Comment vendre son logement à côté d’une éolienne, d’une antenne-relais ou d’un incinérateur ? Notre partenaire DailyNord a tenté d’en savoir plus.
Ça avait pourtant bien démarré. Premier coup de fil au Conseil Régional des notaires Nord – Pas-de-Calais. Notre contact, Hugues Lemaire, notaire à Comines et responsable de la com’ du fameux conseil : « L’impact d’un incinérateur, d’une antenne-relais ou d’une éolienne sur le marché immobilier ? Oui, ça joue. L’incinérateur, j’en suis sûr, il suffit de voir autour de celui d’Halluin. Dans un rayon de quelques centaines de mètres, il n’y a pas de transactions. Il y a une absence d’offres. Les antennes-relais, c’est souvent la même chose. Les éoliennes, il faudrait que vous appeliez mes collègues concernés. Mais pour les autres projets aussi d’ailleurs. »
Fort d’une première réaction encourageante, DailyNord a donc fait surchauffer son téléphone. Avant de vite déchanter. Dans le petit pays des agents immobiliers/notaires, soit on dit le contraire du voisin, soit on essaie d’embrouiller le journaliste, soit on ne répond pas ce qui est encore plus simple. Petite commune sur la RN 42 non loin du peut-être futur incinérateur Flamoval d’Arques. Renescure pour la citer. On se dit que là forcément, ça doit jouer, la proximité d’un incinérateur sur l’achat d’un bien immobilier. D’ailleurs, votre serviteur s’était même renseigné dans le coin à titre personnel avant de rebrousser chemin. Cause ? Incinérateur bien sûr.
Bref, on appelle le notaire local. Sa secrétaire : « Oui, c’est pour quoi exactement ? » On lui explique. « Je le préviens. Rappelez demain matin. » Le demain matin arrive, on recompose le numéro. La secrétaire toujours : « Euh, en fait, il ne veut pas vous parler sur ce sujet. » Comme c’était le seul sujet qu’on voulait évoquer avec lui, c’est dommage. On lui a quand même renvoyé un mail au cas où… perdu depuis dans la corbeille certainement.
Pas découragé le journaliste pour autant. Il va passer deux coups de fils du côté de Saint-Omer. Ils vendent bien des maisons à Arques (la ville de l’incinérateur) là-bas, c’est à deux pas. Comme ils disent le contraire et qu’on ne veut pas les mettre en porte-à-faux, on ne vous citera pas leurs noms. Mais on vous livre leurs réflexions. Agent immobilier 1 : « Le climat de l’immobilier autour d’Arques est bien sûr plus réticent. Il y a de toute façon un refus net d’aller là-bas. Enfin, pour ceux, qui n’habitent pas Arques. Les habitants qui sont déjà là s’en fichent. » Agent immobilier 2 : « Non, l’incinérateur ne joue pas. Il y a toujours eu des gens qui ne voulaient pas aller à Arques car c’est plus industriel. Mais, en ce moment, c’est la même chose qu’ailleurs. » Dans les dents, retour à la case départ, après un détour chez M. le maire de Renescure (oui, on adore cette commune) qui nous dira lui aussi que ça n’a pas d’impact sur l’immobilier local.
Et ce sera tout le long de l’enquête le même chassé-croisé. Un agent qui dit oui, un agent qui dit non, quand l’agent répond. Que ce soit pour les éoliennes, les antennes-relais ou l’incinérateur. Avec tout de même une prédominance – bizarrement chez celui qui a un secteur concerné par le problème – pour le « tout va bien, à part les effets de la crise, on vend toujours autant dans le secteur. L’éolienne (vous remplacez par antenne-relais ou incinérateur selon ce qui vous intéresse) ne fait pas baisser les prix des maisons, ni le nombre de transactions. Ceux qui ne veulent pas vivre à côté ne cherchent pas là. » L’agent ou notaire local n’étant a priori pas une bonne source, on s’est dit qu’on allait vérifier auprès de la fameuse Fnaim toujours prompte à communiquer. Pas de chance là non plus. Silence radio du côté du représentant du Pas-de-Calais ou de la communication nationale.
Toujours pas découragé, le journaliste se dit tout de même qu’il n’a vraiment pas frappé aux bonnes portes. Il décide de se plonger d’abord dans la documentation présente sur le web. Incinérateur d’abord. Pas grand chose à se mettre sous la dent, on ne va pas se mentir. Les autres projets d’intérêt public (enfin, après c’est histoire de goût, mais là n’est pas le débat) en revanche un peu plus. La Fédération Vent de Colère, située dans le Gard mais qui regroupe les associations anti-éoliennes de France et de Navarre, a l’air de s’y connaître. Mail. Réponse : « Sur le plan de l’impact sur le foncier et de l’immobilier, une maison située dans un rayon de 3 km autour d’une centrale éolienne est quasi invendable. Un Jugement du TGI de Quimper (Finistère), faisant référence à l’évaluation de deux experts (un notaire et un agent immobilier), estime la dévaluation d’un bien immobilier (une maison), situé à proximité d’une centrale éolienne, entre moins 24 et moins 46 % de la valeur d’origine. » Et Vent de Colère de nous joindre en plus une copie d’un papier paru dans Le Courrier de l’Ouest : là-bas, un acheteur a porté plainte contre le vendeur qui lui avait caché l’implantation d’éoliennes. Il a gagné en première instance.
