La revue de presse du mercredi.
Flambée des actes de violence terroristes. Un Gspc particulièrement meurtrier. L’Expression, 23 octobre 2006 La grande hantise des services de sécurité demeure celle de savoir que des cellules terroristes actives ont pu s’introduire dans la capitale.
Après l’embuscade de Beni-Belaïd. Grande offensive militaire à Jijel. L’Expression, 23 octobre 2006 Les forces héliportées et les parachutistes ont été sollicités pour participer à cette offensive.
Attentats terroristes pendant le Ramadhan. Une trentaine de morts dénombrés. L’Expression, 22 octobre 2006 Le Gspc semble reprendre du poil de la bête, en particulier, dans la région centre du pays.
Ses chefs devaient se rencontrer au centre du pays. Une réunion du Gspc avortée. L’Expression, 22 octobre 2006 La rencontre entre les deux chefs terroristes devait avoir lieu dans une wilaya du Centre.
Attentat à la bombe contre un convoi de l’Anp. 2 militaires tués à Dellys. Liberté, 23 octobre 2006 Moins de 48 heures après les attentats ayant coûté la vie à 3 gendarmes à Jijel et à un garde communal à Boumerdès, les groupes terroristes du GSPC viennent, encore une fois, de récidiver en perpétrant un autre attentat hier à Dellys, 45 km à l’est de Boumerdès, qui a fait 2 morts et 5 blessés parmi les militaires.
Timezrit. Le GSPC massacre et filme l’horreur. Le Soir d’Algérie, 22 octobre 2006 Continuant leur génocide, à l’abri de la réconciliation nationale qui leur garantit l’impunité, les criminels du GSPC commettent crime après crime contre tous ceux qui souffrent quotidiennement de la flamme du patriotisme dans un pays où les défenseurs de la République ressentent amèrement le sentiment d’abandon, voire de trahison.
Attentat à alger. Une bombe artisanale explose à El-Harrach. Liberté, 21 octobre 2006 Une bombe artisanale a explosé, jeudi soir, aux environs de 20 heures devant l’enceinte d’une école militaire située à l’endroit dit Beaulieu à El-Harrach faisant 6 blessés légers. Selon des sources policières, parmi les victimes figurent des officiers de l’ANP qui ont été transférés immédiatement vers l’hôpital militaire de Aïn Naâdja.
La région du Zaccar renoue avec le terrorisme. Huit gardes communaux assassinés à Miliana. El Watan, 17 octobre 2006 Après une longue accalmie, la région montagneuse du Zaccar renoue avec les attentats terroristes. L’on croyait à tort qu’avec la réconciliation initiée par le pouvoir, le terrorisme allait prendre fin.
Cette insécurité qui fait regretter le Boumediénisme. Kamel Daoud, Le Quotidien d’Oran, 19 octobre 2006 De quoi parle l’Algérie aujourd’hui ? De dossiers de corruption par journaux interposés qui font face à des remontées de terrorisme avec des cadavres interposés. De quoi parlent les Algériens aujourd’hui ? Surtout de l’insécurité. […] Cette insécurité dont on peut collectionner les catalogues dans les journaux avec la recrudescence de vols de voitures, d’agressions physiques, de viols, de kidnappings « industriels », de cambriolages d’appartements, etc. [… ] Pour l’Algérien de base, le tableau est simple : après avoir trop existé, l’Etat n’existe plus. […] Cela se sent dans l’affreux regret du colon que certains Algériens vivent comme un souvenir de l’ordre, dans l’évocation du « paradis boumediéniste » de la peur perdue du képi et dans le terrible constat sur le sinistre moral de l’école algérienne.
