Sur les 200 000 individus soupçonnés de pouvoir menacer la Suisse par les RG helvètes, on retrouve plusieurs dizaines de morts. Et ce n’est pas le premier scandale du genre.
Il existe une différence très importante entre les missions parlementaires françaises et suisses. Les premières relèvent souvent du folklore. Les autres débouchent parfois sur de vraies enquêtes. La délégation des commissions de gestion chargée de la surveillance des services de renseignements, présidée par le député socialiste Claude Janiak, vient de révéler que le système informatique visant la protection de l’État suisse accumule des « informations inutiles, inexactes et obsolètes ».
Des exemples ? Sur les 200 000 individus soupçonnés de pouvoir menacer la Suisse, on retrouve plusieurs dizaines de morts ! Mais aussi un skinhead dont le seul crime a été de se rendre à un concert… Plus comique encore : Anni Lanz, docteur honoris causa de l’université de Bâle, est fichée pour son appartenance au Black Bloc, ce groupe de casseurs mobiles qui jaillissent des manifestations, habituellement âgés d’une vingtaine d’années. Seul petit problème : Anni Lanz est une vieille dame de près de 70 ans. Ajoutez que les candidats à la naturalisation suisse sont systématiquement enregistrés comme présentant une menace pour la sécurité intérieure.
Bref, sur 200 000 noms, au moins 110 000, c’est-à-dire plus de la moitié, ne devraient pas y figurer.
Le plus grave, c’est que la Confédération a déjà vécu, en 1989, un scandale des fiches. À l’époque, les citoyens helvètes avaient pu apprendre ce que les services secrets racontaient sur eux.
C’était accablant ! Un brave employé de banque était catalogué « militant révolutionnaire » pour s’être rendu en vacances à Cuba. Un enseignant découvrait que sa carrière avait été brisée car il avait eu le malheur d’habiter dans le même immeuble qu’un pédophile… Pour l’employé subalterne du service de renseignements intérieur, c’était une évidence : qui se ressemble s’assemble. Forcément.
À cette occasion, les journaux ont pu découvrir que même les pseudonymes bénéficiaient de fiches. Les services secrets ne s’étant même pas rendu compte qu’il s’agissait de noms d’emprunt… Au moins, les Suisses ont-ils la preuve de l’incompétence de leurs renseignements.
Mais en France ? Imaginez ce qu’un obscur employé, qui s’ennuie derrière son bureau, peut-être alcoolique et aigri, peut écrire sur vous ? Car le problème, c’est qu’il n’y a pas de sanctions en cas d’erreurs graves. Ce fonctionnaire inconnu peut prétendre que vous avez des sympathies pour l’ETA ou Al-Qaïda. Que vous dépensez vos sous dans les sex-shops ou que vous occupez vos loisirs à photographier les petits garçons. Terrifiant.
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