Nos détracteurs nous diront qu’il ne faut pas croire tout ce qui est écrit dans les journaux, mais on a même des vidéos, signée TF1 et France 2, attestant de la dépréciation des biens immobiliers (celle de TF1, celle de France 2). Incinérateurs pas d’informations, éoliennes un peu de documentation, et antennes-relais alors ? Idem, ça reste très flou. On voit néanmoins passer sur le net des chutes de 20 à 30% des biens, même si les témoignages trouvés valent ce qu’ils valent.
Retour dans la région. Deux représentants d’associations qui luttent contre des projets ont répondu à nos sollicitations. Daniel Desmont, vice-président des Riverains du Smetz, qui lutte contre l’incinérateur de Flamoval d’abord : « C’est une bonne question. Mais difficile d’y répondre clairement. Il y a toujours des gens qui s’installent dans le secteur. Mais sont-ils au courant du projet ? Maintenant, moi, à titre personnel, je connais quelques personnes qui ont vendu leurs maisons dès que Flamoval s’est précisé. Après, le problème vient aussi des agents ou notaires qui ne donnent pas toutes les données aux éventuels acquéreurs. » On confirme, on a fait le test.
Fabrice Forest ensuite, du collectif "Assez" qui œuvre dans la région de Fruges, sacrifiée aux éoliennes au point que même Dominique Dupilet, président du Conseil général, demande un moratoire : « Nous n’avons pas d’études précises sur le sujet. Mais ça joue forcément sur le prix de l’immobilier, il ne faut pas se leurrer. Quand vous en voyez de vos fenêtres, ou même quand vous entendez le bruit. En fait, je pense que si les effets sur l’immobilier ne se font pas ressentir pour le moment, ce sera dans cinq ans, dans dix ans. Avec 140 éoliennes prévues dans le coin, ça jouera forcément. »
En fait, posons-nous simplement une question de bon sens : si demain, vous avez deux biens identiques, à valeurs égales, etc. sur deux zones voisines, l’une concernée par le tryptique éolienne-antenne-incinérateur, et l’autre vierge de ces installations, vous choisissez laquelle ?
A lire sur DailyNord.fr :
Filmer la cité ? Oui, si ça brûle !
Moi, les champs d’éoliennes me font penser à des gibets.
Il faut ne jamais se promener en France pour ne pas voir les dégâts.
Combien de plaines, jusqu’ici préservées, défigurées par ces hideuses rangées de pylônes, en mouvement plus ou moins perpétuel ? Une ligne à haute tension, une centrale, au moins, cela ne bouge pas. C’est notre désert français, que l’on y pend par le cou. Cela fait mal au coeur.
La France est petite, fragile. Nous ne sommes ni en Australie, ni aux Etats-Unis, ni en Sibérie.
Les centrales nucléaires, aussi nuisibles soient-elles, ne sont pas très nombreuses.
Les défenseurs de l’éolien ne sont pas du côté du progrès, mais dans le camp de la dégradation et de l’uniformisation du monde.
Ils sacrifient la campagne pour la bonne conscience des villes, avec la complicité de quelques agriculteurs traîtres, et autres financiers spécialisés dans la niche.
Je précise que je suis fils d’agriculteur.
Ici en Vendée, les agriculteurs sont les premiers à tuer les charmes du paysage… ils virent les dernières haies. Les agriculteurs démocratise les paysages de terrains de golf. Plus rien quoi ! Une soupe de nitrate et pesticide directe vers la rivière. L’eau n’est plus potable ici plus de 50% du temps.
Les haies, même le chemin de randonné à 100m de chez moi y a droit ! C’est illégal, tout le monde s’en fout !!! Même le maire est agriculteur et c’est lui qui organise les remembrements tous les 3 ans.
Pour les "paysages romantiques de France" je rigole. Vous êtes fils d’agriculteur… vous aimez les centrales nucléaires ? Que faites vous donc comme métier aujourd’hui ? Posteur pour Areva ? Et les déchets de 10 000 ans, vous acceptez de les gardez dans votre jardin personnel ? Je suis sérieux là.
Une éolienne (surtout les verticales) quoi qu’on en dise… est sans danger, sauf pour le lobby nucléaire. Et pour la pollution visuel que dire des poteaux haute tension partout en France ? Réponse ???
Bizarre votre article tourné négativement sur l’éolien.
Et les autoroutes ? Les silos à grains ? Les centrales nucléaires ? Les affreux sites Cavac ? Les supermarchés ? Les zones industrielles ? Les poteaux hautes tensions d’ERDF partout en France…
Pourquoi donc les éoliennes ?
Serait-ce que le lobby anti-éolienne est très puissant en France et soutenu financièrement et politiquement par Areva et EDF. De plus c’est un très gros annonceur média… pas les éoliennes.
J’ai le sentiment que si l’éolien se développe en France c’est simplement grâce à un autre lobby, le lobby agricole qui finit par y trouver des € lors des implantations.
Le fait que cela soit bon pour la planète, cela semble en fait très secondaire dans un monde dit "démocratique" où le nucléaire est roi et toujours aussi dangereux jusqu’en Ukraine ou en Sibérie, endroit ou areva se débarrasse en secret d’une part de ses déchets dangereux pour des milliers d’années.
A quand un article de bakchich sur l’immobilier près des centrales nucléaires (rires).
bof bof bakchich sur ce coup là !