La fin des Jeux Olympiques de Pékin marque aussi la fin de la décennie enchantée pour les entreprises étrangères et les étrangers tout court.
Conseiller à l’ambassade de Chine à Paris, Hu Changchun le clame haut et fort : « la Chine poursuit fermement sa politique fondamentale de réforme et d’ouverture. Elle reste un des moteurs de la croissance mondiale et l’une des économies les plus attractives ». Ce ne sont pas les chiffres qui contrediront le diplomate. Entre janvier et août 2008, les investissements étrangers directs en Chine ont connu une croissance de 41 %, ce qui représente 67,7 milliards de dollars investis par les entreprises étrangères dans l’Empire du Milieu. Oui mais voilà… Si pendant longtemps la Chine a attiré les entreprises étrangères comme un aimant (pensez donc, un marché de plus d’un milliard de consommateurs !), ces dernières commencent à lorgner de plus en plus sur d’autres ateliers du monde.
Il faut dire qu’avec le début de l’ère post-Jeux olympiques, l’Empire du Milieu a entamé une « normalisation » qui passe par la mise en place de systèmes de régulation. Cette nouvelle étape du capitalisme chinois est notamment perceptible dans le domaine du droit du travail. Un domaine ô combien sensible pour les entreprises étrangères. Fini le Far West où, pour faire du business, il suffisait de s’accommoder des caciques du Parti communiste et de leurs affidés ! Une nouvelle loi sur les contrats de travail est entrée en vigueur le 1er janvier 2008 et les entreprises étrangères implantées en Chine commencent à méchamment en sentir les effets pendant que les avocats chinois se frottent les mains. Elle impose des règles plus strictes en matière de ressources humaines et modifie les rapports de force entre les employeurs et les employés. Les premiers devant se montrer plus à cheval en matière de contrats de travail, de salaires ou de congés payés, par exemple. Ce qui n’est pas (encore) le cas dans d’autres pays asiatiques comme le Vietnam ou le Cambodge.
Outre une application de plus en plus stricte des réglementations en vigueur, cette régulation du système économique voulue par le régime s’accompagne d’un contrôle accru des étrangers présents sur le territoire national. La République Populaire s’harmonise tout simplement avec les autres puissances mondiales en matière de politique d’immigration… Et certains de prédire que, dans un futur proche, la grande muraille chinoise n’aura rien à envier dans un futur proche à la forteresse européenne !
Le cas des instituts « privés » d’apprentissage de la langue chinoise en est un exemple criant. Ces dernières années, ils ont poussé comme des champignons du fait de l’arrivée en masse d’étudiants étrangers souhaitant apprendre le chinois. Bingo ! En août dernier, leurs directeurs ont eu la mauvaise surprise de se voir annoncer par les autorités qu’ils devaient abandonner leurs locaux situés en dehors des universités publiques. Leurs étudiants ont, eux, été priés de ne plus se loger à l’extérieur des campus universitaires, ce qu’ils avaient le droit de faire depuis le début des années 2000. Comme l’ordre est venu du Bureau de la Sécurité Publique (BSP), inutile de préciser que tout ce beau monde s’est vite plié à ces injonctions et a regagné le monde clos et contrôlé des universités. Voilà qui n’annonce rien de bon pour les années à venir…
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« Voilà qui n’annonce rien de bon pour les années à venir. »
Pour nous ou pour les Chinois ? Voilà une bien curieuse conclusion pour cet article qui vient de nous expliquer que les Chinois sont en train de se doter d’un droit du travail (contrats de travail, salaires et congés payés notamment).