Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
SARKO & Cie / SARKOLAND

Fillon : le carnet de notes des ministres a coûté cher

Bonnet d’âne / samedi 12 janvier 2008 par Paul Louis Scopa
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Pour « évaluer » les performances de ses ministres, François Fillon a demandé à un cabinet privé, Mars & Co, de lui concevoir un bulletin de notes. Un choix curieux et un contrat juteux que vous dévoile « Bakchich ». Et dont les résultats n’ont plu ni aux ministres, ni à Matignon !

Dans l’entourage de François Fillon, à Matignon, on n’est pas près d’oublier l’épisode calamiteux qu’a constitué, début janvier, l’annonce d’une notation des ministres, ou, plus précisément, d’une "évaluation de leur suivi des lettres de mission" fixées par l’Elysée et le chef du gouvernement. Mais les coulisses de cette histoire sont encore plus étonnantes.

Certes, Brice Hortefeux, ministre de l’immigration, n’a guère été étonné de découvrir dans son projet de notation, qu’il était censé faire du chiffre, toujours du chiffre, sur le nombre d’expulsions d’immigrés illégaux, puisque c’est son refrain préféré.

D’autres ministres, en revanche, ont été surpris de découvrir les critères retenus pour "évaluer" leur politique. En quoi la part de marché du cinéma français dans les salles constitue-t-elle un bon critère de performance pour le ministère de la culture et sa titulaire Christine Albanel ? Mystère. Et l’évolution de la fréquentation des musées lorsqu’ils sont gratuits ? Mystère, encore. Pourquoi le ministre de l’éducation, Xavier Darcos, doit-il être jugé sur le nombre d’heures supplémentaire réalisées par les enseignants ou leur ancienneté dans les ZEP ? Enigme supplémentaire. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, va-t-il se transformer en maître d’école faisant la chasse aux absents, puisqu’il sera "noté", notamment, sur le nombre de ministres français présents à chacun des conseils de ministres de Bruxelles et Luxembourg, quand la France présidera le conseil de l’Union européenne, au deuxième semestre 2008 ? Suspense toujours.

Matignon a tout fait pour expliquer qu’il ne s’agissait pas de sanctionner les ministres, mais d’évaluer les politiques. En vain : nombre de membres du gouvernement ont très mal pris la chose et l’Elysée se gausse, en privé, des maladresses commises du côté de Fillon.

Diversion ou cafouillage ? Matignon fait désormais porter une partie du chapeau de ce joli bide au cabinet privé, Mars & Co, retenu pour cette opération inédite et singulière. Certains conseillers du Premier ministre expliquent, en effet, qu’ils ont été très modérément satisfaits du travail du cabinet Mars & Co, chargé de l’élaboration des indicateurs devant servir à cette évaluation ministérielle.

« Le cabinet Mars & co ne connaissait visiblement pas grand-chose aux politiques publiques, nous avons dû réécrire entièrement son rapport », confie un membre du cabinet de François Fillon. « Nous avons largement réécrit leurs propositions, c’est vrai, mais nous ne nous attendions pas à une solution clé en main », nuance, de façon plus diplomatique, un autre collaborateur du locataire de Matignon.

Un bulletin d’au moins 86 650 euros

Contrairement à certaines rumeurs, il y a bien eu passation d’un appel d’offres pour retenir, le 26 octobre dernier, ce prestataire pour ce marché très atypique. Bakchich a même retrouvé son annonce officielle, publiée discrètement le 17 décembre (voir encadré), plus d’un mois après avoir été envoyée "pour avis à la publication" : le marché portait sur « une assistance relative à la stratégie de suivi des lettres de mission des ministres permettant d’apporter des éléments de réponse aux besoins de la présidence de la République et du Gouvernement ». C’est joliment dit pour fabriquer un carnet de notes ! Et la conception de ce bulletin gouvernemental aurait coûté au minimum la modique somme de 86 650 euros ! Une bagatelle pour le budget de l’Etat. Mais beaucoup pour un petit rapport que Matignon a dû réécrire…

Il est vrai que, dans les critères pour choisir Mars & Co, la« compétence et l’expérience des intervenants » n’ont pesé que pour 40% dans la décision… Il ne fallait donc pas s’attendre forcément à des miracles !

