Le Cercle des DRH n’est pas satisfait de "l’action du législateur" en matière de prévention du stress : un plan entend soumettre les grandes entreprises à une signalétique tricolore en février.
1er décembre, vers 20h, une trentaine d’invités arrive dans les salons feutrés de l’Automobile club de Paris, place de la Concorde.
Ce soir-là un dîner très sélect réuni les principaux DRH des entreprises du CAC 40 autour d’Hervé Lanouzière, directeur du travail de Xavier Darcos.
La rencontre est organisée par le cercle des DRH, qui se présente comme un groupe travaillant « à infléchir l’action du législateur…en marge des empoignades à l’Assemblée Nationale et des coups d’éclat des partenaires sociaux ». Un lobby, donc, qui sait d’autant mieux se faire entendre qu’il compte parmi ses membres les plus grandes entreprises françaises.
Thème de la rencontre : le plan d’urgence pour la prévention du stress au travail lancé en octobre par le ministre du Travail alors que l’émotion sur la vague de suicides à France Télécom est à son comble. Un plan d’urgence qui, pour le coup, angoisse les DRH.
Les entreprises de plus de mille salariés ont effectivement jusqu’au 1er février pour signer un accord sur la prévention du stress. A cette date, le ministère rendra publique sur son site internet la liste des contrevenantes avec une signalétique claire : feu vert pour celles qui seront parvenues à un accord, feu orange pour celles qui seront déjà bien avancées dans leur négociations et feu rouge pour les mauvaises élèves.
Rien de très méchant a priori, mais qui pourrait quand même faire un peu de tort à l’image si patiemment construite de certaines entreprises.
Du coup, les DRH ont tout tenté pour ramener le gouvernement à la raison. Et faire capoter son plan.
« Nous avons rappelé au directeur du travail à quel point les délais impartis nous semblaient irréalistes », explique un participant.
« Certaines entreprises ont entamé des négociations dans le cadre de l’accord interprofessionnel sur le stress il y a presque deux ans et n’ont toujours pas abouti. On voit mal comment de grands groupes pourront réussir en si peu de temps sur un sujet aussi sensible », s’agace Sylvain Niel avocat en droit social, président du cercle des DRH.
Autre argument de poids porté à la connaissance du ministère lors de cet aimable dîner, les interlocuteurs des directions – en l’occurrence les syndicats qui doivent ratifier l’accord – ne seraient pas assez coopératifs. « Il est très difficile de leur arracher un accord en ce moment. Nous aurions préféré négocier avec d’autres instances, comme les CHSCT (comité hygiène sécurité et conditions de travail) », rapporte un DRH. Le CHSCT étant présidé par l’employeur…
Las, le directeur du travail est resté insensible à ces récriminations. « On a essayé de faire reculer la deadline, d’obtenir que la signalétique soit moins stigmatisante…Rien » affirme un participant dépité.
Hervé Lanouzière a expliqué à ses hôtes qu’outre la sensibilité de plus en plus forte de l’opinion à ces sujets, le ministère du Travail avait reçu ces derniers mois des signes concordants sur une hausse des suicides liés au travail. Bien avant que les cas de France Télécom fassent la une des journaux.
Reste que la menace de sanctions financières, un temps évoquée par Darcos pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu, n’est, elle, plus d’actualité.
A lire sur Bakchich.info :
Mouai, seulement les salariés stressés, au bout du rouleau, où vont-ils en temps normal ? Et bien ils vont en parler aux RH qui essaient bien souvent de faire ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’ils ont, pas grand chose.
Votre réaction est comme toujours simpliste et à courte vue, enfin si on peut qualifier de réaction vos pubs constantes pour votre blog.