La championne de l’ordre juste n’a pas encore choisi le chevalier servant qui officiera, en cas de victoire en mai prochain, place Beauvau
Marie-Ségolène Royal n’a pas encore trouvé son slogan de campagne. Mais comme les sondages en font toujours une locataire crédible du Palais de l’Elysée pour le bail de mai 2007, ses partisans ont déjà commencé à s’étriper pour la répartition des postes-clés.
Et la place Beauvau, siège du ministère de l’Intérieur, donne lieu à la bataille la plus âpre. Le mieux placé, à six mois de l’élection présidentielle, est incontestablement, le très secret et fort sybillin, François Rebsamen, maire de Dijon et co-directeur de campagne avec Jean-Louis Bianco. Cet apparatchik, numéro deux du PS, n’a qu’une faiblesse : son intimité avec François Hollande. « Son sort, en cas de victoire ségoléniste, dépendra des relations du moment de la nouvelle présidente avec son compagnon », assure un bon connaisseur du « couple » Royal-Hollande. Charmant.
En cas de crise conjugale, la côte du député Julien Dray, surnommé « l’homme aux montres d’or » pour sa propension à se payer des tocquantes de prix, en cash, peut remonter. « Sauf qu’il a lâché le dossier de sécurité qu’il tenait au PS sous Jospin pour le refiler à la jeune Batho, sa créature », note ce même familier des simagrées royalistes.
Alors Delphine Batho, chef des flics ? Mais non ! « Si Ségo fait mine d’incarner le temps de femmes, elle n’est pas assez cinglée pour installer une ancienne émeutière étudiante Place Beauvau »… Ben oui, il ne faut pas oublier « l’ordre juste ».
Et pourquoi pas, le syndicaliste Jo Masanet, le patron d’Unsa-Police qui vient de remporter haut la main les élections professionnelles chez les poulets ? Après tout, les hommes de ce CRS de formation et franc-mac de conviction, assurent déjà – bénévolement - la sécurité rapprochée de la candidate… « Peut-être. Mais il n’a aucune chance, tranche le grand témoin de Bakchich. Aucun syndicaliste n’a jamais été nommé à la tête des flics. Et Jo, avec son langage de charretier, ferait vraiment tâche dans un décor ministériel ! ». La côte du Che, Jean-Pierre Chevènement qui vient de se rallier au panache ségoléniste et détient un bilan déjà honorable Place Beauvau sous Jospin, est-elle plus reluisante ? Pas vraiment.
« L’avantage serait une certaine stabilité du discours en troquant les racailles de Sarko contre des sauvageons de Chevènement, note notre témoin. Mais Ségo ne veut pas d’anciennes têtes. Et Chevènement a été trop longtemps ministre ».
Alors des petits nouveaux ? À la fin de l’été, deux jeunes loups du PS, fraîchement ralliés apparaissaient comme des candidats crédibles : Christophe Caresche (46 ans) et Bruno Leroux (41 ans). Mais le premier, adjoint de Delanoë chargé de la Sécurité, jugé « trop peu fiable », a déjà été éjecté avec perte et fracas du premier cercle ségoléniste et perdu toute chance de promotion. Le second, député de Seine-Saint-Denis, « beaucoup plus fiable », même intégré au staff de la peut-être future présidente « reste un peu jeune pour le poste » selon notre observateur qualifié. « De toutes façons, Ségo choisira au dernier moment, celui qui aura été le plus performant pendant la campagne ». On peut être femme…et pas sentimentale pour deux sous !