La fédé UMP du Nord choisit ce week-end son président, qui succédera au maire de Douai. Un nouvel épisode de la guerre intestine de la droite dans la région.
Ce week-end, l’UMP Nord choisit son Président, après la décision du maire de Douai, Jacques Vernier, de ne pas briguer de nouveau ce poste. Candidats à sa succession ? Marc-Philippe Daubresse, désormais déchargé de sa fonction de ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, et Thierry Lazaro, le remuant député-maire de Phalempin, notamment.
« La dernière fois que la droite a été unie ? » Marc Prévost, journaliste, blogueur (Petit théâtre de Pierre Mauroy) et grand connaisseur de la politique nordiste, réfléchit un instant. « 1977 pour la droite lilloise ! » 1977, soit 33 ans, soit un sacré bail, soit une autre époque où Pierre Mauroy alors jeune maire affrontait le ministre de l’époque, Norbert Ségard.
Car depuis, la droite lilloise et nordiste se cherche. Petit exercice : quelle figure tutélaire, à la Mauroy (ou Aubry) pour la gauche, s’est-elle détachée à droite ? Cherchez un peu et repassez-vous les noms des dernières décennies en mémoire : Chauvierre, Turk, Decocq, Vernier, Daubresse, Létard, Decourrière, Borloo, Lecerf, Huyghe, Delevoye, la liste est longue, non-exhaustive et ratisse large. Et aucun ne s’est réellement imposé (Jacques Donnay a bien dirigé le Conseil général du Nord de 92 à 98, mais pour quel héritage ?) .
La faute -notamment- à une guerre intestine et surtout à un problème de leadership évident. Car des occasions de reprendre la mairie de Lille, par exemple, comme tremplin sur le reste de la région, il y en a eu : « En 1995, confirme Marc Prévost. A l’époque, Mauroy avait peur. Il y avait eu l’affaire Urba, le congrès de Rennes. Alex Turk était assez fort même si on avait pensé à quelques parachutés… Mais bon, il y avait aussi Carl Lang. » Carl Lang, l’invité surprise pour dynamiter la possible dynamique de la droite… Et à l’époque, celui qui représentait le FN inaugurait la belle série du parti dans la région. Conclue quelque quinze ans plus tard par l’installation de la future nouvelle patronne, Marine Le Pen, sur les terres d’Hénin-Beaumont. « Et à mon avis, plombant encore la droite pour longtemps. »
Qui n’a pas forcément besoin du Front national pour se plomber toute seule. Il suffit de reprendre simplement la dernière séquence 2009-2010. Thierry Lazaro est le favori des militants pour les Régionales. Couic, on préfère mettre Valérie Létard, plus centriste, donc peut-être plus proche de l’électorat du Nord – Pas-de-Calais. Thierry Lazaro fulmine dans la presse et Valérie Létard se plante (en même temps Lazaro n’aurait peut-être pas fait mieux). Peut-être cependant pour Létard l’occasion de prendre la tête de la droite nordiste ? Même pas : la désormais ex-secrétaire d’Etat lâche son mandat un peu plus tard.
Encore un beau psychodrame, entretenu également par la guéguerre Daubresse-Lazaro qui se règlera samedi devant les militants pour la présidence de l’UMP Nord. Pour enfin une droite unie et forte dans le Nord – Pas-de-Calais ? Pas sûr : avec la présence de Marine Le Pen, les haines et les inimités qui subsistent à tous les étages, la guerre des chefs, cette volonté de la droite de se saborder, le poids de la gauche, rares sont ceux qui parient dessus. Ah si peut-être Marc Prévost encore : « Si Martine Aubry est élue à la Présidence de la République, c’est peut-être là leur chance… Enfin, une petite chance. » De s’entretuer de nouveau ?
A moins que comme le notait le blogueur dans l’un de ses derniers posts, Jean-Louis Borloo, le fils prodigue, désormais libre, ne revienne labourer sur ses terres d’adoption ?