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"Mama Grizzli" Palin engrange les victoires

Etats-Unis / mercredi 22 septembre 2010 par Doug Ireland
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Les nouvelles victoires des candidats soutenus par Sarah Palin aux primaires le 14 septembre font trembler l’establishment républicain. Sa candidature pour 2012 est sur les rails.

La bataille quadriennale pour la Maison Blanche commence avec les "caucus" de l’État d’Iowa : les réunions au cours desquelles les militants politiques locaux vont choisir les délégués qui désigneront leur candidat à la présidence.

Et le 17 septembre, rapporte le Washington Post, le dîner annuel du Parti républicain local a attiré un attroupement record de 1500 personnes (à 100 dollars le couvert !) à cause de l’orateur vedette de fin de repas : Sarah Palin. L’éphémère gouverneure de l’Alaska et colistière de John McCain en 2008 a pris la parole pour livrer une attaque en règle contre la hiérarchie de ce qu’elle a appelé «  la machine » du parti, et elle était auréolée du prestige des fraîches victoires des candidats qu’elle avait soutenus lors des sept dernières primaires de la saison électorale trois jours plus tôt.

Au dîner de l’Iowa, « elle a fait comprendre qu’elle sera candidate à la présidence, » a rapporté le magazine Politico, le must des politiciens. Et les nouvelles victoires de ses candidats le 14 septembre font trembler l’establishment du parti.

Sarah Palin - JPG - 36.8 ko
Sarah Palin
Dessin d’Oliv’

Maman Grizzli fait des petits

Dans le New Hampshire, le "Granite State", Palin, autoproclamée « maman grizzli », a continué a déployer sa stratégie féministe. Elle a élevé Kelly Ayotte, candidate au poste de sénatrice de l’État, au rang de « Granite Grizzli » et de « vraie conservatrice » au cours d’une coûteuse campagne de « robocalls » (appels téléphoniques enregistrés) qui commençait trois jours avant la primaire. Ayotte était engagée dans un combat très serré contre un candidat des Tea Party, Ovide Lamontagne, et n’a arraché sa victoire que de justesse, par moins de 1% des voix. Ayotte est donc redevable à Palin de sa victoire.

Il est quasi-impossible pour un candidat à la présidentielle de gagner l’investiture de son parti sans emporter ou l’Iowa ou New Hampshire, qui accueillera la première primaire présidentielle dans le calendrier de 2012. En juin, Palin avait déjà soutenu Terry Branstad, le président de l’Université de Des Moines (la capitale de l’Iowa) à la nomination républicaine pour le poste de gouverneur, qu’il a gagnée facilement. Les sondages lui donnent une cote de popularité de 70% auprès des électeurs, tandis que le gouverneur démocrate sortant dégringole. Pour le plus important quotidien de l’État, le Des Moines Register, l’ami de Palin est un candidat « très impressionnant » susceptible de rafler le poste de gouverneur en novembre, dans une année électorale où la fièvre anti-sortants a gagné tout le pays.

Avec un gouverneur de l’Iowa et un sénateur du New Hampshire dans sa poche, Palin sera très bien placée pour emporter ces deux États lors de la nomination républicaine en 2012, surtout si elle reste la seule femme opposée à la brochette d’hommes (au moins cinq, voire huit) qui divisera son opposition. Si elle gagne les deux États, sa campagne aura tant d’élan qu’elle sera difficile à battre.

Tiercé gagnant

« Maman grizzli » est même en bonne position de remporter le tiercé, avec une victoire supplémentaire en Caroline du Sud, où elle a sauvé la candidature de gouverneur d’une autre femme, Nikki Haley, à l’issue d’une campagne de coups bas où les rivaux d’Haley ont ciblé sa vie sexuelle prétendument mouvementée. Grâce à l’intervention de Palin, en juin, Haley, également candidate des Tea Party, a gagné au second tour l’investiture dans un État si dominé par les Républicains que la nomination signifie une victoire assurée en novembre. Or, après l’Iowa et le New Hampshire, la troisième plus importante primaire présidentielle républicaine est celle de Caroline du Sud : c’est là où John McCain avait perdu la nomination présidentielle en 2000, et c’est là où il l’avait remportée en 2008.

Palin a ajouté un autre succès retentissant à son palmarès lors des primaires du 14 septembre dans le Delaware, dans le combat pour le siège au Sénat abandonné par Joe Biden, devenu vice-président de Barack Obama. Le favori pour la nomination républicaine était, selon tous les sondages et tous les analystes, Mike Castle, un des politiciens les plus populaires et respectés de l’État (sur son CV : deux fois gouverneur, neuf mandats à la Chambre de Représentant). Sa rivale était Christine O’Donnell, conseillère en marketing et candidate des Tea Party, qui en plus de positions extrémistes, affichait des finances personnelles troubles.

Tout l’establishment national des républicains, y compris le National Review (le magazine phare des conservateurs), le Weekly Standard (l’hebdo des néoconservateurs) et la page éditoriale du Wall Street Journal, a dénoncé Christine O’Donnell comme « non qualifiée » et « perdante » assurée. Mais avec le soutien de Palin et des Tea Party, elle a surfé sur la révolte nationale populiste et anti-establishment pour décrocher la victoire, à la surprise générale. Sa victoire contre Mike Castle a fait de O’Donnell un symbole et une vedette nationale de la révolte, toutes les chaînes d’infos câblées ont parlé d’elle pendant une semaine et dans les six jours suivant sa victoire elle a collecté 2 millions de dollars pour sa campagne, trois fois plus que la trésorerie de campagne de son rival démocrate.

