Arrivé à Dakar, on est tout de suite accosté par ces enfants en haillons qui se déplacent en bande et font l’aumône. On les appelle "les talibés". Daniel Grandclément met en lumière leur situation.
Il voulait faire un autre film. Une histoire de bateau volé. Mais débarqué dans le deuxième port de pêche du pays, M’bour, Daniel Grandclément est saisi par l’image de ces enfants, titubants, sales, mal habillés, pieds nus, faisant l’aumône pour manger et rapporter de l’argent à leur marabout. Il décide de les filmer, "les Enfants perdus de M’Bour".
On estime les talibés entre 50 000 et 100 000 au Sénégal. Ces jeunes enfants -de cinq à treize ans- viennent souvent des terres, parfois des pays voisins. Ils sont de plus en plus abandonnés par des parents pauvres, bien soulagés de ne plus les avoir à charge ou malheureusement abusés par des marabouts peu scrupuleux, lesquels garantissent leur éducation coranique, de la nourriture, des soins, des habits. Mais la réalité est souvent autre.
Devant les coups et le rythme de vie infernal, le lot quotidien des talibés, beaucoup d’enfants s’échappent et viennent peupler les faubourgs de Dakar. Les fuyards pratiquent la seule chose qu’ils connaissent, l’aumône, et s’abandonnent à la drogue.
Depuis la diffusion du film, il y a eu de nombreuses réactions. En France, Thalassa et Daniel Grandclément ont reçu un grand nombre de mails et lettres, (plusieurs milliers) pour protester contre les maltraitances subies par les enfants. De l’argent fut envoyé à des associations ; notamment organisation de défense des enfants de M’bour. Rama Yade, alors secrétaire d’État aux Droits de l’Homme, s’était émue et avait dit qu’elle tenterait d’intervenir pour améliorer la situation des enfants au Sénégal, dont elle est originaire.
Au Sénégal, le Président a fait allusion au film, dans un discours, pour fustiger ceux qui donnaient une mauvaise image de leur pays. Cependant Madame Wade via une amie a demandé au réalisateur une copie du film. L’État a bien sûr voulu réagir en rencontrant Ibrahim, le responsable de l’école coranique. Il a été, parait-il, retenu quelques jours pendant lesquels on lui a expliqué qu’il ne devait pas frapper les enfants. (Parait-il…)
Pour ce qui est de la situation des talibés, Daniel Grandclément constate : « Je ne vois pas ce qui, à court terme pourrait changer l’attitude des Sénégalais à l’égard des talibés. Les conditions économiques, comme les pressions religieuses, toujours plus fortes, ne peuvent qu’accroître le nombre des enfants confiés aux "daaras" ».
Notre association TSX vient en aide aux talibés et enfants des rues à Yoff, dans le nord du Sénégal. Si la question des talibés vous intéresse et que vous désirez vous investir (bénévolat, dons…), visitez notre site ! http://tsxdakar.wordpress.com/
A bientôt,
TSX
Je reviens de ST Louis ou j’ai remarqué aussi ces gamins à la mine triste en grand nombre dans les rues et souvent la nuit… "Spectacle" bien difficile à supporter et que je n’avais pas vu auparavant. La situation semble empirer dans ce pays comme dans bien d’autres en Afrique.
Merci à Daniel GrandClement, dont je me souviens du reportage hallucinant sur les passeurs et les sans-papier,d’aborder ce sujet. Je sais que ca sera traité avec rigueur et humanisme. Chapeau bas à ce grand monsieur