Rencontre avec Eric Darques, un quadra remonté qui estime que les politiques n’ont pas à jouer avec les impôts de leurs administrés.
L’affaire Mauroy – Cohen-Solal, c’est lui. Les millions d’euros de l’eau dans la métropole lilloise, c’est lui. Le recours contre le Grand Stade et l’attribution du marché public, c’est lui. Lui, c’est Éric Darques. Un habitant de Lambersart (Nord) qui estime que les politiques n’ont pas à jouer avec les impôts de leurs administrés.
Rencontre avec ce quadragénaire craint et détesté qui s’apprête à écrire au président PS du Conseil régional du Nord-Pas de Calais. Daniel Percheron pour lui demander des comptes.
« Sur mon bureau, je dois avoir près de 1 500 dossiers. Classés dans des pochettes aux couleurs des partis politiques. Bleu pour l’UMP-RPR, rose pour le Parti socialiste, rouge pour le PCF, vert… pour les Verts. La couleur la plus présente ? En fait, on remarque qu’entre droite et gauche, c’est plutôt bien réparti… A part chez les Verts. Et le FN est moins touché, mais faut dire qu’il ne dirige rien… » Eric Darques. 46 ans. Consultant financier qui vit à Lambersart. Et en dehors des heures de boulot, une double vie : éplucher les dossiers qui lui sont transmis le plus souvent de manière anonyme : « ça me prend 30h par semaine. Heureusement, je n’ai pas besoin de beaucoup de sommeil. »
Insomniaque, l’Eric Darques. Et certainement la cause de quelques pannes de sommeil chez les élus de la région et d’ailleurs. Car l’homme ne lâche rien. Depuis qu’il y a dix ans, on lui a glissé un dossier sous le bras : l’affaire Cohen-Solal, attachée de presse à la Communauté urbaine de Lille à la fois salariée d’un journal PS à Paris. Le Lambersartois s’interroge. Fouille dans les comptes. Cherche. Attaque en justice. L’affaire traîne depuis dix ans. Dernier épisode en date, le Parquet a prôné un non-lieu général [1]
De quoi faire sortir de ces gonds le père de famille : « Oui, j’étais très énervé. Ça prouve la collusion entre le monde politique et la justice. Mais je n’ai pas d’autres moyens d’agir : sans être dupe, il faut respecter les procédures et faire confiance… »
La fameuse rengaine « Tous pourris » alors ? Non, se défend le Lambersartois. « C’est une minorité. Le problème, c’est que cette minorité tient les collectivités et les grandes villes. Ça me rend malade. »
Malade au point d’envisager parfois de déménager sous d’autres cieux, dans d’autres pays, plus au nord et plus intransigeants sur la morale politique. Mais le projet n’est pas encore d’actualité. Parmi ses nombreux dossiers, dont 170 qui concernent le Nord – Pas-de-Calais, il en est un qui traîne sur sa table de chevet depuis quelques semaines : celui des comptes du Conseil régional.
« J’épluche tous les comptes de la Région. J’ai tout le temps les doigts sur la calculette. Il y a quelques petites choses qui me dérangent. Donc, je vais très vite envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception à Daniel Percheron (le président de la Région). Il a intérêt à me répondre. » Sinon, Éric Darques dégainera.
[1] Dans cette affaire, Lyne Cohen-Solal, Pierre Mauroy et Bernard Masset, directeur de cabinet, ont été mis en examen à des titres divers. Décision de renvoi devant la justice ou non-lieu avant la fin de l’année.
Ah si ce Monsieur avait sévi sous le Roi Arthur (Nottebart), le patron de la Communauté Urbaine avant 1989, les contribuables seraient peut-être plus riches.
A moins qu’il ne soit rapidement mort d’une surcharge de travail, ce justicier ch’ti qui fait honneur à son agglomération.
Il en faudrait au moins dix comme lui pour le plus d’un million d’habitants de ce qui est devenu "Lille Métropole Communauté Urbaine" (LMCU).
Longue vie à lui.