Un stade à Lille que les supporters attendent depuis le début des années 2000. Un autre à Valenciennes à moitié construit mais qui a besoin d’un nouveau permis de… construire. Un vrai vaudeville.
Les enceintes sportives du département nordiste ont décidément bien du mal à sortir de terre.
Prenons Lille, par exemple. Le projet d’un grand équipement sportif remonte même aux années 70, se souvient Marc Prévost, journaliste et fin connaisseur de la vie lilloise : « Notebart, président de la communauté urbaine, et Mauroy, maire de Lille, n’étaient pas d’accord. L’un voulait un stade à Lille. L’autre en voulait un à Villeneuve-d’Ascq. Du coup, nous avons eu deux petits équipements. »
Au lieu d’un grand, projet relancé par Martine Aubry en 2001, avec Grimonprez-Jooris II car le LOSC a besoin d’un stade homologué par l’UEFA. Projet qui ne verra même pas le jour, la mairie, après avoir gagné au Tribunal administratif, perdant en appel de Douai et au Conseil d’État devant des associations de riverains.
La pièce de théâtre ne pouvant pas s’arrêter là, Pierre Mauroy, président de LMCU, reprend le dossier en 2005. Dans la foulée, le projet du Grand Stade à la Borne de l’Espoir (Villeneuve-d’Ascq) est adopté. Les travaux préparatoires sont en cours… Et après une longue attente, le permis de construire vient enfin d’être signé…
Un peu plus à l’est, à Valenciennes. Là, les fondations de Nungesser II ne remontent pas aussi loin. La faute à une période noire : celle de l’après VA-OM où le club connaîtra le CFA et gèlera toutes les velléités d’extension et rénovation dont on parlait déjà à l’époque. Avant 2006 et la remontée en Ligue 1. Le projet Nungesser est relancé. Deux ans plus tard, les Valenciennois se félicitent d’un démarrage rapide du chantier à la différence de leurs voisins lillois. Coup de théâtre en 2009 alors que la moitié du stade est déjà construite : Valenciennes Métropole est recalée en justice et décide de travailler sur un nouveau permis de construire.
Pas besoin d’être sorti de l’ENA pour comprendre que derrière les histoires de stades régionaux, on trouve quelques grandes manœuvres politiques. En arrière, car à découvert, ça ne bouge pas, ou presque pas (à part chez les opposants), et si certains élus critiquent les projets en privé, ils ne mouftent pas en public. Pourquoi ? Bonne question. Trop peur de se brouiller avec les élus en place ?
Faut dire qu’à Valenciennes, mieux vaut éviter de se fâcher avec Riquet, Borloo, Létard ou Decourrière. Forcément, le dernier, président du VAFC, est le père de Valérie Létard, présidente de Valenciennes Métropole et secrétaire d’Etat dans le ministère tenu par celui qui l’a lancé en politique, Jean-Louis Borloo, lui-même ex-président de l’agglo et initiateur du projet de Nungesser 2, un même Jean-Louis Borloo dont Dominique Riquet, actuel maire de Valenciennes, a été le second durant des années…
Du côté de la métropole lilloise, Marc Prévost ne manquait pas, lui, il y a quelques semaines, d’ironiser sur la position de Gérard Caudron, maire de Villeneuve-d’Ascq et dernier obstacle à la signature du permis de construire du stade (comme il est en partie sur son territoire) : « Caudron s’est fait exclure par le PS il y a quelques années. En 2008, il a regagné la mairie. Maintenant, il ne rêve que d’une chose : se venger de ceux qui l’ont jeté en pâture. »
Du coup, la signature a traîné. Jusqu’à la semaine dernière et enfin sa paraphe sur le précieux document. En échange de futurs accords électoraux ? On verra bien. Toujours est-il que le permis de construire peut désormais être déposé. Et les recours qui vont avec : la comédie des stades nordistes n’est pas terminée…
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A lire sur Bakchich.info :
On peut aussi mettre dans la balance les lillois (et habitants de LMCU) qui n’en ont rien à battre d’un palais du foot qui ne servirait qu’à ça et à pas grand chose une fois que l’équipe serait reléguée en fin de divisions nationales et ne mettrait plus les pieds en coupe d’Europe, hein. C’est le lot de toute grande équipe.
Tout ça parce qu’il faut donner du pain et des jeux au peuple pour qu’il ferme sa gu**le ?
Et le curling, c’est bien aussi, le curling…
Peu importe que les résultats du LOSC restent stellaires ou non dans le temps, en fait. Il me paraît aberrant que 1100000 h de LMCU paient pour que 50 022 gugusses s’éclatent dans leur coin 10 fois l’an pour le bénéfice que de quelques uns — ça a été évoqué dans les messages du dessus.
S’il s’agit du rayonnement (inter-)national de la région, il y a sans doute plus utile (s’il vous plait, plus de poupons en bakélite rue Faidherbe ou de gare rose) et je ne parle même pas des projets d’intérêt purement local*, y compris au niveau des loisirs ou de la culture — des musées et une bibliothèque en mal de magasins ou d’équipements pour la conservation de patrimoine local unique — mais c’est vrai que ça a beaucoup moins de gueule et ne concerne qu’une poignée d’intellos.
* Je cite la page d’accueil d’un bon petit canard local, La Brique [http://labrique.lille.free.fr/] qui détaille un peu mieux ce que j’ai sur le cœur :
Des parades publiques, des mécènes de Lille3000, leurs torchons-tapis roses, La Voix, Nord Eclair, aujourd’hui NordWay, ou Wéo… La misère qu’on expulse des lieux trop visibles, partout, vers nulle part… Le hold-up des privatisations de l’espace public, des rues, ces supports publicitaires, des murs « dé-maculés » par la brigade anti-tag, tout aseptisés au lieu de pacifiés… La pressurisation des employés des cantines scolaires… Des a-ménagements, véritables idéologies anti-pauvres, du Grand Pipeau Urbain et ses réunions de concertation bidons… La laideur des galeries d’Euralille, celles des boucheries Lafayette, et le silence, autour de la mort d’Hakim… Le constant durcissement des effectifs policiers… et ces opérations de pseudo-solidarité. Qu’est-ce qui peut encore échapper à la violence de ce parti d’Ordre, de netteté, qui sacrifie peu à peu sa population, son environnement.