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Basri parle au saut du lit

Affaire Ben Barka / vendredi 2 juin 2006 par La princesse enchantée
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Dans le cadre de son enquête sur la disparition de Ben Barka, le 1er juin au matin, le juge Ramaël a perquisitionné le domicile de Driss Basri, l’ancien ministre de l’Intérieur du roi Hassan II. Voici tous les détails d’une matinée particulièrement folklorique.

À 8h30 ce jeudi 1er juin, Driss Basri, l’ancien ministre de l’Intérieur du roi Hassan II dort à poings fermés dans son bel appartement du 16è arrondissement parisien.

Basri va-t-il réussir à déterrer Ben Barka ? Dix minutes plus tard, il est soudainement tiré du lit par le juge Ramaël, en charge du volet français de l’enquête sur la disparition de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka. Escorté de deux gendarmes et de sa greffière, le juge s’apprête à perquisitionner le domicile de Driss Basri.

Selon une source proche de l’enquête, cette descente répond à deux objectifs. Primo, en savoir plus sur les liens entre l’ex grand-vizir du royaume et des personnes citées dans l’instruction. Segundo : signifier aux autorités marocaines qu’avec ou sans leur coopération le juge mènera son enquête y compris en auditionnant des citoyens marocains.

Des journalistes qui passent « par hasard »…

Réveillé donc par Ramaël qui le cueille au saut du lit, Basri n’en perd pas pour autant son sang froid. Coquet et soucieux de bien présenter en toutes circonstances, il bondit hors de son lit, fonce tout schuss se changer à l’arrière de son appartement et enfile à même son pyjama un pantalon de ville et une élégante veste en velours côtelé. Pendant ce temps, un petit attroupement se forme au bas de son immeuble. Des journalistes -de France 2, France 3, France Inter ainsi que deux Marocains militant pour que Basri soit traduit devant la justice internationale- passant tous là « par hasard », se rassemblent sous les yeux des occupants d’une voiture diplomatique marocaine occupée à faire des rondes autour du pâté de maison.

Tout ce beau-monde devra patienter dehors une bonne heure avant que le juge et son escorte ne redescendent pour s’engouffrer aussitôt dans une Renault Clio bleue avec, dans leurs valises, au moins le carnet d’adresses de Basri. Mais l’attente n’aura pas été vaine : l’ex-grand vizir du Maroc est friand des médias qu’il instrumentalise à volonté pour houspiller Mohammed VI et son entourage. A peine la voiture du juge hors de vue, le garde du corps de Basri descend tous sourires pour inciter les journalistes à monter. “Si Driss” accepte de les recevoir en interview. Au passage, les caméras filment l’immeuble, cossu, son joli escalier en colimaçon, preuves que l’exil volontaire de l’ex-ministre s’apparente d’avantage à une retraite dorée qu’à une « galère ».

« Laissons les Occidentaux partir »

Dans l’appartement, surprise, “Si Driss” est affalé dans un canapé du salon, à sa place favorite, sonné, secoué, pas vraiment dans son assiette. Son garde du corps se précipite un peigne à la main tandis que Basri demande que l’on éteigne les caméras pendant qu’il remet de l’ordre dans sa tignasse. Puis il jette quelques mots en direction des journalistes présents dont une perle : « il ne s’agit nullement d’une perquisition, le juge Ramaël avec qui je collabore comme je peux dans une affaire qui ne me concerne pas est toujours le bienvenu chez moi ». Mais estime quand même qu’il s’agit « d’une action dirigée au moment où il est l’invité de la France ». Avant d’enchaîner en arabe dialectal, s’adressant exclusivement à un journaliste du magazine marocain Le Journal Hebdomadaire arrivé après les autres : « laissons partir les Occidentaux et je parlerais ». À peine les « Occidentaux » ont-ils plié bagage que l’ex bras-droit de Hassan II sort une petite confidence au Journal Hebdomadaire qu’il s’est bien gardé de faire au juge. Après, dans un premier temps, avoir nié être ou avoir été en relation avec certains hommes clés du volet marocain de l’affaire Ben Barka -Boubker Hassouni, Raymond Sasia et Miloud Tounsi pour les initiés -il admet du bout des lèvres en connaître quelques-uns, avoir été en contact avec eux mais déclare ne jamais leur avoir parlé de Ben Barka… Oups, dire que le juge s’était justement déplacé pour connaître les relations entre Basri et ces individus !

Les Marocains pleurnichent sur l’épaule de Sarkozy

Pendant ce temps, au Maroc, c’est la panique à bord. Parlera ou parlera pas ? Il est vrai qu’à l’époque de la disparition de Ben Barka, Basri débutait sa carrière mais du fait de son poste-clé au cœur du système hassanien plus tard, il est forcément au courant de bien des choses. Un ancien militaire marocain se souvient d’ailleurs parfaitement que lors du limogeage de Basri en 1999 par Mohammed VI, plusieurs de ses collègues étaient venus lui rapporter que « “Si Driss” faisait sortir des cartons entiers du ministère de l’Intérieur avec dedans des documents et des enregistrements vidéo sur des personnalités politiques et militaires ».

Mais le fait que les autorités marocaines aient consciencieusement baladé Ramaël lors de son expédition de décembre 2005 au royaume montre qu’elles ne feront aucun effort. Et pour cause : des personnes que le juge souhaite ardemment auditionner occupent de hauts postes au royaume. C’est notamment le cas du général Hosni Benslimane, patron de la gendarmerie royale, celui-même dont les autorités marocaines affirmaient en décembre 2005, ne pas connaître l’adresse…

Cela fait maintenant quelque mois que l’opiniâtreté du juge Ramaël dérange au plus au niveau de l’Etat marocain. Le 19 mai, lorsque Nicolas Sarkozy fait une escale "surprise" à Marrakech en revenant de sa tournée en Afrique, Fouad Ali el Himma, homme de confiance du roi et ministre délégué à l’Intérieur s’est ouvertement plaint des « agissements » du juge. Pas de doute, après 40 ans de léthargie, l’affaire Ben barka est relancée. La suite au prochain épisode ?


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