François Mitterrand et André Bettencourt sont dans un avion en 1943. Est-ce par un pur acte de résistance ou une combine entre collabos qu’ils vont gagner Londres ?
L’ambiance à Vichy tournant au vinaigre, la victoire des alliés ne faisait plus aucun doute 6 mois avant la Libération, François Mitterrand, lesté de la Francisque, se rapproche de l’équipe du général Giraud, l’opposant à De Gaulle dans la résistance. Le futur Tonton veut gagner Londres. Etonnant, c’est le bon André Bettencourt, lui-même un collabo tardivement repenti, qui attend Mitterrand devant la gare d’Angers, avec deux vélos. Les deux anciens de la Cagoule pédalent jusqu’à Seiches-sur-le-Loir d’où le futur président de la République doit s’embarquer dans un avion pour Londres. Dans l’hagiographie consacrée par Péan à Mitterrand, le Président raconte cette nuit d’envol du 15 novembre 1943 : « Nous montons dans l’avion, un monomoteur Lysander ; nous sommes trois, plus le pilote. Nous mettons la tête entre les jambes pour le décollage. Nous frôlons les peupliers… Plus tard le pilote se présente à nous : “Je m’appelle Déricourt…” Je dis aux deux autres passagers “Quel pilote formidable ! …” Comment aurais-je inventé tout cela… ? »
Comment ? Dit Tonton, car sa version est très fortement contestée. Tout d’abord, l’appareil n’a jamais été piloté par Henri Déricourt, un as de l’Aéropostale, un facho copain de Guillaumet et de Mermoz. Cet appareil, non pas un Lysander monomoteur mais un Hudson d’une dizaine de places, avait le commandant Hodges à son manche. Pourquoi ces embrouilles présidentielles ? Tout simplement parce que trois des cinq passagers arrivés en Anjou, à bord de l’avion qui va embarquer notre François, sont immédiatement piqués par la gestapo qui surveille la piste sauvage de Seiches-sur-le-Loir Ils seront arrêtés au Mans et à la gare Montparnasse et vont mourir. Ce qui signifie que le départ de Mitterrand pour Londres était un fait connu des Allemands, et que ceux-ci l’ont sciemment laissé s’envoler pour l’Angleterre. En réalité l’as Déricourt, l’organisateur de ce vol, était un agent double, travaillant pour les SAS anglais et pour la Gestapo.
A sa décharge, Mitterrand n’est pas le seul à avoir volé vers l’Angleterre avec cette étrange neutralité allemande pour passeport, puisque le fameux Déricourt donnait le double de ses listes de passagers à Kieffer, un ami aviateur, un nazi en poste à Paris… L’histoire de ce départ, avec des « gestapistes » planqués dans les bosquets des alentours, a toujours embarrassé Mitterrand. D’où la version inventée d’un départ en Lysander. Cet appareil ne pouvant embarquer qu’un ou deux passagers, plus ou moins installés sur les genoux du copilote. Tonton n’aurait alors aucune relation avec le Hudson qui a débarqué cinq résistants sous le regard des nazis… Pour sauver le soldat Mitterrand, Péan affirme dans son bouquin que les documents qui montrent que Mitterrand était bel bien dans le vol signalé aux nazis, « sont des faux » !
Michel Pichard, patron du Bureau des Opérations Aériennes (BOA), un compagnon de la Libération, présent sur le terrain d’aviation anglais, a bien noté Mitterrand volant à bord d’un Hudson. En 1986, ce célibataire daltonien, mais en pleine forme, était en train d’écrire toute cette histoire secrète quand, par un bel été, on l’a retrouvé mort dans son appartement parisien. Bien plus tard, François étant enfin à l’Elysée, il a livré une nouvelle version de ce vol polémique, une version bling bling : c’est David Birkin, père de la chanteuse Jane, qui l’aurait « sauvé »…. En juin 1948, le collabo Déricourt sera jugé et acquitté. Avec dans son dossier un témoignage élogieux de Mitterrand, ministre des Anciens combattants. Déricourt, engagé par les services secrets français, le SDECE, va mystérieusement disparaitre au Laos… Quand à Bettencourt, c’est en père peinard qu’il a retrouvé le vélo qui devait le conduire vers une meilleure fortune, vers l’île d’Arros….
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Combien elle se veut croustiante l’histoire de Mittérand durant la seconde guerre mondiale. Il est préférable de rappeler qu’une occupation ou une guerre n’a jamais partagé les bons d’un coté et les mauvais d’un autre. Les gens qui ont connu les guerres savent combien il est difficile de juger les gens sincères qui y ont pris part.
J’aimerais bien rappeler aussi que Mittérand avait le mérite d’avoir porter la gauche au pouvoir et permis l’alternance o combien utile à la démocratie et à l’exercice du pouvoir. Donc un président qui a joué un role important dans la cinquième république. Quand à l’histoire, laissant les jugements qui idéalisent certains et diabolisent d’autres. Rien n’a été blanc ou noir dans une occupation comme celle de 40.