est-à-dire la mise à la lourde, par le suicide. Ca évite de verser des indemnités, d’aller aux prudhommes, des choses si désuètes. On voit bien que Lombard, outre des tas de diplômes, est aussi docteur en économie. Avant le Nobel, je propose de lui décerner le prix Thatcher de l’innovation dans les relations humaines.
Culture d’entreprise ? Olivier Barberot, l’humaniste DRH de Lombard, explique de façon très convaincante ce dernier suicide. En détaillant sans honte des éléments de vie de la jeune morte, des choses qui relèvent du secret médical : « cette année elle a été absente 61 jours… Elle avait des difficultés personnelles… ». Barberot pourrait ajouter : « en plus elle avait refusé d’apprendre à voler ! ». Bon débarras. Dans sa guerre économique, France Télécom ne peut compter que sur l’esprit commando, sur des tueurs. Didier Lombard n’a pas assez de temps, ni assez d’yeux, pour regarder les hommes tomber.
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