Un petit contrat de conseil que révèle Bakchich

Voici le texte de l’annonce concernant le marché passé avec Mars & Co en octobre 2007, avec l’essentiel des mentions légales (nous avons enlevé les téléphones) publiées au Bulletin officiel des annonces des marchés publics.

Annonce N°213, publiée le 17/12/2007 dans le BOAMP 060 C, dépt. 75

Nom et adresse officiels de l’organisme acheteur : d.g. de la Modernisation de l’Etat.

Correspondant : M. Delage Patrick, Chef du service de la modernisation de la gestion publique, 139 rue de bercy (XXXXXX). Le pouvoir adjudicateur n’agit pas pour le compte d’autres pouvoirs adjudicateurs.

Principale(s) activité(s) du pouvoir adjudicateur : Modernisation de l’Etat. Annonce n° 169, B.O.A.M.P. 105 B du 4 septembre 2007.

Objet du marché : le présent marché est un marché de prestations intellectuelles ayant pour objet de fournir à la Direction générale de la modernisation de l’etat (Dgme), une assistance relative à la stratégie de suivi des lettres de mission des ministres permettant d’apporter des éléments de réponse aux besoins de la présidence de la République et du Gouvernement.

Type de marché de services : 27

Classification C.P.V. :

Objet principal : 74121200

Critères d’attribution retenus : Offre économiquement la plus avantageuse appréciée en fonction des critères énoncés ci-dessous avec leur pondération :
- qualité de la proposition et des méthodes : 40 %
- compétence et expérience des intervenants : 40 %
- proposition financière : 20 %

Type de procédure : procédure adaptée

Attribution du marché ou du lot : . - assistance pour la stratégie de suivi des lettres de mission des ministres.

Nom du titulaire/organisme : MARS et CO, 100 avenue Raymond Poincaré, 75116 Paris

Offre la plus basse (H.T.) : 86 650 euros

Date d’attribution du marché : 26 octobre 2007

La procédure d’achat du présent avis est couverte par l’accord sur les marchés publics : oui

Une enchère électronique a été effectuée : non

Instance chargée des procédures de recours : Tribunal administratif de Paris 7 rue de Jouy, 75181 Paris Cedex 04, (XXXX)

Date d’envoi du présent avis à la publication : 8 novembre 2007.

Pour bordé juridiquement qu’il soit, le choix du cabinet Mars & Co est tout de même surprenant. Car celui-ci est plus connu dans les milieux patronaux que dans le domaine de l’évaluation des politiques publiques. Volonté d’instiller la "logique managériale d’entreprise" dans la machine de l’Etat ? Probablement.

Mais le Premier ministre voulait peut-être, aussi, rendre la monnaie de sa pièce à Patrick Devedjian, qui, durant l’été 2006, avait réuni le staff de campagne de Nicolas Sarkozy avec les équipes d’un cabinet concurrent, le Boston Consulting Group (BCG), afin de réécrire le programme de l’UMP pour les législatives. Fillon n’avait guère apprécié ces séances de "coaching" animées par le BCG. Ce dernier, associé à un autre cabinet, a obtenu depuis juin dernier un contrat avec Bercy pour donner son avis sur les "pôles de compétitivité". L’"évaluation des politiques publiques", thème décidément à la mode, est devenue ces derniers mois une véritable manne pour les sociétés de conseil.

Le cabinet d’un gourou assez secret

Pour son opération "notation des ministres", Matignon a curieusement choisi un frère ennemi du BCG, Mars & Co, moins connu, bien qu’il compte 250 consultants et six bureaux dans le monde.

Anecdote : son fondateur, Dominique Mars, a créé son cabinet en 1979, en claquant la porte du BCG, estimant que ce dernier avait du mal à travailler de manière approfondie avec chacun de ses clients. Lui préférait avoir peu de clients, mais faire du "sur-mesure". Dominique Mars, natif de Neuilly-sur-Seine, passait pour une sorte de gourou du management dans les années 80. Il a longtemps été l’un des conseillers les plus proches de l’état-major de Carrefour. Depuis, il est resté très secret, adepte de l’opacité puisqu’il ne publie pas ses comptes – comme l’a révélé hier une enquête de France Inter.

L’un des piliers actuels du cabinet, Jean-Marie Hennes, préside la Fondation HEC, institution très chic qui glane des fonds pour la célèbre école de commerce de Jouy-en-Josas, auprès de tous les grands groupes privés, de L’Oréal à la Société générale. Bref, des gens très CAC 40, fort éloignés des us et coutume du secteur public, même si le cabinet a été récemment sollicité par la Caisse des dépôts. Le choc des cultures, revendiqué initialement par Matignon, ne pouvait être que risqué.

