C’est aujourd’hui le grand jour. En ce 1er juillet, la France prend pour les six prochains mois la présidence de l’Union européenne. Si Sarko devrait être tout sourire, l’Allemagne et la Commission demandent à voir…
Le relatif désordre qui a entouré la préparation de la Présidence française de l’Union européenne a comme conséquence que personne ne croit vraiment que les thèmes mis en avant par les Français vont nourrir les six mois à venir. D’autant que certaines urgences sont en train de bousculer le calendrier. Il y a bien évidemment le « non » irlandais, mais il y a aussi les tensions monétaires internationales, le redémarrage de l’inflation qui incite la Banque centrale européenne à montrer des dents, la mise en œuvre à compter du 1er juillet de la libre circulation des ressortissants des pays ayant rejoint l’Union en 2004 et la poursuite des négociations sur la directive durée du temps de travail.
Sarkozy qui a inscrit l’immigration parmi ses priorités n’a rien prévu de particulier sur le problème de la libre circulation des ressortissants de l’Union. Le plombier polonais peut désormais venir librement dans certains pays de l’Union mais compte tenu de l’évolution positive de la croissance dans son pays, il a plutôt tendance à y rester. Les flux migratoires en Europe les plus importants viennent de Roumanie et des pays d’Europe du sud et les Italiens dénoncent à ce propos le peu de contenu des propositions françaises. Obsédé par les migrants africains, Paris reste court sur ces problèmes mis systématiquement en avant par ses voisins italiens et espagnols, si bien qu’à Bruxelles, tout le monde considère que ce dossier sera un non-dossier et que rien ne sera conclu en la matière.
En fait, les Allemands et la Commission ont clairement fait entendre que de tout ce qu’avaient évoqué les Français pour leur présidence, à savoir l’immigration, la défense, l’énergie, le développement durable, rien ne correspondait aux problèmes économiques immédiats.
Le premier de ces problèmes est le ralentissement de la croissance. L’annonce par Siemens de 17 000 suppressions d’emplois a ébranlé le gouvernement allemand. Même la très productive économie germanique commence à souffrir du change euro/dollar. C’est pourquoi, le ministre des Finances allemand a demandé à la France en tant que président en titre de l’Union de faire des démonstrations d’agacement auprès des Américains à l’occasion du G8 qui se tiendra au Japon courant juillet. Il ne s’agit pas pour Berlin de désavouer la BCE mais de préparer une offensive vis-à-vis de Washington pour leur faire comprendre que même les États-Unis finissent par connaître de l’inflation du fait de leur politique monétaire laxiste.
Le deuxième est la nécessité de sortir la directive sur la durée du temps de travail. Si tout le monde est d’accord pour porter à des niveaux très élevés les plafonds concernant cette durée, personne ne comprend le jeu de rôle parisien où l’on ne sait plus s’il faut être pour ou contre les 35 heures. Vu de Bruxelles, tout cela paraît désormais simple : on est contre, il ne reste plus qu’à l’assumer, autant le faire tout de suite.
Le troisième est la situation délicate des finances publiques de la France. Christine Lagarde a reçu à ce sujet des instructions claires. Chaque fois qu’on lui en parle, elle annonce que le programme de réduction des déficits jusqu’à atteindre l’équilibre en 2012 sera tenu. Comme elle ajoute d’une voix chevrotante « si la croissance le permet », tout le monde comprend à Bruxelles que ce retour à l’équilibre est le cadet des soucis de Sarkozy. Imagine-t-on d’ailleurs que Sarkozy pourrait envisager d’augmenter les impôts quand l’Insee annonce que le pouvoir d’achat va reculer cette année de 0,4% ??!!…Le déficit attendra, Bruxelles et Berlin avec….
À lire ou relire dans Bakchich.info :