Ça sent la fin des haricots pour Hillary Clinton. Pour notre chroniqueur Doug Ireland, le résultat des primaires du 6 mai en Caroline du Nord et en Indiana, ne lui laisse plus aucune chance de décrocher l’investiture présidentielle du Parti Démocrate. Elle le sait d’ailleurs pertinemment puisqu’elle a annulé toutes ses apparitions médiatiques du 7 mai…
Dans les années 80, le pittoresque et flamboyant gouverneur de Louisiane, le Cajun Edwin Edwards, s’enorgueillissait d’être populaire (il a remporté quatre mandats successifs) au point de clamer qu’il ne pourrait être battu que s’il était « pris en flagrant délit au lit avec un garçon vivant ou une fille morte ». Une phrase devenue célèbre, qui est depuis entrée dans les annales de la politique américaine et qui pourrait s’appliquer aujourd’hui à Barack Obama. Après les résultats des primaires d’Indiana et de Caroline du Nord du 6 mai, il est désormais mathématiquement impossible pour Hillary Clinton de décrocher l’investiture présidentielle du Parti Démocrate. C’est fini pour elle. Elle a même perdu la logique symbolique de continuer à faire campagne.
Barack Obama a en effet remporté une énorme victoire dans l’important État de Caroline du Nord que les pontifes des médias ont unanimement qualifiée d’« impressionnante » et de « décisive ». Et pour cause ! Le sénateur devance la femme de l’ex-président Clinton de 15 %. Soit plus que le double de ce que les sondages et le staff de campagne de Clinton prévoyaient. Dans l’Indiana, Obama a également déjoué tous les pronostics qui le donnaient facilement battu de 10 à 20 points en raison du terrain a priori favorable à Hillary. Avec 99 % des résultats disponibles à l’heure où j’écris cette chronique, l’Indiana lui a échappé de peu puisque l’écart n’est que de 22.000 voix sur les 1.654.000 personnes qui se sont exprimées.
En Caroline du Nord, la victoire d’Obama et sa belle avance de 230.000 voix a gommé les gains qu’Hillary a accumulés lors de la primaire du 22 avril en Pennsylvanie. Aussi bien en nombre total de voix populaires que de délégués élus. Avec le vote en Indiana qu’Hillary a pourtant emporté de justesse, Obama parvient quand même à creuser davantage encore l’écart avec sa concurrente puisque, tous caucus et primaires confondus, son avance est de 700.000 voix. Une jolie cagnotte qui lui permet d’envisager sereinement la suite des événements : même si Clinton emporte les six primaires restantes avec 90 % des voix – autant dire une gageure – elle ne dépassera pas Obama en nombre de voix accumulées.
Avant les deux primaires du 6 mai, la campagne d’Hillary a pris un tournant que la presse américaine a qualifié d’« alternative nucléaire ». Les médias pensent que lors de la réunion, le 31 mai prochain, de la Commission nationale des règles du Parti Démocrate, où les supporters de Clinton sont majoritaires, Hillary tentera d’intégrer dans la convention d’investiture du 25 août les délégués de Floride et du Michigan en raison des primaires anticipées organisées dans ces deux États. Au risque de s’aliéner les fervents supporters d’Obama lors de la présidentielle de novembre 2009, surtout les jeunes et les noirs. Même si ce scénario du pire se produit, Hillary aura toujours cent délégués de moins qu’Obama. De toutes les façons, intégrer les délégués de Floride et du Michigan à la convention nationale ne sera pas une tâche facile. Cette décision doit en effet être validée lors de ladite convention où on sait désormais qu’Obama contrôlera… une majorité de délégués. Et quand bien même il y serait décidé de tenir compte des voix populaires gagnées par Clinton en Floride sans comptabiliser les délégués qu’elle y a gagnés, elle resterait en retard de 160 000 voix. In fine, que l’on compte en nombre de délégués ou en voix populaires, Hillary Clinton est à la traîne. Pire, même si elle manigance, elle aura bien du mal à rattraper son retard sur Obama.
Au final, il ne reste donc que l’épineux cas des 260 super-délégués qui n’ont pas encore choisi entre Clinton et Obama et qui ont le pouvoir de décider de l’investiture. Sérieusement, après sa piètre performance en Caroline du Nord et en Indiana, est-ce vraiment pensable qu’Hillary parvienne à les persuader de s’engager dans une manœuvre anti-démocratique consistant à nier la désignation de celui qui a emporté le plus de délégués et le plus de voix ? La réponse est non. Pour ne rien arranger (pour elle), le 25 mai, la très populaire chaîne de télévision câblée HBO diffusera un nouveau film, « Recount », avec l’acteur Kevin Spacey en vedette. Il s’agit d’un « docudrame » qui rappelle les conséquences dramatiques du vol de l’élection de l’an 2000 par le Parti Républicain de George W. Bush contre un Al Gore qui a gagné le vote populaire. Les super-délégués ne vont pas singer les Républicains de 2000, d’autant plus qu’ Obama est le premier noir ayant une chance réelle de devenir président des Etats-Unis, or le Parti Démocrate ne gagnera pas l’élection de novembre contre le candidat républicain sans un vote massif des noirs. Qui plus est, tous les sondages nationaux récents ont montré qu’une majorité de noirs affirment qu’ils s’abstiendront ou même voteront pour McCain si Obama est exclu de l’investiture contre la volonté des électeurs démocrates.
