La justice nîmoise est mal gardée : le premier vice-président du TGI attaque au pénal… son Président. Avec, en toile de fond, les liens tissés de Tahiti à Valenciennes par le patron du palais de justice gardois.
C’est une première en France, une pierre dans le jardin de l’Histoire qui pèse un peu sur les Sceaux de la Garde, ci-devant ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie. Le 23 novembre, un magistrat a porté plainte au pénal contre un éminent confrère d’hermine, pour harcèlement moral et outrage public. Diantre !
Une bien vilaine histoire qui se passe dans le sud de la France, presque au pays des santons. A Nîmes, où le procureur qui a reçu la plainte, Robert Gelli, se serait bien gardé d’une telle publicité sur sa contrée. Mais en terre huguenote se trouve un M. Jourdan, premier vice-président au Tribunal de grande instance de Nîmes, décidément trop las des brimades de son supérieur, le président Pierangeli.
D’abord, il y eut ces entretiens d’évaluation professionnelle à rallonge, 2h15 à chaque fois, dont le but était de faire sortir le Jourdan de son lit, à en croire la plainte qu’a rédigé Me Tarasconi, l’avocat du plaignant.
Des accusations même attestées en bonne et due forme par une vice présidente du TGI gardois, précisant « les situations humiliantes » dans lesquelles étaient confinés Jourdan, « par exemple quand il a appris qu’il était déchargé de certaines tâches et que son service était modifié au cours d’une Assemblé générale sans plus d’explication et sans en avoir été informé ».
Le médecin de prévention attire même en 2007 l’attention du président du tribunal, le proc’ et le premier président de la cour d’appel sur « le climat hiérarchique conflictuel » qui règne dans le palais de justice, une atmosphère qui vicie l’état de santé du bon M. Jourdan.
Puis viennent les fiches d’évaluations tronquées, et une non mutation à Montpellier, bloquée par Pierangeli, malgré son annonce par le ministère.
Petit coup de vin dans la gardianne, le président se permettra mettre d’apostropher son vice-président, le 5 janvier 2009, l’intimant en public et alors qu’une audience devait reprendre : « cessez de vous donner en spectacle ».
Charmante ambiance, qui aboutit, devant l’inaction du Conseil supérieur de la magistrature, du ministère, de l’inspection générale des services juridiques et du proc’, à un précédent historique : un magistrat traînant par la robe un autre devant la justice.
Et l’origine de la bisbille ne manque pas de sel. Un petit condiment politique, lié à la vie privée d’un ministre d’Etat bien connu à Valenciennes.
Début 2007 arrive devant la justice nîmoise un cas délicat, en chambre de la famille : une demande de pension à l’encontre de Jean-Louis Borloo. Devant présider l’audience, Mme Vauzelle, épouse du patron socialiste de la région Paca, préfère s’écarter. Et refiler le bébé, au grand dam de Pierangeli. Pis, Borloo doit bourse délier et Jourdan soutient sa collègue dans sa démarche, tançant même son supérieur pour son attitude peu confraternelle avec dame Paca. Soutien professionnel, faute politique…
Car avant d’être nommé à Nîmes, Pierangeli a officié à Valenciennes, où un solide lien l’a uni à l’ami Jean-Louis. Et quand il s’agit d’accointances, le président du TGI de Nîmes ne barguigne pas. Des années durant, il a présidé le tribunal de Papeete en Polynésie, créant un véritable cordon de cécité autour de la gestion des atolls par Gaston Flosse, le grand pote de Jacques Chirac, désormais promis à la cabane…
Les années Chirac ne sont pas encore tout à faits purgées en pays gardois…