Au siège parisien du cabinet Mars & Co, on s’abrite derrière une « légendaire réputation de discrétion » pour refuser de répondre aux questions des journalistes. Mars, c’est vraiment une autre planète…


AFFICHER LES
20 MESSAGES
0 | 5 | 10 | 15

Forum

  • Fillon : le carnet de notes des ministres a coûté cher
    le lundi 11 février 2008 à 15:00
    c’est réellement un peu limite tout cela et manque de transparence … en plus avec l’argent des citoyens. En rapport avec cet article, je découvre pour ma part ce jour le sarkobaro se définissant comme le nouveau baromètre de la présidence ( !), émanant d’un group original de FaceBook France qui vaut la peine d’être visité, si ce n’est juste pour se faire un avis … FaceBook deviendrait-il utile ??
  • Fillon : le carnet de notes des ministres a coûté cher
    le lundi 21 janvier 2008 à 08:09, Homega a dit :

    ayant vu cette note sur betapolitique, voilà ce que j’avais signalé. Bon usage…

    Le carnet de notes des ministres a coûté 86 650 euros 20 janvier 12:32, par Homega

    bonjour,

    savez vous qu’un particulier a commis une étude qui coute 0 euros (vous avez bien lu : zéro euros ) qui permet de mesurer le coefficient d’inefficacité et de mollesse de tous les députés de 2002 - 2005 réélus en 2007 (soit 404 députés sur 577) en matière de Propositions de loi (en abrégé : PPL)

    Exemple : (cet exemple ne se veut une attaque personnelle et directe du député, mais il s’avère qu’il a été le champion toutes catégories des dépôts de PPL, qu’il nous en excuse !)

    J.Luc Warsmann - UMP - 3° Circonscription des Ardennes, avec 62 dépôts, se trouve gratifié d’un coefficient de 100% d’inefficacité pacsés avec un coefficient de mollesse de 73%.

    J.Luc Warsmann comme ses collègues, n’est en fin de compte qu’un simple représentant du Peuple, désigné par le Peuple pour représenter la volonté du Peuple et la faire valoir (c’est du moins ce que définit la constitution en signalant Art 2 "son principe - de la République- est : gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple", chose que les députés semblent trop souvent oublier).

    Et comme tout bon représentant il devrait être assujetti à des émoluments composés d’un fixe et de primes de résultats.

    Si nous prenons la base (cas simple d’école) de 75% des indemnités parlementaires (actuellement de 5 200 euros par mois), soit 3 900 versées de suite mensuellement et les 25% restant et cumulés versées en fin de mandat en fonction de l’efficacité et de l’assiduité aux séances et commissions (comme les jetons de présence, effective et non un simple émargement d’une feuille de présence par soi-même ou par un tiers, dans les Conseils d’administration), selon la loi de Pareto : 80% en fonction de l’efficacité et présences et 5% au niveau du dynamisme (opposé à la mollesse).

    A quoi sert de déposer 62 PPL si aucune n’aboutit à une loi et que toutes se retrouvent à la poubelle à la fin du mandat.

    Dans notre cas simple d’école J.Luc Warsmann aurait perçu : 238 200 euros durant son mandat écoulé au lieu des 312 000 actuels. Economie pour le budget national de 73 800 euros pour un seul député sur 5 ans. Il faudrait aussi ajouter l’incidence d’économie concernant les Questions Ecrites aux Ministres (QEM) qui n’aboutissent à rien qu’a noirci des pages et des pages du J.O, en vain…..

    Le député ne serait pas plus pauvre, loin s’en faut, et le budget de la France serait un tout petit peu plus riche.

    Les députés de la défunte XIIème Législature n’ayant pratiquement agi que pour donner un aval aux Projets de loi du Gouvernement, devenant ainsi une simple chambre d’enregistrement de la volonté gouvernementale (nous sommes loin du temps où les députés et la Chambre étaient le véritable poumon de la République)

    Il serait plus sage de ne déposer qu’entre 1 à 5 PPL, mais de les suivre et y travailler pour les faire aboutir. On ne peut courir 36 lièvres à la fois et être efficace !

