Un mois après le lancement de son mouvement, Villepin se fait plus discret. Avec le scandale Bettencourt, même pas besoin de gloser…
Toujours la nostalgie néo-gaulliste du Rassemblement du peuple français de 1947, ou du RPR de 1976 : samedi 19 juin, Dominique Galouzeau de Villepin, 56 ans, tiendra la réunion constitutive de son « mouvement », situé, bien sûr, « au-dessus des clivages partisans », « libre et indépendant », etc. Précision, « 7 000 inscrits à Villepin.com, 150 adhérents dans le Nord » : à se fier aux indications des villepinistes eux-mêmes, la halle Freyssinet, dans le XIIIe arrondissement, paraît en effet plus adaptée à cette manifestation de masse que le Stade de France.
L’initiative amuse, pour les apparences, les conseillers élyséens, selon qui, « sans argent et sans parlementaires », « il n’y arrivera pas [à se présenter en 2012] ». Peut-être plus grave encore : après l’éloignement de Bruno Le Maire et de Georges Tron, même le présumé fidélissime Hervé Mariton a indiqué qu’il ne serait pas de la fête du 19 juin. Pourvu qu’on puisse se passer de figurants ! Il s’est remué, tout de même, pour réussir ce grand moment, le poète « voleur de feu », le diplomate grandiloquent dont se gausse, ces temps-ci, une bédé, le Napoléono-addict : loin du discours visionnaire de l’ONU (2003), il a cajolé un goret dans une ferme, causé boutique avec de petits patrons, serré des louches à Mantes-la-Jolie. Bref, à peu près tout, sauf tenter de s’enraciner, même dans un patelin de 300 âmes. Normal, le Général ne fut jamais maire, ni conseiller général, ni même député. Comme son surgeon politique, il était pré-investi par les masses. En 1947, toutefois, il pouvait encore se targuer d’incarner, au moins, « la flamme de la Résistance ».
Trois ans après, le bide du CPE, la flambée des banlieues et les embrouilles de Clearstream ne font pas une épopée du parcours matignonnesque de Dominique. Même si, dans le même temps, notre aède doublait les moyens du grand prix poétique Apollinaire (les jurés en ont maintenu leurs agapes au restaurant Drouant).
Errance idéologique
Vacheries anti-Sarko à part, il flotte une certaine errance idéologique (« un autre projet, une alternative », quésaco ?) dans le propos de campagne de Villepin. Quelque chose qui rappelle « [l’] ailleurs » de l’oublié Michel Jobert, lui aussi ex-ministre des Affaires étrangères, également passionné d’écriture. Broutilles. « Sans le procès [Clearstream], tu n’aurais pas été candidat », lui a, dit-on, lancé un jour un de ses derniers soutiens parlementaires, François Goulard. Villepin : « Tu as tout compris. » Au fait, on ne se souvient pas qu’un commentateur ait jamais parlé de « candidature de nuisance » à propos de De Gaulle.
Lire ou relire dans Bakchich :
C’est malhonnête de reprocher à de Villepin (pour qui je ne voterai pas) de ne s’être jamais présenté à une élection.
Il y a des « vedettes politiciennes » qui ont cumulé des mandats acquis d’avance … du côté de Neuilly par exemple, mais aussi ailleurs en France
Alors si de Villepin servait seulement une dernière fois la France en stérilisant les voix des veaux qui pensent encore voter de Nagy-Bocsa, il mériterait une très grosse médaille.
Quoiqu’en fait de Nagy-Bocsa, lui aussi, ne s’est jamais présenté à une élection ; le ministère de l’intérieur, très étrangement, ne connaît que le petit complexé Sarkozy (sans même son tréma).
Un peu fatiguant tous ceux qui postent des commentaires alors qu’ils ignorent comment la langue française doit pratiquer la particule, même si visiblement, ce genre de détail ne s’apprend pas à Sciences-Po ou dans les écoles de journalisme :
En français, la particule ne fait pas partie du patronyme. On doit donc dire ou écrire "Villepin" lorsqu’on parle de "Dominique de Villepin" ou de "Galouzeau, chevalier de Villepin et de Mortecouille". En clair, la particule ne s’utilise que lorsqu’on cite le prénom ou le titre.
Il y a évidemment des exceptions, notamment lorsque le patronyme est monosyllabique (d’Arc …) ou très court (de Gaulle …). Une autre exception : lorsqu’il s’agit d’une "particule belge" (en fait la transcription de l’article défini en néerlandais (De Konning …).
Puisqu’on y est, l’usage veut qu’en Espagne, on désigne une personne par le nom le moins répandu : à l’état civil, le premier nom est celui du père et le second, celui de la mère. Ainsi on parle généralement de "Zapatero", "Picasso" ou de "Lorca" (le nom de leur mère). En revanche, si on cite le prénom, il est INCORRECT de ne pas préciser le nom complet : "José Luis Rodrgez-Zapatero", "Federico Garcia-Lorca" ou "Pablo Ruiz-Picasso".