Un enragé contre les mous du genou

Gilles Châtelet nous manque. Tout d’abord pour sa condamnation sans concession, il y a plus de dix ans déjà, du « nouvel ordre mondial », processus de domestication généralisé, critique visionnaire à l’encontre des néolibéraux d’aujourd’hui. Ensuite parce que ce brillant philosophe et mathématicien a la formule assassine et l’esprit de celui qui a vingt ans d’avance sur les autres. Au point de se suicider bien avant l’heure, en 1999, à 55 ans.

Il laisse alors un essai : Vivre et penser comme des porcs, tout bonnement culte, où le pamphlétaire ne mâche pas ses mots contre les théoriciens du consensus qui, sous couvert d’humanisme, marquent leur domination politique, économique et médiatique.

Comme quelques penseurs morts « avant-hier », qui restent souvent les plus critiques sur le monde d’aujourd’hui et de demain, Gilles Châtelet n’a pas pris une ride. Et c’est à Catherine Paoletti que l’on doit l’idée géniale d’avoir regroupé tous les documents, conférences, articles, textes inédits et explosifs que le philosophe avait écrit avant Vivre et penser comme des porcs.

Les Animaux malades du consensus raviront tous ceux auxquels l’empreinte indélébile de ce penseur quasi prophétique laissait parfois un goût de manque…

Pour ceux qui ne connaissent pas encore Gilles Châtelet, ce livre retrace les thématiques récurrentes du philosophe : la démocratie-marché, les élites populistes, le diktat consensuel. Un texte comme « De Prométhée à Faust en passant par Dorian Gray, Vivre comme les jeunes porcs de l’Idaho ou de Caroline du Sud » devrait satisfaire plus d’un profane. Incontournable.

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