PPDA a enfin réagi à son éviction du 20 heures de TF1 en dénonçant la brutalité avec laquelle cette décision a été prise. Ah la télé son univers impitoyable. Avant la rentrée audiovisuelle de septembre, c’est la valse des présentateurs télé. Les barons du PAF se les échangent comme des images panini pour avoir le meilleur album. A ce petit jeu des chaises musicales, PPDA a perdu et il n’est pas le seul.
Le roi est mort vive…La Reine !
L’annonce tombe comme un couperet : PPDA, LE roi du JT depuis 21 ans sera détrôné à la rentrée de septembre par Reine Laurence Ferrari. Reine, parce que visiblement les principaux Duchés télévisuels ne se lassent pas de se l’arracher. TF1 en tête puisque, après l’avoir perdu de son antenne, débauchée par Canal + en 2006, Nonce Paolini, patron de la chaîne depuis mai 2007, se contrit de repentance, lui offrant aujourd’hui la place la plus convoitée du PAF : présenter le 20h00… Et profite de l’occasion pour prévenir « Poivre » de son départ par sms ! La grande classe.
Succédant à la doublette « Patrick Le Lay & Etienne Mougeotte », Nonce Paolini s’affichait comme le Monsieur Propre du groupe annonçant que l’année à venir serait une année « charnière », il ne pouvait pas si bien (pré)dire…Pour les quatre premiers mois de 2008, la part d’audience (PDA) moyenne est à 27 ,7 % contre 30,7 % pour l’année 2007. Pour le seul mois de mai 2008 la chaîne passe de 27% à 25,3% et la décontraction de la gagne n’est plus au beau fixe, surtout lorsque la baisse des recettes publicitaires s’en ressent fatalement : 3,7% de recettes en moins. Alors, de là à penser qu’il faille mettre de l’humain dans tout cela, ce serait un peu superflu… Exit PPDA, welcome les joyaux de la Reine !
Même si l’on serait naïvement conduit à penser que TF1 n’est pas une chaîne comme les autres – elle est première en Europe – ses méthodes cavalières ne font pourtant pas exceptions aux protocoles cathodiques.
Les baronnies du PAF se sont toujours distinguées par des pratiques peu orthodoxes en matière de gestion, l’audimat faisant loi, la politesse du cœur est tenue de se contenter de l’écran noir. Bien sûr, la Une reste l’exemple le plus démonstratif et pour cause : Estimée à 3 milliards d’euros, l’entreprise est serrée de prêt par les plus hautes autorités de l’État. Et les règlements de compte fusent. PPDA victime d’une punition du chef de l’État parce qu’il se serait « permis » de comparer Nicolas Sarkozy à « un petit garçon dans la cour des grands » le 20 juin dernier lors de la réunion du G8 n’est certainement pas une hypothèse à exclure…
Pour le reste, les autres diffuseurs ne font guère plus dans la dentelle : la rédaction de I-Télé apprend lundi dernier par Internet que leur directrice générale : Valérie Lecasble a été démise de ses fonctions ; l’équipe de l’Édition Spéciale sur Canal + apprend par la presse que leur animateur, Samuel Etienne, sera remplacé par Bruce Toussaint et ses équipes en septembre. Idem pour Guillaume Durand, sommé de rendre les clefs de l’émission culturelle « Esprits Libres » au profit de Daniel Picouly et Nicolas Demorand. Et sans piper mots. Messieurs, un peu de dignité lors de votre départ… Les exemples s’enchaînent et se ressemblent, maintenant l’illusion d’un mercato utile, rempart essentiel contre les audiences concurrentes des chaînes de la TNT (qui parviennent à obtenir au moins une fois par semaine le million de téléspectateurs) et Internet (plus de la moitié des 11-16 ans ne regardent plus la télévision lui préférant les programmes en ligne).
Le terme de mercato, évoquant le Marché, mérite un terme plus approprié à notre jeu de quilles télévisuelles, celui de foire. Car, qu’il s’agisse des réussites professionnelles de certains : Marie Drucker prendra du grade (mérité) en occupant les 13H15 du week-end de France 2 pour des émissions spéciales ; des avancements surréalistes : Julien Courbet, plus populiste que populaire, quittant TF1 pour… la chaîne publique, ou des quelques rares effets d’alouettes : Marc Olivier Fogiel ne fera plus d’antenne mais reprendra la matinale d’Europe 1. Il n’y aura, une fois de plus, aucune nouveauté. Pas de sang neuf, pas de nouvelles têtes, on recycle avant rejet. Même au sein des chaînes de la TNT, pas de prise de risques en perspective (ou si peu), du déjà vu, un Verdun des animateurs phares d’autrefois tombés en désuétude, voilà tout.
« Plutôt une bouche d’égout qu’un piédestal » ironisait Cioran parlant de lui-même et c’est pourtant le triste constat inversé par rapport à cette sphère télévisuelle qu’il nous est donné d’observer. La vedette d’une époque sera contrainte à l’oubli dans la faune publique parce qu’invariablement elle reste considérée comme un produit par les capitaines d’industrie de notre chère petite lucarne sur le monde. Et c’est peut-être elle, la télévision elle-même, qui est la plus à plaindre : véritable espoir d’un champ du possible, d’une prise de liberté aux visages multiples, elle n’en reste pas moins un jouet entre les mains des marchands du temple. Dommage.
Lire ou relire dans Bakchich :
Le SNJ prédit "la fin de la rédaction nationale" de France 3
NOUVELOBS.COM | 12.06.2008
Réagissant à la proposition de la commission Copé de réorganiser la chaîne publique en un réseau de chaînes régionales avec un décrochage national, le syndicat SNJ-CGT déclare qu’"il est inutile de préciser que cela signifie la fin de la rédaction nationale dans ses missions actuelles."
Le siège de France Télévisions (Sipa) La proposition de la commission Copé de réorganiser la chaîne France 3 "signifie la fin de la rédaction nationale" de cette chaîne, a affirmé jeudi 12 juin le syndicat de France 3 SNJ-CGT dans un communiqué. La commission Copé, chargée de réfléchir à l’avenir de la télévision publique sans publicité, a proposé mercredi "un renversement du mode de fonctionnement" de France 3 : "au lieu d’une chaîne nationale et de décrochages régionaux, nous proposons un réseau de chaînes régionales et un décrochage national".
Réduire les "entités régionales de 13 à 7"
"La fabrication de programmes nationaux en région, par des structures de production déconcentrées serait encouragée", a ajouté la commission, qui a en outre proposé de "réduire le nombre d’entités régionales de 13 à 7". Selon le SNJ-CGT, "inutile de préciser que cela signifie la fin de la rédaction nationale dans ses missions actuelles". "Inutile de préciser que le pluralisme de l’information en prendra un coup", ajoute le syndicat, affirmant qu’"il n’y a pas d’avenir" pour la rédaction nationale de France 3. Mercredi, le syndicat SNJ de France 3 avait estimé que les propositions de la commission Copé autour de cette chaîne représentait "un projet à haut risque". "Difficile (…) de savoir ce que cela réserve à l’information tant au niveau local et régional que national", s’inquiète le syndicat. "Difficile de croire aujourd’hui qu’il n’y aura dans ce nouveau modèle aucune suppression d’emplois dans le groupe de France Télévisions", ajoute le SNJ. L’intersyndicale de l’audiovisuel public appelle à un arrêt de travail de 24 heures le 18 juin, une semaine avant la remise du rapport de la commission Copé