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« Le Monde » : Fottorino ou le dur travail de patron

Licenciements / lundi 14 avril 2008 par Paul Litzer
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Le grand quotidien vespéral est en grève lundi 14 avril. Pourquoi ? Il fait son ménage de printemps, sous la guillerette forme d’un plan social. Mais pas touche aux placards, postes inopérants et autres dépenses somptuaires de ses dirigeants !

Que c’est dur d’être patron. Eric Fottorino en fait l’expérience. Président du directoire du groupe constitué autour du journal Le Monde depuis le début de l’année, l’ancien journaliste se démène depuis plusieurs semaines pour gagner ses galons de baron de la presse. Il a montré de bonnes dispositions en trahissant le président de la Société des rédacteurs du Monde (SRM), Jean-Michel Dumay, pour pouvoir recevoir l’onction des nombreux patrons, dont un certain Guillaume Sarkozy, qui siègent au conseil de surveillance et qui assurent les fins de mois du quotidien du soir depuis des années. Puis, il s’est attelé à un « plan de redressement ».

Éric Fottorino - JPG - 50.1 ko
Éric Fottorino
© Kerleroux

Le Monde perd de l’argent avec une régularité qui force l’admiration depuis quelques années : encore un déficit de 16 millions d’euros en 2007. L’ancien patron Jean-Marie Colombani et le talentueux consultant Alain Minc, surnommé le champion d’Europe des OPA ratées, avaient trouvé une solution pour combler le trou : racheter à vil prix des entreprises sur lesquelles on se paie. Il en fut ainsi du Midi Libre et, surtout, des Publications de la Vie Catholique, propriétaire de Télérama.

Cette logique, qui a fait croire à « JMC » qu’il était un vrai patron, a atteint ses limites et il faut maintenant trouver de vraies solutions pour assurer la survie du Monde, autoproclamé « quotidien de référence ». Et là, Fottorino, aidé de son nouveau bras droit David Guiraud – qui vient des Échos –, a décidé de manier la hache : 130 suppressions d’emplois, dont les deux tiers à la rédaction, et vente d’actifs déficitaires. Le métier rentre.

Conséquence : une grève votée pour ce lundi 14 avril. Le nouveau président du directoire « regrette » cette décision, mais pas question de renoncer aux mesures car « il y a une réalité économique ». Voilà qu’il parle comme un dirigeant du Medef. Mais, promis, « ce projet de plan sera mené de façon la plus efficace, mais aussi la plus équitable ».

Le Monde, un exemple de citoyenneté

Il vaudrait mieux car les journaleux de base sont particulièrement remontés. La SRM a récemment lu un texte d’une rare violence lors du conseil de surveillance : « Nous demandons la fin de certaines pratiques, notamment en matière de rémunérations, de primes et de train de vie. Le travail doit être mieux partagé, ses fruits aussi. Trop souvent depuis ces dernières années, l’intérêt général est passé à l’arrière-plan, au bénéfice de quelques-uns. Lorsque l’entreprise va mal, les sacrifices doivent être consentis par tous ».

Cela ressemble à une déclaration de guerre. Le Monde est un exemple de formidable d’entreprise citoyenne : à peine nommé, Fottorino a demandé à ce que son salaire de 110 000 euros annuels soit aligné sur celui de JMC, soit plus de 300 000 euros. Guiraud, pourtant limogé des Échos, a négocié plus : 400 000 euros, selon des mauvaises langues. Surtout, il aurait un parachute de 400 000 euros s’il était viré avant un délai de six mois et de 800 000 s’il l’était après. Qui a dit que les licenciements étaient traumatisants ?

Les journalistes de base pointent aussi le nombre de « directeurs » qui peuplent les étages supérieurs du somptueux siège du boulevard Blanqui, dans le XIIIe arrondissement. À l’époque de Colombani, les cadres dirigeants se sont multipliés de sorte que chaque journal ou magazine du groupe a son propre directeur général.

La rédaction n’est pas indemne puisque des postes comme « directeur éditorial » ou « directeur des relations internationales » ont été créés pour des placardisés. Selon un râleur de la rédaction, la suppression des deux tiers des postes de directeurs suffiraient à trouver la moitié des 15 millions d’économies que Fottorino veut trouver. Mais ces manants n’ont rien compris à la gestion d’entreprise.

Voir en ligne : in Bakchich n°76

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8 MESSAGES
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Forum

  • « Le Monde » : Fottorino ou le dur travail de patron
    le lundi 21 avril 2008 à 16:50
    Pigiste depuis 15 ans pour la presse magazine, les ennuis des journaliste du Monde me laissent de marbre. Comment expliquer qu’on ne voit pas la signature de certains pendant plus de 3 mois ? Certains d’entre eux se glorifient d’avoir plus de 10 semaines de congés payés ? Faites un tour dans les coulisses des magazines pour voir comment les pigistes sont traités. et pourtant ce sont eux qui fournissent en reportages textes et photos, 90 % des contenus des magazines et ce pour un salaire compris entre 1/3 et la moitie de celui d’un journaliste du Monde.
  • « Le Monde » : Fottorino ou le dur travail de patron
    le jeudi 17 avril 2008 à 20:50, Tom Awok a dit :
    Sarko-Fotto, même combat ! J’arrive au pouvoir et je m’augmente sévère. Je prône la rigueur…mais pour les autres. Je ne reconnais jamais mes erreurs.
  • « Le Monde » : Fottorino ou le dur travail de patron
    le mardi 15 avril 2008 à 00:07, amttma a dit :
    Questions de néophyte. Le "monde" est déficitaire. Différentes raisons : trop de personnel, trop de placards dorés, trop de sur-organisation pour loger les "chéris" à des places lucratives, trop d’autres publications dans le même groupe qui s’auto-nourrissent et s’auto-détruisent chacune à leur tour. Peut-être qu’il n’y a plus assez de lecteurs qui achètent le "monde" :plus assez de sous dans leur poche, plus d’intérêt dans ce qui est publié ? Mais j’oubliais : c’est la publicité qui fait qu’un journal peut être publié donc vivre et j’oubliais aussi qu’il faut éditer des articles qui vont avec les intérêts publicitaires alors les gens ne s’intéressent plus aux articles. Mais bon, je ne suis qu’une néophyte.
  • « Le Monde » : Fottorino ou le dur travail de patron
    le lundi 14 avril 2008 à 14:56, Athéna a dit :
    Qui peut m’expliquer les bonnes raisons des multiples déménagement du Monde ces dernières années ?Des Italiens à Falguièers Bd Blanqui et je crois en oublier un.
    • « Le Monde » : Fottorino ou le dur travail de patron
      le lundi 14 avril 2008 à 16:28, Jean lade a dit :
      Pour répondre à la question d’Athéna, lorsque Beuve-Méry se retira du Monde en 1969, il laissait les caisses pleines et la propriété de la rue des Italiens plus quelques annexes. Pour combler les déficits, les Italiens furent vendus pour passer en location rue Falguiére, puis rue Claude Bernard car la place était insuffisante rue Falguiére, puis boulevard Blanqui pour satisfaire l’égo de Colombani. Les conditions de location de Blanqui doivent être analysées, car le montant est élevé, la clause de résiliation sévère, et les aménagements …
  • « Le Monde » : Fottorino ou le dur travail de patron
    le lundi 14 avril 2008 à 12:38
    Pour Guiraud, il faudrait peut-être préciser qu’il est parti des Échos après le rachat par Arnault parce qu’il s’y opposait…
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