Pendant qu’Obama et le G20 promettaient de moraliser le capitalisme, la Maison-Blanche prenait en cachette des initiatives destinées à mettre du baume au coeur de Wall Street.
Alors que les grands de ce monde, Barack Obama en tête, ont voulu nous faire croire que le sommet du G20 de Londres s’est achevé sur une « moralisation du capitalisme », à Washington, l’administration Obama et le Congrès américain mijotaient des mesures contradictoires qui ont torpillé les pieuses promesses du communiqué final des vingt pays les plus puissants de la planète.
Une enquête du Washington Post publiée le 4 avril — soit deux jours après la fin du sommet du G20 — a révélé que la Maison-Blanche a pris l’initiative de créer des sociétés écran. Leur objectif : contourner les règles votées par le Congrès qui imposent des restrictions aux entreprises subventionnées par le gouvernement fédéral dans le cadre du plan de sauvetage de l’économie américaine. A commencer par les restrictions concernant les salaires faramineux que se versent les dirigeants de grands groupes et autres nababs répugnants du capitalisme.
Baptisées « entités spéciales » par les bureaucrates de Washington, ces sortes de sociétés écran serviront d’interfaces pour percevoir les milliards de dollars du contribuable qui seront ensuite distribués aux sociétés en difficulté au bord de la banqueroute.
La révélation de ce tour de passe-passe crapuleux intervient deux semaines à peine après l’explosion de fièvre populiste des contribuables américains révoltés contre les millions de dollars de bonus qu’ont tenté de s’octroyer les dirigeants d’AIG, le géant de l’assurance, à partir de l’argent public du TARP, le nom donné au « plan de sauvetage ».
Pour faire retomber la tension, le Président Obama avait été obligé de déclarer que le peuple « a raison d’être en colère » contre une telle utilisation de l’argent public. De son côté, le sommet du G20 a, lui aussi, appelé à limiter les salaires des « businessmen » dirigeant des grands groupes.
Mais à en lire le Washington Post, il ne s’agissait là que de bla bla hypocrite destiné à duper le peuple. La manœuvre de l’administration Obama permet justement à ces patrons, responsables de la faillite de l’économie américaine, de continuer à s’en mettre plein les poches avec l’argent des contribuables.
Pour ne rien arranger, la Maison-Blanche a manigancé sa supercherie dans le plus grand secret. Selon le Washington Post, « elle n’a pas encore été examinée par le Congrès et même les membres du staff du Congrès les plus en pointe dans la lutte contre la crise financière disent qu’ils n’étaient pas au courant de ce plan de l’administration » qui contourne les restrictions votées par le Congrès.
Cette stratégie hypocrite d’Obama qui fait là un cadeau inespéré aux grands patrons n’est pas si surprenante quand on sait — on l’a appris la semaine dernière — que ses plus proches conseillers économiques ont, eux aussi, bénéficié de l’argent du contribuable, comme l’a rapporté le 3 avril le magazine The Politico (le nouveau « must » de la classe politique américaine).
Ainsi, le tsar économique de la Maison-Blanche, Lawrence Summers, a été payé plus de 2,7 millions de dollars pour prononcer des discours par des sociétés de Wall Street au cœur de la tempête financière. C’est le cas de Citigroup, de Goldman Sachs, de JP Morgan, de Merrill Lynch et de feu Lehman Brothers. Summers a aussi su surfer sur la folie spéculative de ces dernières années : il a été payé 5,2 millions de dollars supplémentaires par D.E. Shaw, un « hedge fund » qu’il dirigeait avant de rejoindre l’équipe d’Obama ! Avec de tels conseillers, pas étonnant que la Maison-Blanche cajole les barons de Wall Street.
Une autre entourloupe « washingtonienne » qui escamote la promesse du G20 de plus de « transparence » du capitalisme relève, elle, de la responsabilité du Congrès. Elle concerne la suppression de la règle de « mark-to-market » qui s’applique aux actifs détenus par les banques. Celle-ci exige que les banques donnent une valeur à leurs actifs basée sur leur valeur actuelle sur le marché. Et cette règle de prudence a tout simplement été supprimée !
Comme l’explique cette semaine, dans un article limpide, l’hebdomadaire Newsweek, « Les banques ont commencé à faire du lobbying au Congrès l’année dernière pour éliminer la règle du “mark-to-market” en arguant qu’elles ne pouvaient pas prêter de l’argent car cette règle avait considérablement réduit la valeur de leurs actifs. A son tour, le Congrès a fait pression sur le Financial Accounting Standards Board (FASB), un groupe de cinq super-comptables basés dans l’Etat du Connecticut qui établissent les règles financières. Après des mois de pression du Congrès, le FASB a finalement cédé et voté pour desserrer l’étau des « mark-to-market » ».
Les arguments invoqués par les banques pour éliminer cette règle sont complètement bidons, comme l’a détaillé le commentateur financier Jonathan Weil de Bloomberg News, la chaîne d’informations financières dont le patron est le milliardaire Michael Bloomberg, l’actuel maire de New York.
En utilisant ce que le FASB appelle un « jugement significatif », les banques se sont permises d’attribuer à leurs actifs une valeur qui n’a rien à voir avec leur valeur actuelle sur le marché. En clair, elles ont occulté la valeur réelle des actifs ou prêts toxiques et, en parfaites hypocrites qui n’ont pas retenu la leçon, reproduisent à l’identique les pratiques à l’origine de la crise mondiale. Et encore une fois, les victimes seront leurs actionnaires à qui on aura caché la vérité.
Le sommet du G20 a certes été une victoire en communication pour Barack Obama. Mais les promesses qui en découlent sont à des années lumières de la réalité. « Les mots doivent avoir un sens », déclarait le président américain dans son discours de Prague à propos de la prolifération nucléaire.
Hélas, toutes les belles décisions actées par le G20 seront nulles et non avenues si les gouvernements des Etats membres de ce sommet se conduisent aussi mal que l’administration américaine. C’est-à-dire se comportent comme des voyous.
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la "gauche de gouvernement", la "social(e)-démocratie", "moraliser le capitalisme", tout ça, c’est bidon.
on n’est jamais déçu du résultat : toujours plus pour les plus riches.
et voilà.
super, Obama, super.
nicogé
Le grand capital a choisi de financer OBAMA plutot que MC CAIN et ce pour la simple raison que OBAMA fera passer la pilule des puissances financieres bien mieux qu’un vieux crouton.
OBAMA a des enfants, une famille, est jeune, il symbolise l’avenir et touche en cela beaucoup d’américains. Il est sportif, beau, grand, présente bien, calme, charmant.
What else ?