Allégorie politique - JPG - 22.8 ko
Allégorie politique
par Soulcié (début XXIe)

L’Etat de New York contre les élites

Les Tea Party ont aussi enregistré une victoire majeure dans l’État de New York quand leur candidat au poste de gouverneur, Carl Paladino, un promoteur immobilier millionnaire, a détrôné un ancien membre du Congrès, le fringant Rick Lazio, nominé officiel de la convention du Parti républicain local - et qui était en plus le candidat officiel du Parti conservateur, un parti local dont le soutien a souvent déterminé le vainqueur des primaires républicaines new-yorkaises.

L’État de New York a été très marqué par des scandales de mœurs et de corruption ces deux dernières années, ce qui fait que le gouverneur démocrate sortant a été contraint de ne pas se représenter. Paladino a construit sa victoire en proclamant « une guerre des classes » contre « l’élite corrompue » et se disant candidat d’une «  révolte du peuple ». En dépit des révélations dans la presse des courriels racistes et pornographiques qu’il avait envoyés à des amis, et de ses positions extrémistes (entre autres, il a proposé de loger les bénéficiaires de l’aide sociale dans les prisons sous-peuplées et de leur y enseigner « l’hygiène personnelle »), Paladino a battu le candidat de l’establishment de son parti par un écrasant 2 contre 1 !

Sa victoire démontre que l’attrait des Tea Party n’est pas limité à l’Amérique profonde, les États sudistes, ou à la « Bible Belt » (la « ceinture biblique » des États dominés par les intégristes chrétiens) mais s’étend même à un État plutôt urbain et supposé cosmopolite comme New York.

Défaite annoncé des démocrates

Maintenant que la saison des primaires est terminée, on peut mesurer ô combien la révolte des Tea Party de la base du Parti Républicain a pris de l’ampleur. Dans sept États, leurs candidats pour le Sénat ont battu les candidats de l’establishment, et ils ont fait de même dans deux douzaines de circonscriptions de la Chambre de Représentants. Par exemple, à New York City le 14 septembre, Michael Grimm, un vétéran de la guerre en Irak - et débutant en politique- a battu avec 70% des voix le candidat officiel du Parti républicain local, Michael Allegretti, dans une circonscription dominée par les italo-américains, grâce au soutien des Tea Party et de Sarah Palin.

Lors des primaires la "maman grizzli" a soutenu une cinquantaine de candidats, et le deux-tiers d’entre eux ont gagné. Aussi écervelée soit-elle pour les questions de gouvernance, elle a en même temps le pif pour sentir l’ambiance électorale et, par sa démagogie, le don de la convertir en voix. Avec les victoires de ses candidats, elle s’est construit un important réseau de supporters pour 2012.

Les stratèges d’Obama à la Maison-Blanche ont fait savoir qu’ils comptent sur l’extrémisme des candidats victorieux des Tea Party et de Palin pour limiter les dégâts en novembre. Mais si l’économie ne se redresse pas miraculeusement dans les six semaines avant les législatives de novembre, cet espoir semble vain. La Chambre de Représentants est déjà donnée perdue par les démocrates, qui ont coupé les financement de campagnes d’un nombre important de sortants donnés comme battus, afin de concentrer leur argent dans les circonscriptions encore considérés comme défendables.

Aujourd’hui les analystes sont presque tous d’accord pour dire que le contrôle du Sénat par les démocrates est aussi sérieusement menacé. En plus, grâce à une décision de la majorité conservatrice de la Cour Suprême qui en janvier a annulé le plafonnement des sommes que les entrepreneurs peuvent donner aux candidats, les républicains ont un avantage considérable dans les fonds de campagne.

Si vous ajoutez qu’en cette année de profonde crise économique, être sortant c’est avoir une tête à claques, la défaite des démocrates sera massive.

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Lire ou relire sur Bakchich.info :

Les primaires du Parti républicain dans 5 États le 24 août ont confirmé encore une fois l’ascendance de Sarah Palin et l’influence des Tea Party, le nébuleux mais puissant mouvement populiste de droite.

Les résultats-choc dans l’État d’Alaska ont (…)

Grâce au Tea Party et à plusieurs victoires lors des primaires, Sarah Palin commence à tisser un réseau solide pour 2012, et se montre une plus fine politique qu’on ne croyait.
Barack Obama, premier président noir, pourrait laisser la place à la première femme présidente. Hillary ? Non, Sarah. Gare à la revanche de la gourde !
En plus de l’incompréhensible démission de Sarah Palin de son poste de gouverneure de l’Alaska, deux autres présidentiables républicains ont rendu leur tablier : ils sont impliqués dans des scandales (…)

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1 MESSAGES

Forum

  • "Mama Grizzli" Palin engrange les victoires
    le mercredi 22 septembre 2010 à 14:02, Phil2922 a dit :
    La victoire d’Obama n’était-elle pas surtout la défaite de Bush qui avait montré sa nullité sur tous les dossiers. En fait, les Etats-Unis sont Républicains comme la France est à droite. Une victoire de la gauche ou des sociaux-démocrates ne peut-être perçu que comme un accident de l’histoire. En France, si Sarko se représente en 2012, ce sera du pain bénit pour le battre, à moins que Marine le Pen soit au second tour… !
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