Invité à fêter le 1er août, la fête nationale helvétique, à l’ambassade de Suisse à Paris, située à 100 mètres de son ministère, Eric Woerth a préféré décliner l’invitation.
Oublié le temps où Eric Woerth, trésorier de l’UMP, venait recueillir les fonds des riches ressortissants français installés en Suisse pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le ministre du Travail se garde dorénavant de fréquenter le pays des banques.
Alors que le ministère du Travail est installé 127 rue de Grenelle dans le 7ème arrondissement de Paris, Eric Woerth vient de décliner la coupe de Champagne et les petits fours que lui offrait Ulrich Lehner, l’ambassadeur de Suisse en France, à l’occasion du 1er août 2010, date de la fête nationale de la croix blanche sur fond rouge. L’ambassade de Suisse à Paris est pourtant située à cent mètres de son ministère, au 142 rue de Grenelle.
Ulrich Lehner, ce polyglotte, en poste à Brasilia, Oslo et au Caire, ancien ambassadeur auprès des Nations Unies, souhaitait simplement montrer que la guerre fiscale entre la France et la Suisse avait vécu. En effet, Eric Woerth, alors ministre du Budget, s’était montré le plus intransigeant vis-à-vis de la Confédération lors de la renégociation en 2009 de la convention bilatérale de double imposition entre la Suisse et la France.
En chevalier blanc, Eric Woerth affirmait avoir 3 000 noms de mauvais contribuables tricolores, planqués sur les bords des lacs Léman, de Zurich et de Lugano, et exigeait carrément la levée du secret bancaire suisse. Quand, de son côté, Christine Lagarde, ministre des Finances, faisait preuve d’un peu plus de diplomatie, en négociant avec le sourire avec Hans-Rudolf Merz, le président de la Confédération.
Il y a trois semaines, avant que l’affaire Bettencourt-Woerth n’éclate, Eric Woerth, nouveau ministre du Travail, en charge des retraites, n’était pas opposé à venir, en voisin, déguster un verre de Fendant, le petit blanc du canton du Valais, avec les cousins helvètes.
Mais depuis, le maire de Chantilly préfère s’abstenir d’entrer sur le territoire suisse, même s’il s’agit d’une enclave parisienne. Il a fait répondre que son emploi du temps – un 1er août – était trop chargé pour pouvoir soustraite, ne serait-ce que quelques minutes, pour pouvoir se rendre chez son voisin de palier. Une dérobade fort peu appréciée par l’ambassade de Suisse à Paris.
En effet, il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy a fait, lui aussi, faux bond, en toute dernière minute, à Doris Leuthard, la présidente de la Confédération en 2010 (en Suisse, les présidents, choisis au sein du gouvernement, changent chaque année). Cette dernière devait se rendre en visite officielle en France le 22 juin dernier.
La Suisse a tout de même souhaité rappeler à son grand voisin que les investissements suisses en France s’élevaient à 35,2 milliards de francs suisses, que 200 000 Français venaient travailler chaque matin dans la Confédération. Enfin, que Dassault était toujours candidat pour refiler ses Rafales à l’armée suisse.
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