La Défenseure des enfants, Dominique Versini raconte à Bakchich comment elle a appris que l’institution de la Défenseur allait disparaître. Edifiant sur le fonctionnement de l’exécutif.
« C’est une façon de procéder qui n’est pas acceptable ». La défenseure des enfants, Dominique Versini, enrage contre l’Elysée et Matignon, donc du lourd. Le 9 septembre dernier, elle a découvert, toute ébaudie, que son institution indépendante, qui a pour mission de défendre les enfants, allait disparaître. Ou plutôt fusionner avec, comme le stipule un projet de loi proposé le 9 septembre par Michèle Alliot-Marie (MAM) en conseil des ministres, un autre organisme intitulé le Défenseur des droits. Qu’importe que la fonction de « Défenseure des enfants » ait été créée par le Parlement en mars 2000 et quelle soit intervenue plus de 20 000 fois dans des cas où les droits des mineurs étaient bafoués par une administration ou une personne privée.
Pour protester contre ce coup de force si typique dans la monarchie qui est la notre, Dominique Versini, qui doit théoriquement rester en poste jusqu’en 2012, a publié le 15 septembre un communiqué où elle accuse l’exécutif de « maltraitance institutionnelle ». Elle révèle qu’elle n’a jamais été associée au projet de création du Défenseur des droits acté constitutionnellement en juillet 2008. Depuis, Dominique Versini a également lancé une pétition sur internet pour défendre son combat, soit la survie d’un organisme indépendant pour la défense des mômes.
« Alors qu’il s’agit de défense des enfants, la secrétaire d’Etat chargée de la Famille, Nadine Morano, n’a pas été associée à ce projet de loi puisque c’est moi qui en ait informé son directeur de cabinet ! », enfonce Dominique Versini qui a vu toutes les portes lui claquer au nez depuis qu’elle tente d’obtenir des informations sur son statut de Défenseure et celui de ses 122 collaborateurs [1]. Peut être qu’en ces temps de restriction de crédits, les ministères sont privés d’annuaires ? Ainsi ni François Fillon, de qui Dominique Versini a été la secrétaire d’Etat en charge de la Lutte contre la précarité et l’exclusion ; ni Maryvonne Caillebotte, la conseillère pour la Justice à Matignon, ni les mousquetaires de MAM n’ont décroché le téléphone pour informer madame Versini…
Réduction des dépenses aussi à l’Elysée où la Défenseure a demandé audience par écrit au Président. Aux dernières nouvelles, le courrier s’est perdu… « Pourtant, jusqu’au 20 novembre 2008, Nicolas Sarkozy a toujours donné des instructions au gouvernement pour mettre en application mes recommandations. Elles ne devaient pas être si mauvaises que ça ! », trépigne dans le désert Dominique Versini.
Du côté de la Chancellerie, on tempère d’un « Il n’y a pas lieu à polémique. Ce n’est pas une suppression mais une valorisation des droits des personnes, y compris des enfants, qui s’inscrit dans le cadre d’une réforme constitutionnelle » explique Guillaume Didier, porte-parole du ministère de la Justice…
Forcément, avec un président de la République qui décide du choix des trombones, l’arbitraire se tricote au burlesque. La Défenseure est vouée au mur des Fédérés, à disparaître, alors qu’elle vient d’être nommée présidente du réseau européen des 35 Défenseurs des enfants qui se réunissent à Paris à la fin du mois. Cette spécialiste du droit des enfants vient même de se rendre en Russie où le président Medvedev a nommé un Défenseur des enfants calqué sur le modèle français, et dieu sait s’il y a du boulot là-bas. Comme quoi, on peut être impératrice à Moscou et plus rien à Paris.
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[1] 28 permanents, 60 correspondants territoriaux et 34 jeunes ambassadeurs civils volontaires
Bof, elle dit qu’elle est intervenue 20 mille fois, mais je crains de faire partie de ce chiffre alors que je me suis fait répondre qu’elle n’interviendrai pas dans une incompréhention judiciaire qui permet à ma première fille de grandir sans connaitre son papa.
Dans un rapport de cette "défenseur des enfants" il était dit que le premier sujet de saisine qu’ils recevaient concernait ces décisions de justices séparant les enfants de leurs parents (l’un deux) mais qu’ils ne traitent pas de cette question !
Alors je ne pleure pas la disparition d’une institution qui laisse de coté la question pour laquelle elle était le plus régulièrement interrogée.
la défonçeuse des enfants a un bilan d’une rare incompétence ,et pour mémoire , on rappelera sa loi sur les tiers qui est une véritable honte .
qu’elle soit supprimée : tant mieux et si elle n’est pas contente , qu’elle aille voir ailleurs !!
Pauvres gosses ! C’est le député UMP Frédéric Lefebvre qui va être content. Pour lui les enfants sont des délinquants en puissance qui peuvent être dépistés dès l’âge de 3 ans… puis placés en détention dès 12 ans.
En supprimant la défenseure des enfants qui aurait du fêter ses 20 ans l’an prochain, notre omniprésident trop occupé à faire chasser le sans papier quel que soit son âge, oublie certains détails. C’est que la France s’est engagée en 1990 (et 2002) à mettre ses propres lois en conformité avec les dispositions de la Convention de New-York voir en en adopter d’autres pour la défense des enfants se trouvant sur le sol français. Et là, son ministre de l’Intérieur ferait bien de jeter un oeil sur certains articles de cette convention…
Seulement voilà, cette brave Défenseure remet aussi un rapport annuel indépendant au Nations Unis, rapport qui ne dit pas, loin sans faut, que tout est super en France pour nos mouflets. Un rapport que notre Président n’a pas le droit de faire retoucher par ses conseillers en communication.
Ainsi, sur le rapport d’activité 2007 on peut y lire, entre autres :"D’autres dossiers concernant des enfants susceptibles d’être reconduits à la frontière avec leur famille placent les équipes de la Défenseure dans une gestion délicate".
Ben voyons ! Plus de Défenseure des enfants, plus de situation délicate ! CQFD