Si Obama a retrouvé l’élan dont il avait besoin en Caroline du Nord et en Indiana, il revient de loin tant il a vécu, il y a peu, les deux pires semaines de sa campagne. En cause, la reprise par les médias de leur tapage contre son ancien pasteur, le Révérend Jeremiah Wright, qui a subitement refait surface lors de trois émissions TV où on le voyait déclamant ses âneries habituelles (le sida a été conçu par le gouvernement pour éradiquer les noirs, etc.). Le staff de campagne d’Hillary a eu beau répéter en boucle qu’à cause de ses relations passées avec le Révérend Wright, Obama ne pouvait pas gagner les voix de la classe ouvrière blanche, il n’en a rien été. Il n’y a pas eu l’ombre d’un deuxième « effet Wright » en Indiana et en Caroline du Nord où le sénateur a enregistré d’importants gains en voix parmi les « cols bleus » blancs. Dans l’Indiana, deux-tiers des voix pour Obama venaient des blancs. Lors de ces deux dernières primaires, Hillary a perdu son dernier argument susceptible de convaincre les super-délégués de se rallier à elle. Elle a d’ailleurs implicitement reconnu que la bérézina en Caroline du Nord et sa quasi-défaite dans l’Indiana sentaient la fin des haricots puisqu’elle a annulé ses nombreux rendez-vous télévisés pour le lendemain. Elle ne savait plus quoi dire…
Comme l’a si bien précisé à la fin de la soirée électorale télévisée du 6 mai, le respecté correspondant politique en chef de la chaîne NBC, Tim Russert, « on connaît désormais le nom du candidat du Parti Démocrate, c’est Obama, et personne ne peut le contester. » Dès le lendemain, l’ancien sénateur GeorgeMc Govern (candidat présidentiel du Parti Démocrate en 1972 contre Richard Nixon), super-délégué, important supporter de Clinton, et icône de l’aile gauche de son parti, annonçait qu’il reportait son soutien sur Obama, tout en appelant publiquement Hillary à mettre immédiatement fin à sa candidature pour ne pas nuire a l’inévitable nominé du parti. D’autres, dans les jours qui viennent, le suivront …
L’argent lui vient surtout d’un million cinq cent mille (1 500 000) petits donneurs ($5, $10, $25, $50, etc…) comme moi et non pas des Repubs. C’est tout le contraire, contre Clinton, victoire facile, contre Obama defaite certaine, alors ils ont essaye par tous les moyens possible et imaginable, y compris lui envoyer de l’argent.
Les republicains ont massivement vote dans les primaires Democratiques (operation chaos par Rush Limbaugh) pour essayer de changer les donnees, les estremistes de droite, (pire) ennemis de longue date comme Richard Mellon Scaiffe, lui ont apporte leur support. Rien n’y a fait. La droite n’aura pas ce qu’ils voulaient : une adversaire facile a battre. Obama a des millions d’enthousiastes prets a faire campagne pour lui, Rebublicains comme Democrates comme Independants, alors…
Je crois que comme une majorite de personnes, vous n’avez pas encore compris quil ne s’agit pas d’Obama le candidat mais d’Obama le mouvement. Or si on peut stopper un candidat il est nettement plus difficile d’arreter un mouvement. Exemple ? Le mouvement de Mai 68.
Le probleme, tout de meme, est que gagner l’investiture n’est pas gagner l’élection de novembre. Dans le camps démocrates, graces aux merveilleuses regles de ce cher Dean, la regle est proportionnelle. Mais si on comptait comme pour le scrutin présidentiel (et comme les républicains), Hillari serait devant.
Par ailleurs, Obama est favorisé dans les caucus (publics) et son score est plus faible dans les votes a bulletins secrets ; serait-ce que les électeurs se donnent bonne conscience par rapport a leur voisin en votant en public pour un candidat noir ?
Attention donc, la situation a plus complexe que les commentaires laissent croire…
Et ce ne sera que justice si Barack Obama remporte l’investiture démocrate, car Hillary Clinton n’a vraiment pas brillé par ses idées politiques (en multipliant les coups bas et les attaques de caniveau).
Tout le monde savait déjà, à l’époque où son mari occupait le bureau ovale, que Madame Clinton avait les dents qui rayaient le parquet et qu’elle était prête à vendre sa famille sur un plateau d’argent pour devenir présidente des USA : les faits sont désormais confirmés et il est temps que cette dame fasse preuve d’un minimum de fair-play et surtout de respect vis-à-vis de son adversaire démocrate.
Adieu Madame Clinton, l’histoire ne retiendra de vous que cette volonté carnassière d’emporter l’investiture démocrate à tout prix, peu importe les conséquences sur les chances de succès de votre propre parti (stratégie que l’on peut simplement résumer par la formule "après moi le déluge !) : ce n’est vraiment pas glorieux…