Corruption, l’ONU invente un nouveau fromage

Peut être pour faire un peu oublier la tiédeur dont il a fait preuve pour remplacer l’ex-responsable du Bureau des Services de Supervision Interne de l’ONU, son Secrétaire Général Ban Ki-Moon vient d’inaugurer avec éclat près de Vienne il y a dix jours, la toute nouvelle Académie Anti-Corruption (IACA).

La nouvelle machine de guerre contre les malfaisants est placée sous le triple patronage du Bureau de l’ONU chargé de la lutte contre le trafic de stupéfiants et la criminalité, du gouvernement autrichien et du Bureau anti-fraude de l’Union Européenne ; c’est dire si les ripoux n’ont qu’à bien se tenir…

« Les méthodes traditionnelles ont démontré leurs limites contre les nouvelles formes de corruption et en particulier la criminalité financière » a timidement affirmé Ban Ki-Moon dans son discours inaugural après avoir constaté que les programmes actuels de lutte contre la corruption sont souvent trop généraux.

Les étudiants de la nouvelle Académie, magistrats, enquêteurs et officiers de police du monde entier, disposeront donc de nouveaux outils très performants pour s’attaquer « à la corruption technique jusqu’à la limite du possible  ».

Pour tempérer un peu l’enthousiasme guerrier de son Secrétaire Général, Martin Kreutner qui présidera son comité exécutif, a ajouté : « Il ne s’agit pas de prétendre que l’Académie va former des supermen ; elle va néanmoins réduire dans une très large mesure, l’écart important existant aujourd’hui entre les connaissances des praticiens et celles des théoriciens et des scientifiques…  ».

Humour et pessimisme

Les débats à l’open bar qui a suivi l’inauguration ont donné lieu aux éternels échanges de vue sur le degré de corruption des pays en voie de développement, comparé à celui qui sévit dans ceux de l’OCDE.

Bien sûr, ont été évoquées pèle-mêle la dernière estimation par la Banque Mondiale du coût de la corruption pour l’économie mondiale (1,5 trillion d’euros) et les conclusions de l’ONG Transparency International sur l’impact du manque d’éthique des entreprises du secteur financier dans la dernière crise économique mondiale. Ainsi, les dirigeants de Freddie Mac et Fannie Mae, les deux prêteurs de dernier ressort de l’immobilier yankee ont dû ressentir quelques bourdonnements d’oreille lorsqu’ont été rappelés les millions de dollars qu’ils ont consacrés à convaincre leur législateur qu’il était inutile de les contraindre à constituer davantage de réserves contre le gros temps.

Les représentants des pays émergents se sont également interrogés à haute voix et non sans humour, sur ce que pouvaient bien faire de leur temps les 16 500 lobbyistes répertoriés à Bruxelles auprès de l’Union Européenne.

C’est finalement Wolfgang Hetzer, le patron du Bureau anti-fraude européen et éternel pessimiste qui a un peu gâché la party en affirmant « Les gens ne croient plus à l’égalité de tous devant la loi ; ils pensent que ça n’a plus de sens d’aller voter puisqu’ils constatent quotidiennement qu’il y a d’autres moyens d’atteindre certaines positions et de s’y maintenir fermement ». On se demande bien à qui et à quoi il pouvait penser…

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