Le procès en correctionnelle de l’ex-PDG de Vivendi s’ouvrira le 21 janvier. Il est poursuivi pour diffusion d’informations fausses ou trompeuses sur le niveau d’endettement du groupe, manipulation de cours et abus de biens sociaux.
L’ancien PDG de Vivendi Jean-Marie Messier est fixé depuis jeudi sur la date de son procès en correctionnelle : il s’ouvrira le 21 janvier pour une audience de fixation au Tribunal de Grande Instance de Paris.
La brochette des convoqués est impressionnante : à tout seigneur tout honneur, c’est Jean-Marie Messier qui ouvre le bal pour diffusion d’informations fausses ou trompeuses sur le niveau d’endettement du groupe, manipulation de cours et abus de biens sociaux.
Ses réseaux politiques, et la présence à ses côtés de Jean-Charles Charki, le gendre de Claude Guéant, dans Messier Partners sa nouvelle boîte à malice, ne sont pas parvenus à lui éviter ces nouvelles déconvenues judiciaires à Paris.
Pour le Parquet, qui avait requis au terme de contorsions juridiques inédites relevées par Bakchich.info le 26 février, (« dossier Vivendi : quand non-lieu rime avec laborieux ») un non-lieu général, le renvoi en correctionnelle annoncé mi-octobre était déjà un coup rude. Presque autant que pour les « renvoyés » dont l’échelle des responsabilités respectives est sans commune mesure.
Après Messier suivent par ordre de préséance, Guillaume Hannezo, sa mauvaise conscience au look de Lucky Luke défraîchi qui trinque pour délit d’initié, Eric Licoys pour abus de biens sociaux, les rois de la gestion de la trésorerie Hubert Dupont Lhotain et son adjoint Blondet, qui ont eu la faiblesse d’obéir au Boss et de passer des ordres de bourses discutables à l’ami Guez de la Deutsche Bank.
Ce dernier avait même demandé à sa hiérarchie à l’époque l’autorisation de faire le grand écart tellement l’exercice lui paraissait périlleux. Tous trois morflent pour manipulation de cours.
Reste Edgar Bronfman Junior le Canadien ex-vice-président exécutif de Vivendi et actuel P-DG de Warner Music, qui devra lui aussi répondre du délit d’initié pour avoir vendu ses stock-options en janvier 2002 alors qu’il avait connaissance de petits secrets non communiqués au public.
L’héritier de la famille Bronfman qui a puisé sa fortune notamment dans le commerce d’alcool et la prohibition via le groupe Seagram, s’était jusqu’alors présenté comme victime des agissements de Messier…
Faut croire que Bronfman n’a pas été aussi convaincant auprès du juge que J2M lorsque ce dernier lui avait racheté en 2000 la division entertainment de Seagram contre 9% de Vivendi. Une transaction qui avait rendu les Bronfman richissimes… en théorie.
Car lorsque les actions Vivendi se sont écroulées en même temps que les rêves d’empire international multimédia de Messier, les Bronfman ont beaucoup perdu et poursuivi le français de leur vindicte.
Hormis ce rendez-vous avec la justice française, l’agenda de Jean-Marie Messier reste occupé par son procès aux Etats-Unis.
Messier est auditionné depuis le 20 novembre à New York dans le cadre de l’action en nom collectif (class action) menée contre lui, contre Vivendi, et contre Guillaume Hannezo. Il est accusé d’avoir menti sur la santé financière du groupe au début des années 2000.
Le groupe Vivendi, qui s’appelait encore "Vivendi Universal", était à terre à la suite des rachats de Canal+ et de Seagram. Au départ de J2M en juillet 2002, "VU" croulait sous 35 milliards d’euros de dettes et avait été rabaissé à l’infamant "valeur spéculative" par les agences de notation financière Moody’s et Standard & Poor’s.
Axe principal de la défense de Messier : la malchance, le 11-Septembre, et un climat dégradé avec les faillites frauduleuses d’Enron et de WorldCom.
Les accusés risquent de devoir payer plusieurs milliards de dollars de dommages et intérêts aux petits actionnaires à l’origine de la plainte. Un bon préambule pour le procès parisien…
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