Enquête de la FOREM sur le régime alimentaire des 0-15 ans. Plus de la moitié des enfants ont un retard staturo-pondéral. Le Jeune Indépendant, 17 octobre 2006 […] L’enquête a touché quelques villes importantes du pays : Alger, Tizi Ouzou, Annaba, Msila, Ghardaïa, El-Ménéa, Biskra et Bouira. 1 000 enfants ont été examinés et leurs parents interrogés sur leur alimentation. Le poids et la taille des enfants on été également mesurés et comparés aux courbes anthropométriques universelles. Le Dr Abdelkader Sahraoui-Tahar, membre de la FOREM, précise que 51,5 % sont des garçons et 48,5 % des filles. Ces enfants sont de conditions socioéconomiques moyennes dans 60 % des cas alors que dans une proportion de 11,6 % des cas, ils sont considérés comme étant des démunis. […]
Séquestrées, exploitées et maltraitées. Des mineures esclaves dans des maisons de riches. Liberté, 19 octobre 2006 Souad et Ahlem sont deux jeunes filles réfugiées au centre d’accueil de l’association SOS Femmes en détresse. Encore mineures, elles étaient employées en tant que domestiques par des familles aisées. Leurs témoignages ne confirment pas seulement une existence de petites bonnes. Pis, les privations et les abus dont elles ont été victimes s’apparentent à de l’esclavage. […] Officiellement, le phénomène est réduit presque à néant. Selon Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, il est très marginal par rapport à d’autres pays. Les chiffres que lui ont fourni l’inspection générale du travail confortent son opinion. […] [Une enquête] a sérié les emplois les plus fréquents : berger, vendeur de cigarettes, vendeur de fruits et légumes, vendeur de pain, agriculteur, coiffeur, vendeur de cacahuètes, employée de maison, prostituée… En revanche, les enfants exerçant dans des usines ou des ateliers y sont peu nombreux. […] De même, la mue des petites filles en véritables bêtes de somme est un acte barbare. Mais cela est juste un constat. “Imaginez-vous, nous ne pouvons pas entrer dans les maisons et demander aux propriétaires s’ils emploient des domestiques. Leur réponse sera négative !” ironise M. Kamel Boucherf [enseignant en sociologie à l’université d’Alger, chercheur associé au Cread (Centre de recherche en économie appliquée pour le développement)] désarmé.
Commentaire : Rappelons avant de découvrir les prochains articles que Sonatrach est l’organisme public chargé de gérer la manne pétrolière qui constitue 98 % des ressources nourricières des Algériens. Rappelons aussi qu’au sommet de cette hiérarchie (outre Bouteflika) se trouve Chakib Khelil. Voici en quelques éléments qui crèvent l’actu – on peut par extrapolation estimer tout ce qui relève de mêmes pratiques et qui passe totalement inaperçu – de ce qui advient de la quote-part sur ces ressources naturelles qui échappe initialement aux multinationales telles que Texaco, Total, Anadarko, BP, Exxon, Halliburton, etc., et qui, par la magie des contrats signés par Sonatrach, retombe aussitôt après dans l’escarcelle de celles-ci. Mais certaines sont plus favorisées que d’autres. BRC est une société de droit algérien, appartenant pour moitié à la société Kellog Brown Root, filiale d’Halliburton du diffuseur de démocratie dans le monde Dick Cheyney et pour moitié à Sonatrach, une société vampire en quelque sorte qui permet à des ministres, des généraux, des fils de généraux, etc., de ruiner le pays sous couvert d’expertise internationale. Rappelons que les sous-traitants dont il est question sont dans l’écrasante majorité des cas des Algériens, dont « l’incapacité » et « l’incompétence » présumées ont conduit initialement à solliciter des étrangers. Une « incompétence » qui se mue immédiatement en « expertise » dès que BRC appose son logo sur les (sur)factures – jusqu’à 20 fois le coût réel – des prestations que ces Algériens vont ensuite réaliser, pour des factures nettement plus modestes mais encore surévaluées…
Affaire BRC. Les chiffres d’un scandale. Le Soir d’Algérie, 21 octobre 2006.
