Le principal organisme de formation pour les transports est une jolie planque. « Bakchich » a mis la main sur un document confidentiel de la Cour des comptes…
Toucher le salaire d’un grand patron sans assumer tous les risques de la fonction : quel beau rêve, surtout par les temps qui courent ! Bernard Prolongeau, l’heureux homme qui a la joie de se trouver à la tête de l’AFT-IFTIM, plus gros organisme de formation professionnelle dans les transports, est parvenu à le concrétiser haut la main.
Mi-entreprise, mi-administration, cet empire peu connu du grand public, résulte de l’enchevêtrement de deux associations loi 1901, l’AFT, (Association pour le développement de la formation dans les transports et la logistique) et l’IFTIM, (Institut de formation aux techniques d’implantation et de manutention). Le très cossu siège de l’avenue de Villiers à Paris contrôle un beau réseau : 9 associations, 2 sociétés anonymes et 27 sociétés civiles immobilières implantées sur 43 sites. Pas mal… Mais ce sont surtout ses ressources qui impressionnent.
Chaque année, l’AFT-IFTIM, proche de la FNTR, principale fédération patronale de transporteurs, brasse en effet des sommes affolantes. Plus de 100 millions d’euros tombent automatiquement dans ses caisses ! C’est que la structure a été adoubée par les pouvoirs publics pour être collecteur de la taxe d’apprentissage et de la taxe fiscale auprès notamment des entreprises de transport. Bref, l’argent ruisselle et en 2006, l’AFT-IFTIM se trouvait assise sur un matelas de fonds propres de plus de 223 millions d’euros !
Cette manne financière, cet organisme doit l’utiliser pour mettre sur pied des formations payantes destinées aux apprentis ou aux salariés de la filière : cours de conduite de chauffeurs de camions ou de cars, formation à la logistique etc. Le groupe prend en charge 200 000 personnes chaque année. Sa mission de service public est dispensée sous la tutelle de quatre ministères (Transports, Éducation, Budget et Économie).
Mais cette association à but non lucratif ne l’est cependant pas pour tout le monde. Arrivé en 1991, Bernard Prolongeau a réussi, à partir de 1998, à cumuler à la fois le rôle de président et de délégué général d’AFT et d’IFTIM. Chapeau ! En abandonnant une honnête carrière dans l’administration publique – il était auparavant chef de service adjoint à la Région des Pays de la Loire - il a réussi un pari gagnant.
À cause des multiples casquettes de Prolongeau, les magistrats de la Cour des comptes, qui se sont récemment penchés sur la gestion de la structure, ont eu du mal à comprendre du premier coup combien touche exactement l’heureux homme. Ils ont calculé. Verdict : en 2006 le patron de la nébuleuse a perçu « près de 320 000 euros de salaires des deux associations », Sur 13 mois, soit 24 600 euros mensuels. Bien plus que ce que perçoit un smicard sur toute une année. « Un peu plus que le président des États-Unis qui a droit à 400 000 dollars par an, soit un peu moins de 320 000 euros ! », s’est extasié un observateur du secteur devant la réalité pointée par le rapport confidentiel de la Cour.
C’est sûr, découvrir le coquet salaire du chef de leur organisme de formation va faire plaisir aux patrons du transport routier français. Un milieu qui, tirant la langue depuis des années, a enregistré en 2008 un doublement du nombre de faillites (plus de 2000). Le reste va encore moins leur plaire. À l’AFT-IFTIM, « les traitements des vingt principaux responsables sont éclatés entre vingt structures juridiques différentes, ce qui masque leur montant exact, souvent élevé et en progression rapide », pointe Philippe Séguin.
C’est ce que souligne le premier président de la Cour des comptes dans une lettre bien tassée – et dont Bakchich s’est procuré un exemplaire - adressée en juillet 2008 aux patrons des quatre ministères (Borloo, Darcos, Lagarde et Woerth) censés exercer une tutelle sur le groupe. En tous cas, coupables, selon Seguin, d’« une passivité anormale ».
