Croyant avoir interviewé Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU à son arrivée à Copenhague, l’AFP s’est trompée : il était encore à New York.
« COPENHAGUE (AFP) - Merci annuler notre série alerte, urgent et lead intitulés "Climat : Ban Ki-moon à Copenhague se dit prudemment optimiste", le secrétariat de M. Ban ayant indiqué qu’il se trouvait à New York. Pas de nouvelle version. »
Voici ce qu’on pouvait lire vers 18h30 dimanche 13 décembre sur le fil de l’AFP. Une annulation plutôt surprenante après quatre heures durant lesquelles se sont succédé plusieurs alertes, dépêches et autre lead dans lesquels on pouvait lire « Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est déclaré "prudemment optimiste" sur l’issue de la conférence climat dimanche à son arrivée à l’aéroport de Copenhague. "Je suis toujours optimiste mais prudent. Je suis prudemment optimiste", a déclaré M. Ban à l’AFP, à sa descente d’avion en provenance de Paris. »
L’agence tenait là une belle exclusivité. Le secrétaire général de l’ONU, organisateur du sommet de Copenhague, qui réserve ses premiers mots dès l’aéroport à l’AFP, voilà de quoi distancer un peu les agences concurrentes comme Reuters ou AP.
Autant de déclarations reprises aussitôt par les sites d’informations donnant encore plus d’écho à l’interview. Sauf que l’AFP n’a jamais interviewé Ban Ki Moon. Celui-ci n’est en fait arrivé à Copenhague que deux jours plus tard. Le journaliste croyant le reconnaître à l’aéroport s’est trompé. La personne que celui-ci a prise pour le secrétaire général de l’ONU a malicieusement joué le jeu, et accepté de répondre à l’interview. Abusant le journaliste et avec lui l’AFP.
Mais ce qui aurait pu rester une mauvaise blague est devenue une très grosse bourde qui embarrasse la direction de l’AFP.
Aucun des processus de vérification de l’information n’a fonctionné. Et pendant 4 heures, les médias abonnés à l’AFP ont répercuté les déclarations telles quelles. Et il a fallu que les propres services de Ban Ki Moon signalent à l’agence qu’elle s’était trompée.
Contactée par Bakchich, la rédaction en chef de l’AFP reconnaît l’erreur et ajoute « qu’il n’y avait pas plus de détails à donner sur les raisons de l’annulation. » Interrogée sur les raisons pour lesquelles les journalistes présents à New York, où se trouvait en vérité Ban Ki Moon, n’ont pas alerté l’agence de l’erreur, elle met en avant le décalage horaire. Quand la toute première dépêche est tombée, il était 14h11, heure française, soit 8H11 à New York. Comment est-ce possible de faire une telle bourde ? « Et bien c’est possible, c’est tout ce que je peux vous dire », assure t-on à la rédaction en chef de l’AFP.
C’est que l’affaire a fait du bruit dans la maison. Et qu’il ne s’agit vraiment pas d’une bonne publicité pour l’Agence en ces temps où les syndicats se battent contre la réforme du statut défendue par le PDG Pierre Louette. En attendant, malgré l’annulation de l’agence, la fausse interview figure encore sur certains sites d’information, sans aucune mention de l’erreur.
Lire ou relire dans Bakchich :
"Je suis toujours optimiste mais prudent. Je suis prudemment optimiste"
Ça nous fait une belle jambe. L’AFP a-t-elle d’autres informations primordiales dans ce genre ? Ça doit foutre les boules de se faire bâcher pour une erreur sur une information aussi inutile…
Bonne journée