Sonatrach a confié 27 projets à la société mixte Brown and Root Condor (BRC) pour un montant global de 73 milliards de dinars. Pour l’ensemble de ces projets, le gré à gré a été érigé en règle. Sonatrach a allégrement violé le décret présidentiel N° 02/250 relatif à la réglementation des marchés publics. Le client principal de BRC a en effet signé des contrats clés en main, confiant à la société l’étude du projet, l’acquisition des fournitures, la supervision et la réalisation jusqu’à la réception définitive. […] Pire encore, les coûts sont fixés de manière forfaitaire et sans cahiers des charges. N’ayant pas la qualification requise, BRC a souvent eu recours à la sous-traitance. Souvent, son rôle s’est limité à faire l’intermédiaire. Pour certains projets, elle s’est octroyé des marges bénéficiaires atteignant 65% du coût global. Souvent, les prix ont été multipliés par 20. Une « règle » souvent appliquée pour l’équipement des deux tours abritant le siège du ministère de l’Energie. L’entreprise nationale a payé des sommes faramineuses pour leur ameublement. Petit exemple : pour l’acquisition d’une salle à manger, de quatre oreillers et d’un traversin, SH a été sommée de payer 64 500 €… Ce ne sont là que les premières conclusions du rapport établi par l’Inspection […] Selon un premier rapport rédigé par l’IGF, « il est singulier qu’une entreprise mixte créée depuis une douzaine d’années et spécialisée à l’origine en engineering pétrolier se soit orientée vers la réalisation de projets d’infrastructures au profit exclusivement de deux clients ». Sonatrach n’y a vu aucun inconvénient. Au contraire, ses responsables ont contourné la loi pour favoriser BRC. […] Pour y arriver, le Pdg de Sonatrach a usé d’une disposition qui lui confère le droit d’user du gré à gré lorsque la nature des projets relève d’un caractère urgent. La Piscine olympique, le parachèvement des deux tours, du club pétrolier de Zéralda, le réaménagement des villas d’hôtes d’Oran, du Club de Tennis ont été classés dans cette catégorie par le premier responsable de Sonatrach. A ce sujet, le rapport de l’IGF précise que « ce mode de passation de gré à gré a été expressément autorisé sous forme de décisions d’accord prises par le Pdg, sous le sceau de l’urgence alors que la nature de ces projets ne le justifiait pas ». […] Une dérogation dont a usé et abusé le Pdg de Sonatrach. Ce n’est pas l’unique anomalie révélée par le rapport de l’IGF. Ce dernier révèle que des contrats au forfait ont été signés avec BRC sans cahiers, ni devis quantitatif. […] Pire encore, certains contrats sont signés sans l’aval du Pdg, c’est le cas du contrat de réalisation des deux tours et celui concernant la réalisation de la clôture d’un terrain. Dans certains cas, même lorsqu’un avis d’appel d’offres a été lancé, c’est BRC qui est choisie dans « des conditions contestables ». C’est le cas du contrat JOG 2009 du 03/02/2002 portant sur la réalisation de la déviation de l’oléoduc OG1 - 16 pouces Beni Mansour - Alger. Bien que classée en seconde position, BRC a été retenue sur dérogation du Pdg de SH contre l’avis de la commission d’évaluation qui avait jugé l’offre non conforme pour non respect des délais. […]
BRC gagnante même sans soumissionner !
Le contrat ayant pour objet l’étude d’optimalisation du réseau transport des hydrocarbures avait, quant à lui, été attribué dans un premier temps à KBR. Cette dernière s’est désistée au profit de BRC dont il est actionnaire à 49 %. BRC qui n’a donc même pas fait d’offres bénéficie du projet. […] Pour la réalisation de la Piscine olympique, le contrat est libellé d’une partie en dinars d’un montant de 62 millions de dinars et d’une partie en dollars. « Ce qui constitue une singularité dans un contrat qui lie deux personnes morales de droit algérien installées en Algérie ». Autre anomalie : la réalisation des deux tours. […] Incapable de vérifier l’état d’avancement des travaux, Sonatrach a toutefois approuvé les rapports mensuels d’avancement des travaux présentés par BRC.
Une surfacturation de 436 % pour la Piscine olympique de Hydra !
Chargé de réaliser la Piscine olympique, BRC a adressé, le 13 mars 2005, une facture portant le numéro 03/ 05/ PO/02 relative à la fourniture de la structure métallique de la piscine qui se trouve près du siège de SH d’un montant de 272 millions de dinars. Or, la déclaration d’importation montre que la valeur de ces fournitures ne dépasse pas 50 864 169 DA. L’écart est estimé à 436 %. BRC n’a pas fait dans la dentelle : pour la main-d’œuvre, la surfacturation est de 379 %. Sonatrach, pour sa part, s’est montrée très laxiste : elle a payé des travaux non exécutés, n’a pas été regardante sur l’obligation de contracter des assurances tous risques chantier et n’a même pas inquiété BRC lorsqu’elle n’a pas respecté les délais de réalisation. Sans scrupules, BRC a souvent augmenté les prix contractuels sans justification aucune. Pour le cas de la Piscine olympique, l’augmentation est de 96%. BRC justifie ces hausses par l’installation d’une cafétéria, d’un réservoir. Des justifications jugées non pertinentes par les inspecteurs de l’IGF.
