Aux Iles Canaries, un juge impose un test de culture générale aux demandeurs de nationalité espagnole. La validité légale de l’épreuve fait débat et une association d’immigrants porte plainte.
Ne pas connaître le nom d’un torero ou ne pas savoir qui est Fernando Alonso bloque depuis quelques mois certains étrangers dans leur démarche d’obtention de la nationalité espagnole aux Iles Canaries.
En effet, dans le royaume ibérique, le Code civil, renforcé en mai 2006 par une mesure de l’Audience Nationale, accorde aux juges la liberté d’instruire un dossier sur le niveau d’intégration de chaque candidat étranger. Appliqué de manière marginale, l’examen de culture générale évaluerait si un immigrant possède le niveau de connaissance suffisant « d’adaptation à la culture et au style de vie ».
Mais ces dernières semaines la validité légale de l’épreuve soulève de vives polémiques dans la péninsule ibérique. Après Getafe dans la communauté de Madrid, l’Espagne a les yeux tournés vers l’Ile de Grande Canarie où le juge de San Bartolomé de Tirajana a mis en place un test d’histoire et d’actualité qui inclut des questions relatives au sport et à la culture disons « people ».
Si pour le juge ces questions attestent de « l’intégration de l’étranger dans la société », fait rare, des associations d’immigrants portent aujourd’hui l’affaire devant les tribunaux. "Une jeune femme qui ne s’intéresse pas au sport est-elle susceptible d’être une plus mauvaise citoyenne espagnole qu’un immigrant connaissant Iker Casillas, le nom du gardien de l’équipe nationale de football ? "s’interroge Juan Carlos Rois, président de l’association des immigrants América España Solidaridad y Cooperación (AESCO).
Car au-delà de la légalité, les associations dénoncent le caractère discriminant de ces tests, excluant selon eux un "type de personnes" et "normalisant un modèle d’immigrant". La série de questions du juge Canarie présuppose bien souvent la télévision comme le relais principal de la culture espagnole.
Carlos Rois explique que la plainte a été portée par les associations il y a deux mois mais que l’affaire vient d’être révélée car les immigrants craignaient pour leurs obtentions futures de papiers.
En effet, une situation équivalente s’était déroulée dans la ville de Getafe à coté de Madrid. Une dizaine d’immigrants avaient sollicité le juge José María Celemín, responsable du registre Civil pour dénoncer le caractère discriminant de ces tests. Le juge n’avait pas reçu la plainte mais avait au contraire durci les tests.
Dans le questionnaire de Getafe, il est par exemple demandé « Qui est Rafael Nadal ? » ou encore « combien de dynastie de Rois ont dirigé l’Espagne ? ». A la sortie des tests il est fréquent que les demandeurs de la nationalité sortent en pleurant. Les associations attendent donc ainsi avec impatience la réponse du Conseil Général du Pouvoir Judiciaire espagnole qui a déclaré publiquement ne pas pouvoir se prononcer sans avoir reçu toutes les plaintes des personnes affectées. Affaire à suivre donc.
Aux Pays-Bas, les étrangers doivent passer un test d’immigration sur la culture et la langue néerlandaises. Cependant les cours de langue sont obligatoires et gratuits pour les nouveaux arrivants.
En Allemagne, depuis le 1er septembre 2008, un test d’évaluation du niveau de connaissances de l’histoire, de la culture, des valeurs et du fonctionnement des institutions est requis.
La formule française reste la plus souple même si depuis le 1er juin 2005, conformément à la loi Sarkozy du 26 novembre 2003 sur l’immigration, les candidats à la nationalité française doivent obligatoirement passer le fameux examen civique. Ce test a été rajouté à l’examen linguistique, afin de vérifier si les futurs Français savent ce qu’est l’égalité entre hommes et femmes, sont au courant de l’interdiction de la polygamie ou de l’excision, connaissent les obligations liées au travail ou à l’impôt et savent citer les couleurs du drapeau français.