Absent des médias, en chute dans les sondages, Jean-Louis Borloo a failli passer un mauvais été. Trois incidents nucléaires plus tard comme autant d’aubaines, le ministre de l’Ecologie a tenté de rebondir. Décryptage.
Il est loin le temps où Raffarin lui avait remusclé ses équipes de communication. Depuis Jean Louis Borloo a appris. Pour certaines mauvaises langues du gouvernement, il en devient essentiellement un « homme de posture, d’image ». Sous Chirac, il a lancé plan sur plan. Le plan « Marshall des banlieues », succède à celui « de cohésion sociale ». Les mots sont bien choisis, mais ils ne transforment pas grand-chose. En revanche ils maintiennent le président du parti radical valoisien en haut des sondages. Borloo avait été pressenti un moment pour remplacer Raffarin.
Depuis le Grenelle de l’Environnement, les occasions de se montrer sous les projecteurs sont rares. Guère à l’aise dans ce ministère géant taillé pour un bourreau de travail, l’intuitif Borloo sait que les occasions vont se présenter pour refaire surface. Il est impatient d’autant plus que sa cote de popularité baisse. Loin des yeux loin du cœur. Le travail de fond que son ministère fait sur le développement durable est trop long pour porter ses fruits sur le court terme. Or Borloo a un problème, il n’a pas les troupes suffisantes pour se rendre incontournable au prochain remaniement ministériel. Il lui faut s’imposer.
Depuis quelques mois, l’ex-édile de Valenciennes a cru trouver la pierre philosophale : le rapport complexe d’intérêt-méfiance que les Français entretiennent avec l’atome. Personne, dans le gouvernement, ne joue le rôle d’arbitre dans ce domaine. Cela pourrait le rendre indispensable. Il souhaite être perçu comme un contre-pouvoir structuré avec des compétences pointues. Ainsi, le 17 juillet, à Bruxelles, devant la Commission de l’Industrie, de la Recherche et de l’Energie, alors que la Lituanie souhaite « connaître l’avis de la France sur l’énergie nucléaire » il défend très mollement l’énergie nucléaire française, « nous n’avons pas à préconiser l’utilisation de telle ou telle forme d’énergie renouvelable ! ».
Pourtant il sait qu’il joue avec le feu. Il ne faut pas énerver l’Elysée. Sarkozy essaie de vendre une centrale à tous les chefs d’Etat auxquels il sert la main.
Dés la première fuite à Tricastin le 8 juillet, Borloo monte au créneau. Il décide de copier la gestion brutale des incidents du 3éme RPIMA.
Dans les 48 heures, Carenco, son directeur de cabinet demande la tête du patron de la Socatri (Installation d’Assainissement et de Récupération d’Uranium (IARU) située sur le site nucléaire du Tricastin). Niet d’Anne Lauvergeon. Elle veut attendre les résultats de l’enquête interne lancée après l’incident. C’est elle seule qui décide quelques jours plus tard du remplacement du directeur. Qui est selon Areva en « attente d’une nouvelle affectation ».
Après le second incident, le 16 juillet, Borloo en personne monte au front. Dans un communiqué de presse, il invite Anne Lauvergeon à « tirer les conclusions qui s’imposent » . Attend-il la démission de la patronne d’Areva ? L’ancienne sherpa de Mitterrand n’a pas le comportement du général Cuche (l’étoilé qui a démissionné après le regrettable incident du 3éme RPIMA). L’opération est un flop. Mais revoilà Borloo sous les feux de la rampe.
Le lendemain, il sort l’artillerie lourde, dans un entretien au Parisien/Aujourd’hui en France, le ministre demande que « toutes les nappes phréatiques près de l’ensemble des centrales nucléaires » soient contrôlées. Sans savoir que c’est fait en permanence, et que le risque est beaucoup plus important sur les autres sites.
Trois coups violents : trois flops, comme le dit avec une pointe d’ironie notre cher confrère le Canard Enchaîné : « L’écologie c’est un métier ». Il ne reste plus à Borloo qu’à travailler.
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Bah non, le nucléaire n’est pas un gage d’indépendance énergétique. L’uranium, y’en a plus en France. Et même au Tchad, il y en a de moins en moins. La production mondiale suffit même pas à fournir la demande. Alors on tape dans les stocks militaires. La vraie indépendance énergétique n’est possible qu’avec le ENR :solaire, éolien.
Ca les américians, l’ont compris .. Voir le discourt d’Al Gore.