Après les notes de général Rondot, les carnets de l’ex-patron des RG, Yves Bertrand, risquent d’éclairer les zones d’ombres de la Chiraquie d’une lumière crue. Manips et coups bas à tous les étages.
Les notes du maître espion, le général Rondot avaient égayé le quotidien des journalistes et des juges en charges de l’affaire Clearstream. Désormais les agendas et autres carnets d’Yves Bertrand, ancien patron de Renseignement Généraux, assurent le relais. Et montrent s’il est encore besoin que la France est un pays de culture, où même les grands fonctionnaires de l’Etat ne peuvent s’empêcher d’exercer des talents de graphomane. L’exception culturelle n’est pas une vaine expression.
Dépiautées par Le Point, les grafouilles de Bertrand permettent - si leur contenu se vérifie un jour, ce qui n’est pas encore le cas - de dissiper quelque peu la brume qui entourait la Chiraquie, et d’en saisir l’ambiance.
Une première salve qui en appelle d’autres. Le parquet de Paris a décidé de verser la prose de l’ancien patron des RG au dossier de l’Angolagate, fort de ses 40 prévenus et autant d’avocats. Autant dire les rendre publics.
Légèrement empruntés sur le plan juridique, les prévenus de l’Angolagate, un vrai bottin mondain, et leurs avocats, une jolie brochette de ténor du barreau, ont opté pour une défense « de rupture ». Comme un hommage à Me Verges qui a troqué sa robe contre les planches du théâtre de la Madeleine. Leur défense consiste désormais à transformer le trafic d’armes supposé vers l’Angola en dossier politique, visant à faire tomber Charles Pasqua, alors gênant pour la chiraquie, et faisant des autres prévenus des victimes collatérales. Un scénario beau comme l’antique et défendu depuis des années par Alain Guilloux, l’un des prévenus. Et c’est pour cette raison que la défense a demandé, et obtenu du parquet, que les carnets d’Yves Bertrand soient versés à leur dossier. Démontrer les liens qui auraient uni le juge qui a instruit le dossier, Philippe Courroye, et Yves Bertrand, patron des RG et Chiraquien patenté. Bref que Bertrand a instrumentalisé le juge pour faire tomber Pasqua et consorts. Pas gagné…
Lutte à mort avec Sarkozy sur la fin, guerre de tranchées avec Jospin au temps de la cohabitation entre autres joyeusetés. Sans parler de divers ragots, vraies-fausses coucheries et pseudo-mondanités en tout genre.
Mais à l’examen des pattes de mouche du sieur Yves, deux noms reviendraient avec insistance dans ses agendas de 2001 et 2002. Dominique de Villepin, à l’époque secrétaire général de l’Elysée et Philippe Massoni, ancien préfet de Paris, ex-patron des RG dans les années 1980 et à l’époque conseiller sécurité de Chirac. Soit les démineurs en chef du président de la République qu’un rapport de hiérarchie semble lier à Bertrand.
Deux missions semblent notamment confiées au-dit Bertrand par Philippe Massoni, comme le décryptent nos confrères du Point. L’affaire Quandili, du nom d’un franco-marocain qui agace le souverain Mohammed VI, auquel Chirac ne refuse rien. Et l’imbroglio Bruno Gaccio, le père des Guignols de l’info, qui fera l’objet d’une surveillance très particulière.
Peu ragoutants, ces dossiers ne touchent ni au cœur de l’Etat ni même à Jacques Chirac. Quand cela s’avère le cas, Massoni ne délègue pas à Bertrand. Mais prend les choses en mains.
Son implication dans l’étouffement du compte japonais de Jacques Chirac est à ce titre exemplaire. Un travail de longue haleine. En 2001 et 2002, il rencontre à de multiples reprises le Général Rondot. La future vedette de l’affaire Clearstream est alors mandaté pour enquêter sur une équipe de la DGSE qui a fouiné dans les avoirs bancaires de Chirac au pays du soleil levant. Et déterminer si oui ou non leurs investigations ont abouti, voire ont été diligentées… Le dossier n’explose pas. Pas encore.
Avec les développements de l’affaire Clearstream, et notamment les auditions d’octobre 2006, l’incroyable histoire du compte japonais ressurgit. Les policiers de la Dnif, dans leur enquête sur les faux-listings Clearstream, ont un léger tropisme nippon. Et multiplient les questions aux témoins qui ont transité un jour ou l’autre par le Japon.
Philippe Massoni reprend alors son bâton de pèlerin pour déblayer le terrain. L’un des auditionnés de l’automne 2006 reçoit ainsi le conseil avisé d’un ancien bras droit de Jacques Foccart, rédiger fissa un petit mémo sur ses activités au Japon, et ce qu’il a raconté aux flics, afin de l’envoyer à Philippe Massoni. Le gugusse a eu la mauvaise idée de vivre dans l’archipel au début des années 90, soit au moment de l’ouverture du compte japonais de l’Ex.
Un brin méfiant envers ce gentil interlocuteur, l’auditionné en question préféra faire remonter sa prose via un haut diplomate chiraquien de sa connaissance. Et c’est autour d’un verre de muscat, le 6 novembre 2006, que Massoni découvre qu’au moins pour celui-là, il se sera inquiété pour rien…
Deux précautions valant mieux qu’une, le conseiller sécurité de Chirac rencontre des journalistes « sûrs », en vue de discréditer l’existence d’un compte japonais du Président, revélée par le Canard enchaîné. Ami commun de Massoni et d’Yves Bertrand, Hervé Gattegno (passé du Monde au Point) aura écrit les articles les plus virulents pour démonter « le fantasme » de ces avoirs planqués au pays des mangas.
Mais malgré toutes ses prévenances, l’affaire du compte japonais a ressurgi ces dernières semaines dans les journaux, de longs mois après la parution du livre de Nicolas Beau (directeur de la rédaction de Bakchich) et Olivier Toscer (du Nouvel Observateur), « l’incroyable histoire du compte japonais de Jacques Chirac ». Mais juste après la plainte de Nicolas Sarkozy contre Yves Bertrand. De là à y voir une nuit des longs couteaux au sein de la droite…
Lire ou relire dans Bakchich :
Ah Chirac, l’épisode polynésien (sur lequel on pinaille lamentablement dans les médias aux ordres) assassinat de JPK commandité par Gaston Flosse parrain mafieux mettant en relief le vieux système de recouvrement de fonds érigé par Chirac alors 1er ministre, système qui lui a permis de devenir président en écrabouillant tout ses concurrents y compris par le meurtre (affaire Boulin)…
Impossible de tout énumérer ici, trop long, font de Chirac malgré ses airs bonasses un des pires requins de la Vème république. Coups tordus en tout genre y compris et surtout au sein de la Françafrique compile de magouilles aux conséquences sanglantes très bien décrite par FX Verschave dans « Noir Chirac » édition « les arènes », son ombre est derrière l’Angolagate…
On lui doit aussi indirectement (ce qui n’est pas le moindre de ses méfaits) la présence du petit Nicolas à l’Elysée ex-pion (devenu incontrolable) du système Chirac.Ect…
Qui a savamment orchestré la fuite des fameux brouillons de Bertrand ?
Aux dires de certains, l’avocat Guilloux, cité dans l’affaire angolagate et partie civile dans l’affaire clearstream aurait pris le soin de rémunérer un quarteron d’avovats stagiaires pour recopier les centaines de pages que comportent les carnets Bertrand. Il aurait ensuite contacté son ami Giesbert, patron du Point, dont il serait, par ailleurs,son avocat fiscaliste !!!!!