    De même que l’on ne peut être au four et au moulin et assumer correctement 2 à 3 casquettes politiques différentes au niveau d’un mandat national et d’autres mandats locaux (M. Jean-Luc Warsmann : Maire de Douzy et Membre du conseil général - Ardennes )

    En n’ayant qu’un seul mandat cela permet une plus grande assiduité et une plus grande efficacité dans le mandat unique. Ou alors, que ceux qui veulent à tout prix des pouvoirs, soient contraints de ne perçoirqu’une seule indemnité et non le cumul (gageons que dans ce cas il y aurait moins de postulants aux cumuls) et cette indemnité serait la plus forte au regard des autres (d’où autre source d’économie importante avec meilleur rendement à la tâche confiée par le Peuple)

    L’ensemble des 404 députés (dont 243 avaient déposé 1244 PPL au cours de la XIIéme Législature) représente : * coefficient d’inefficacité = 98% * coefficient de mollesse = 87%

    Ecomonie possible réalisable auprès des 404 députés réélus : 31 millions d’euros sur 5 ans (maximum = 78 000 euros et minimum = 39 000 euros). Il n’y a pas de petites économies dans une situation financière catastrophique…

    Sans compter que l’ensemble des 1244 PPL ont été photocopiées en près de 700 exemplaires, chaque fois, pour transmission à l’ensemble de l’Assemblée Nationale (Frais de duplication, salaire du personnel affecté à cette action, frais induits, etc ……)

    demandez la note affectée à votre député (en gardant présent à l’esprit que cela ne concerne que les députés de 2002/2005 réélus en 2007) en indiquant son nom, sa circonscription dans son département, à guilke@wanadoo.fr

    Penser à bien indiquer dans votre demande, vos nom,prénom et votre commune. Vous pouvez éventuellement indiquer à quel titre vous faites cette demande, ainsi que votre age et votre profession (cela aidera à sortir des statistiques relatives à l’intérêt porté à la notation)

    La consultation comme l’analyse sont offertes gracieusement et surtout ne coutent rien au budget de l’état.

    Homega

    voir aussi sur : www.pupilles-homega.org le combat des derniers 120 000 "sous-Pupilles de la Nation de 39/45" dont les parents sont devenus des "sous-Morts pour la France de 39/45"

    betapolitique l’article "actualité / Congrès de Versailles, congrès d’usurpation / 20-01-2008"

  • Fillon : le carnet de notes des ministres a coûté cher
    le mercredi 16 janvier 2008 à 10:44
    Selon de nombreuses sources cette notation a été demandée à Mars & Co du fait de la relation existante entre le cabinet d’avocats dont l’omniprésent sarko est associé. Encore une action de transparence de ce cher président qui pille impunément les caisses de l’état mais en espérant que le peuple français lui demande prochainement des comptes et lui règle le sien. Franchement les français sont des nanards pour le choix de leurs présidents pourquoi être allé chercher ce gringalet qui est une vraie nullité en matière économique mais qui s’y entend pour prendre le fric à la masse du peuple pour le donner aux super nantis et les plus voyous des capitalistes mafieux.
  • Fillon : le carnet de notes des ministres a coûté cher
    le lundi 14 janvier 2008 à 11:05, Jim a dit :
    quelqu’un sait il où peut on trouver le reportage passé sur France Inter vendredi matin… Merci d’avance ?
  • Une certaine logique
    le lundi 14 janvier 2008 à 02:24, Las Vegas Parano a dit :

    On pourrait imaginer de sélectionner les consultants chargés d’évaluer les ministres de toute autre manière. Par exemple, les citoyens pourraient donner leur avis. Et les consultants seraient recrutés sur tout le territoire de la République. Ils pourraient poser des questions aux ministres, qui répondraient publiquement. Ils pourraient aussi contrôler les budgets. Ils pourraient créer des commissions d’enquête quand ils auraient flairé une arnaque ou un scandale. Et ils auraient le pouvoir de forcer le gouvernement à démissionner s’ils le jugeaient trop lamentable. Et ils devraient expliquer à la population comment ils se sont acquittés de leur tâche.

    Il faudrait trouver un nom à cette équipe de consultants. On pourrait par exemple appeler cela "le parlement". Mais je ne crois pas que dans la Vème république un gouvernement accepterait d’être réellement contrôlé par un le parlement, c’est contraire à toute la tradition.

0 | 5 | 10 | 15
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte