Après la réforme du statut de 1957, Pierre Louette, PDG de l’AFP, a de nouveaux projets pour l’institution : déménager dans des locaux trois fois plus grands pour réunir le pôle multimédia.
Pierre Louette, PDG de l’Agence France-Presse depuis la fin de l’année 2005, ne manque pas d’idée pour faire évoluer l’Agence.
Après s’être attaqué à la réforme du statut historique de 1957, provoquant au passage les sursauts inquiets des syndicats, Pierre Louette envisage de faire déménager les rédactions dans un nouvel immeuble. Dans le projet de bail immobilier, sur lequel Bakchich a pu jeter un œil, le PDG de l’Agence explique que « le pôle édition aura besoin de disposer de grands plateaux favorisant la communication horizontale organisés en newsrooms dans une optique multimédia coopératif ».
Les locaux « pressentis » se trouvent à proximité de la Place de la Bourse et offrent, explique le document, « une superficie totale de bureaux de 2918 m2 ». Soit trois fois plus qu’actuellement. Des dépenses supplémentaires à venir qui font déjà des mécontents. Surtout quand on sait qu’une hypothèque pèse déjà sur l’immeuble historique. Un vieux routard de l’Agence explique à Bakchich : « Louette veut faire la révolution à l’AFP, créer des newsrooms et passer au tout-multimédia, alors qu’il n’existe même pas de charte interne pour l’utilisation des mails… ».
Un autre sourit : « il y a déjà suffisamment de bugs comme ça. Notamment dans la transmission des ordres. Il n’est pas rare qu’on me demande de rédiger une dépêche alors qu’un autre est déjà dessus ».
Pour l’heure, Pierre Louette s’attache à renouveler la direction. « Au début de mon deuxième mandat qui doit consacrer la mise en oeuvre de grandes réformes rédactionnelles, j’ai décidé de renouveler une partie de la Direction et de la hiérarchie rédactionnelle », expliquait-il le 11 mai dernier. Ainsi Philippe Massonnet, 50 ans, a été nommé directeur de l’information de l’Agence France-Presse, poste où il sera assisté de Juliette Hollier-Larousse, 43 ans, ancienne responsable internationale du multimédia. Des nominations qui provoquent quelques railleries, certains syndicalistes s’interrogeant sur des « carrières fulgurantes ».
Mais c’est l’appel aux services de Frédéric Filloux, ancien patron de l’édition française de 20 minutes et blogueur assidu du lundi, qui a suscité le plus de remous. Au point que Pierre Louette se fende d’une mise au point énergique en interne dans laquelle il se moque ouvertement des représentants du personnel et justifie sa décision :
« L’annonce de la mission confiée à Frédéric Filloux semble susciter de l’émotion chez certains représentants du personnel. Rappelons donc, au risque de s’abandonner aux délices de la tautologie, quelques évidences. Un consultant - celui-ci ou un autre - n’est pas "embauché". Il ne prend donc pas la place de tel ou tel pigiste. On loue ses services, à temps partiel - chaque mot compte - pour une durée limitée. On l’emploie parce qu’il sait faire quelque chose que l’on ne sait pas faire en interne. » Précisant ensuite que « loin d’être "recruté à grands frais", Frédéric Filloux percevra 3000 euros d’honoraires par mois, soit moins de la moitié du salaire moyen chargé à l’AFP (4537 euros bruts l’an dernier pour un salarié de statut siège, soit environ 6 800 euros charges patronales comprises). Faut-il s’appesantir ? »
Ajoutant plus loin que « le consultant n’est pas forcément suivi, ni chargé de mettre en œuvre. Frédéric Filloux n’est pas chargé de “définir l’avenir de l’AFP” ». Voilà de quoi rassurer ses troupes.
Toujours est-il que l’avenir de l’Agence est loin d’être assuré. Entre un projet de réforme de statut plutôt flou, que même le cabinet d’Albanel a du mal à démêler, un PDG tout feu tout flamme qui court après la modernité, et des syndicats sur les dents devant le spectre de la privatisation, l’ambiance est électrique et le terrain fertile à de nouveaux conflits.
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Il serait bon de savoir à qui profite ce déménagement au niveau des futurs locaux et même des anciens. Quelles banques, quelles entreprises…
Vu le pactole en jeu, il y a surement un groupe d’influence derrière tout ça.
Un peu comme l’ancienne Imprimerie Nationale vendu par l’Etat au fond Carlyle puis rachetée en pure pertes.