De déclarations fracassantes en dérapages non contrôlés, le patron PS de la région Languedoc-Roussillon dérange. Gros plan sur un éléphant pas si rose.
Il est comme ça, Georges : impérieux. Trois fois député, maire de Montpellier de 1977 à 2004, il trône – pour qui l’a vu en séance, le mot n’est pas trop fort – dans les hémicycles de la région et de la communauté d’Agglo, et collectionne les surnoms. « Imperator » pour son autoritarisme et son goût de l’Antiquité, « Le Pen de gauche » pour ses saillies verbales et ses oeillades aux pieds-noirs, nombreux à Montpellier. Si l’on ajoute ses lubies – il a émis l’idée d’ériger les statues de dix grands du siècle dernier, parmi lesquels Mao et Lénine –, sa réputation, qu’il a mauvaise, n’est plus à faire. De tout cela, ce fils né dans un bled du Tarn en 1938, d’une institutrice socialiste et d’un militaire résistant qu’il n’a que très peu connu, s’en fiche comme de l’an 40.
Il est comme ça, Georges : confiant. Démesurément. « Il tient tout de sa mère, décrypte Karim Maoudj, journaliste à Midi Libre et auteur d’une biographie* du monarque. Elle l’a toujours mis sur un piédestal. » L’intéressé préfère citer Romain Gary : « Les hommes élevés par des femmes ont en eux une confiance extraordinaire. J’ai peur de rien, j’ai les épaules larges. » Mégalo ? « Non… Mais quand on fait des choses importantes, y en a toujours qui sont pas d’accord, hein, comme De Gaulle… » Désigné chef de file des régionales par les militants, Georges a senti le vent tourner du côté de la rue de Solférino. « Aubry a essayé de m’aligner », glisse-t-il, sachant qu’elle ne peut ni se passer de lui ni le supporter.
Les attaques fusent depuis l’entrée en campagne. Hélène Mandroux, qu’il avait « placée » à la mairie, doit lancer une liste contre lui. Jean-Louis Roumégas, ancien colistier, tête de liste Europe-écologie, assène : « Il n’est plus que l’ombre de lui-même ». Quant à Raymond Couderc, sénateur-maire de Béziers investi par l’UMP, il claironne qu’il va défier en mars un homme « sénile ». Mais s’il ne se déplace qu’avec une canne – une douleur tenace à une hanche – le vieux lion montre encore les crocs. Dernier coup de griffe : début octobre, en pleine séance municipale, il lance, hilare et ostensible, à un dissident fréchiste, adjoint au maire PS : « Le jour où je te couperai les couilles, tu ne le verras pas venir. »
Il est comme ça, Georges : bagarreur. Déjà, étudiant marxiste-léniniste – tendance Mao – à la fac de droit de Paris, il bastonnait dur contre les partisans de l’OAS, avant de débarquer à Montpellier en 1969. Puis la SFIO et le PS, même « s’[il] les emmerde depuis trente ans, parce que je suis pas un apparatchik ». Et de conclure : « Il n’y a qu’une chose qui peut m’abattre, c’est la mort. Et ce n’est pas pour demain. » L’Imperator défie même la faucheuse. Il est comme ça, Georges.
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Analysons l’affaire Toyota : un petit cable qui risque de se rompre oblige Toyata à rappeler plusieurs millions de véhicules. Le coût de l’opération se chiffre en millions d’euros mais le surcoût réel est quasi négligeable puisque le travail est effectué dans des ateliers dans lesquels de toutes façons, il faut payer les salariés. Le bénéfice de l’opération est qu’on a prononcé - pour pas un rond - des millions de fois les mots Toyota et Prius sur toutes les chaînes de radio et de TV du monde entier. Le PDG fait une tournée mondiale et est même passé s’excuser devant le Congès des Etats UNis ! Ford est le premier à avoir compris la combine et vient de découvrir lui aussi un problème sur un de ses modèles.
Et si maintenant nous analysions l’affaire au sujet de laquelle on a prononcé et écrit des millions de fois sur toutes les radios, toutes les TV et dans tous les journaux de France les noms de Frèche, Aubry et Fabius ? Trop fort !
Freche n’est ni blanc ni noir ; il est en couleur. La précédente direction du PS lui avait déclaré la guerre, en prenant le prétexte de ses dérapages verbaux et au lieu de s’excuser, comme il aurait dû le faire, à chaque fois, le bonhomme a remis une couche.
Tout le monde sait que Freche n’est pas antisémite et Fabius le premier. Mais la plaisanterie était inadmissible et la lettre d’excuse devait avoir une autre tournure.
La première secrétaire du Parti socialiste a exprimé la décision du Bureau national ; c’est normal mais c’est dommage. Ca n’est ni blanc ni noir, c’est gris.