A l’approche du vingtième anniversaire du massacre de la place Tiananmen, la Chine a organisé un véritable salon de la matraque policière à Pékin.
A deux semaines de l’anniversaire du massacre de la place Tiananmen, Pékin a accueilli du 20 au 22 mai derniers son désormais fameux Salon de l’équipement policier. Pour l’occasion, toutes les sociétés privées de sécurité (SPS) chinoises se sont données rendez-vous à cette grand-messe sécuritaire avec pour objectif de damner le pion à leurs rivales anglosaxonnes.
Et cela en fait du monde quand on sait que chaque capitale de province et chaque ville chinoise d’importance possède sa SPS attachée au bureau provincial ou local de la Sécurité publique. Les plus connues sont basées à Pékin et s’appellent la Beijing Sinotechton Technology & Co ou la Beijing Hewei Sci &Techno Co.
Comme en écho à la volonté affichée des autorités de moderniser la police chinoise, les exposants ont montré des équipements dernier cri : logiciels de reconnaissance faciale, machines dédiées à la recherche d’ADN, à l’identification des drogues, à la détection de faux documents et de fausses monnaies… Sans parler des détecteurs en tous genres, des mensonges aux métaux, et des indispensables gadgets du parfait agent, comme les caméras boutons et autres montres multifonctions qui remisent au grenier l’antique couteau suisse.
Seul bémol à cette avalanche de gadgets hi-tech et politiquement corrects : le stand anodin d’une petite SPS provinciale, la Beijing Baili Yimin Science et Technology Co. Exclusivement spécialisée dans les « inquest chairs » comme le signale son représentant, elle a, en toute logique, exposé des chaises et des lits « pour les besoins de l’enquête » sous-entendu policière (dixit le prospectus). En position assise ou couchée, ces instruments permettent d’immobiliser un prisonnier.
Il n’y a pas que la Chine qui se préoccupe de l’équipement de ses hommes en bleu. Le sujet agite aussi notre bon pays où les dernières déclarations de super Sarko sur la prévention de la délinquance ont remis le sujet sur la place publique.
Auditionné pendant deux heures dans le cadre de la réunion de la commission de la Défense nationale et des forces armées, le 15 mai dernier, Frédéric Péchenard, directeur de la police nationale est revenu longuement sur le projet de loi relatif à la gendarmerie nationale. Il en a profité pour donner quelques détails sur l’équipement des policiers. Annonçant l’acquisition massive de pistolet Sig Sauer, il a indiqué que le Flash Ball serait bientôt remplacé par le lanceur de 40.
« C’est un gros fusil en plastique, un peu plus long que le flash ball, qui tire un projectile mou de la taille d’une grosse balle de tennis. Il est employé uniquement en cas de légitime défense, jamais en direction de la tête, par des personnels formés et chaque utilisation donne lieu à un rapport. S’il le faut, nous les équiperons d’une caméra, comme les Taser », a-t-il expliqué. Pour le lanceur de 40, comme pour le Taser, Péchenard a tenu à préciser qu’il s’agissait d’armes « potentiellement létales ». Sig Sauer, Taser, lanceur de 40…de quoi aller fouiller de nombreux cartables ou arrêter des minots à vélo.
On laisse les internautes apprécier l’usage que la police chinoise — qui se fait régulièrement épinglée par les Ong de défense des droits de l’homme pour avoir recours à la torture — peut faire de ce matériel d’interrogatoire. Mais qui sait ? Peut-être intéressera-t-il d’autres pays qui souhaiteront s’en porter acquéreur. Il y a peu, l’administration américaine et la clique Georges W. Bush- Dick Cheney- Donald Rumsfeld vantait encore les bienfaits des « techniques d’interrogatoire évoluées » et autres « plans d’interrogatoire spéciaux », de doux euphémisme pour parler de la torture, afin d’obtenir des « informations exploitables »…
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