La question des salaires n’est qu’un effet du « considérable manque de transparence », pointé par l’ogre de la rue Cambon, siège de la Cour. Avec une gouvernance « concentrée à l’extrême dans les mêmes mains par la cooptation d’un petit nombre de personnes aux instances des différentes structures juridiques », le grand manitou de l’AFT-IFTIM « bénéficie d’une délégation illimitée que n’encadre aucun règlement intérieur », résume Séguin.« Il a notamment tout pouvoir pour ouvrir ou mouvementer les comptes financiers, dont 57 fonctionnent ainsi sous sa seule signature et peut substituer dans cette fonction la personne de son choix ». Bigre ! Pas très rassurant quand, en plus, la comptabilité du groupe est incompréhensible.
Curieusement, dans l’administration des ministères, pas grand monde ne s’est étonné des « dérives »de l’AFT-IFTIM dans l’utilisation de ses ressources publiques. Pourtant, il y a à redire. La boîte a, par exemple, constitué son propre réseau d’auto-écoles, en système de quasi franchise auquel elle assigne des objectifs commerciaux ambitieux. Autre curiosité, ces investissements exotiques à Tanger où le groupe a pris une participation dans des activités portuaires. En Hongrie et en Roumanie, il a monté des filiales qui forment les routiers concurrents des Français. On n’est pas loin de la sortie de route…
Surtout en investissant une bonne partie de ses ressources dans la pierre, le groupe s’est presque mué en foncière. L’AFT-IFTIM se retrouve ainsi à la tête « d’un patrimoine immobilier considérable », juge la Cour des comptes. Ce qui représente une immobilisation financière de 65 millions d’euros. « C’est mieux d’être propriétaire de ses centres de formation », justifie la direction. Sauf qu’en thésaurisant dans la pierre, elle est bien loin de sa mission première.
D’ailleurs, à force, l’organisation finit même par devenir comme Harpagon. Entre 2004 et 2006, elle n’a utilisé qu’un peu plus de 2 millions sur ses fonds propres pour la construction ou l’aménagement de ses centres. Quant au nombre infini de sociétés civiles immobilières (SCI), Prolongeau a eu l’occasion d’expliquer sa lumineuse tactique à la presse spécialisée. En substance, démultiplier les SCI sur tout le territoire français donne plus de légitimité pour aller demander des subventions aux conseils régionaux qu’en agissant depuis le siège parisien !
À l’évidence, le gouvernement a traîné les pieds pour répondre au référé de Séguin qui a également alerté le Parlement. Fin 2008, au bout de six mois, les différents ministres lui ont promis de remettre au pas l’AFT-IFTIM, (agrément de collecteur renouvelé pour un an seulement, fin du cumul des mandats etc.). Apparemment, ça bouchonne !
A télécharger :
À Lire ou relire dans Bakchich :
bonjour
1OOO € net c’est impossible et n’oublions pas que vous avez un salaire sur 14 MOIS et 22 JOURS DE RTT Connaissez vous beaucoup de centre de formation qui ont 14 mois ????????????? Allez vous faire embaucher chez promotrans vous verrez la différence
Bonjour,
1000 euros net à l’aft iftim c’est impossible ? Je peux vous assurer que ça l’est pour certains "personnels" de cet organisme et que même sur 14 mois ce salaire reste minime…..
Quand à aller voir chez promotrans : Je ne peux que vous répondre que je ne connais pas leurs conditions de travail mais si elles sont mauvaises je ne vois pas pourquoi il faudrait prendre exemple sur eux. Ce n’est pas en nivellant les choses par le bas que l’on avance.
Après tout en pensant comme cela il faudrait arrêter de manger 3 repas par jour car certains meurent de faim dans le monde, il faudrait peut être aussi "fusiller" les gens comme vous ou moi qui donnent leurs avis sur des sites comme celui ci sous pretexte que dans d’autres pays "sous dictature" cela se pratique, je pourrais citer des centaines d’exemples comme cela mais ce n’est pas le but
je souhaite juste vous faire comprendre que votre réponse est plus que ridicule…
Quand au salaire sur 14 mois, c’est le minimum légal ou presque (annuel) divisé par 14. On fait ainsi croire aux salariés qu’ils sont privilégiés et cela permet d’avoir une certaine paix sociale.
bonjour
je trouve un peu idiot le comportement de tous car estimez vous aujourd’hui d’avoir un travail, un salaire et Ne pas être au chômage comme beaucoup de monde actuellement et ce n’est pas fini alors garder votre patron, votre salaire ……….. Etre au chômage c’est dur
Un journaliste en mal de notoriété enfile à longueur de pages, des âneries qu’il croit vraies. Ainsi va le journalisme contemporain. On parle, on bavasse, on calomnie sans rien vérifier. C’est un beau métier, bien payé en plus, et sans aucun risque…
Chapeau l’artiste, continue ton oeuvre de porte flingue, tu seras peut-être connu et même récompensé de surcroit mais tu resteras toujours un p’tit bras.
En tant que permanent d’une OP du Transport
je ne voudrais surtout pas transformer votre rêve en cauchemar, mais les petits transporteurs ne gagnent rien en buchant comme des esclaves dans la sous-traitance avec des grand groupe de transport, qui mène la danse des prix et font ce qu’ils veulent . pour "la Défense et la Promotion de cette fabuleuse Profession " comme vous dite, c’est de libérer le travail et non pas pratiquer de l’entente illicite et le corporatisme(comme en France les vielle habitudes ont la vie dur) même les syndicat du transport toute tendance confondue sont des vendues à la mafias que sont les grands transporteurs Européen. il faut être(un ponte qui en croque) pour voir le transport routier en France comme "fabuleuse Profession" je suis sur que l’artisan routier ne partage pas votre point de vue, car c’est lui qui vous fait vivre pour le moment et non pas les grands groupes de transport qui se contente d’administrer comme dans la fonction public :elle sous-traite tous le travail et se contente de compter l’argent !!!! je m’excuse de vous tirer de votre léthargie comme çà mais c’était plus fort moi ,car ce domaine me tiens à cœur !!
Bonjour,
J’ai été formé par cet organisme afin d’obtenir tous les sésames pour conduire un 19 tonnes et obtenir un gagne-pain. J’ai déboursé 3200 euros pour un package permis C et FIMO.
J’ai demandé des aides pour préparer l’examen afin d’obtenir une Capacité de transport de marchandise pour travailler à mon compte. Le stage coûte 3500 euros. Je n’ai obtenu aucune aide.
Bilan des courses, j’ai travaillé comme un forcené pour un patron très exigent qui respectait à peine la RSE (réglementation sociale européenne), les temps de conduite, le tonnage, qui pratiquait le harcèlement au téléphone portable pendant les temps de conduite, et tout le bazar. Je perds 12 points sur mon permis, j’ai eu le temps d’en récupérer 4 par le stage de 260 euros. Je n’ai plus de vie de famille. Quand je me rebelle en voulant respecter la RSE, le code la route, je me fais licencier pour causes sérieuses et réelles, sans indemnité.
Les griefs retenus : incompatibilité avec la direction. J’ai saisi l’inspection du travail pour faire valoir mes droits. A ma grande surprise, la mission des inspecteurs du travail consistait désormais à traquer les chômeurs et à défendre ainsi les patrons de la profession. Paradoxalement, je suis convoqué par l’inspection du travail pour rendre compte de ma situation et je suis sanctionné pour abandon du projet d’obtention de la capacité de marchandise afin de travailler à mon compte et pour non recherche active d’emploi.
Entre-temps je perds les 4 points que j’avais récupérés par le stage de 260 euros. Je me présente devant cette organisme AFT-IFTIM pour passer uniquement le code de la route afin de récupérer mes permis, une facture de 520 euros hors-taxe m’a été établie.
Le système bien rodé, permis à point, FIMO valable 5 ans, tolérance zéro, patrons, inspection du travail, représente une manne financière très bien établie. C’est un système qui broie complètement les conducteurs PL et absorbe toute leur substance jusqu’à la moelle. Si quelqu’un connait solution pour m’aider à obtenir réparation, ou à sortir de cet enfer, n’hésitez pas. Cordialement.
le système est bien rodé
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