Des contrats sur mesure
Premières conclusions de l’IGF : BRC est une société d’engineering spécialisée dans le domaine pétrolier qui a étendu son champ d’activité aux infrastructures civiles et militaires. Les contrats qu’elle a obtenus sont essentiellement du gré à gré sous la formule de l’EPC, appelée clés en main. Cette formule profite entièrement à BRC puisqu’elle lui permet de fixer des prix forfaitaires, de n’être liée par aucun cahier des charges et d’augmenter les coûts à son gré. Pour l’ensemble des contrats réalisés pour le compte de la Sonatrach, cette entreprise, qui n’a pourtant pas les qualifications requises, a eu recours à la sous-traitance parfois jusqu’au troisième degré, ce qui explique des surcoûts irréalistes. En foulant du pied l’ensemble du dispositif régissant la passation des marchés, Sonatrach a favorisé BRC qui ne maîtrisait souvent pas les ouvrages. Sans contrôle aucun, elle a surfacturé sans que les responsables de la Sonatrach réagissent. Ce ne sont pourtant pas les signaux d’alerte qui ont manqué. Une enquête plus approfondie permettra à l’IGF de s’intéresser encore une fois à BRC. Ses domiciliations bancaires, les transferts d’argent à l’étranger, sa situation fiscale, ses autres contrats de sous-traitance, le coût du personnel étranger seront passés au crible et permettront certainement d’en savoir plus sur ce scandale qui risque d’éclabousser un nombre plus important de responsables à différents niveaux.
Quelques chiffres
BRC a facturé à Sonatrach des logiciels à 357 millions de dinars sans qu’aucune facture d’achat existe dans le dossier.
BRC a assuré la formation du personnel d’une unité de déshydratation de gaz et s’est octroyé une marge de 368 %
Pour la réalisation d’un parking-restaurant au profit de SH, BRC a sous-traité avec une entreprise libanaise et s’est octroyé 62 % de marge bénéficiaire.
Pour la réalisation du club pétrolier de Zéralda, un contrat de 124 millions de dinars, elle a sous-traité pour une valeur de 644 millions de dinars, soit un écart de 62 %.
Pour les besoins de la décoration d’une salle de conférences au niveau des deux tours, BRC a exigé 2 461 442, 20 euros.
Il a fallu à Sonatrach débourser 64 500 euros pour une salle à manger comprenant deux fauteuils, quatre oreillers et un traversin.
Acquisition de cinq ensembles de canapés pour un montant total de 82 245 euros.
Achat d’une salle de repos au prix total de 44 000 euros.
Commentaire : De vrais poètes, les dirigeants de Sonatrach ! Voilà une des pistes empruntées par l’argent du pétrole algérien. Les deux autres principaux dossiers – qui réunissent assez d’éléments pour traîner l’ensemble du personnel politique, militaire, médiatique et économique en fonction en Algérie devant les tribunaux nationaux et internationaux pour crimes économiques contre l’humanité – sont le foncier et le bancaire…
Foncier industriel, crédits bancaires, exonérations d’impôts. « La loi favorise les escrocs ». Le Jour d’Algérie, 21 octobre 2006
La plupart des prétendants à l’investissement n’ont rien d’investisseurs. Les députés ne mâchent pas leurs mots. Rencontrés en marge des débats sur la loi de finances 2007, il sont nombreux à estimer que la loi relative à la promotion de l’investissement n’a pas, selon certains parlementaires, tout réglé, hélas, pour freiner la dilapidation du foncier et barrer définitivement la route aux « chasseurs » du foncier industriel et aux autres crédits bancaires pour le montage d’opérations virtuelles avant de s’évaporer délibérément, avec le temps, dans la nature. Le foncier, point essentiel de l’investissement, n’est pas bien réglementé, en dépit de la mascarade qu’il ne cesse de subir au moment où le foncier se fait rare, révèlent des députés au Jour d’Algérie. « Devant la largesse de la loi contre les trabendistes du foncier, la saignée continue », estiment des sources parlementaires de la basse chambre économique sous couvert de l’anonymat. Nos sources expliquent que « la plupart des prétendants à l’investissement n’ont rien d’investisseurs, ils viennent s’installer en présentant un dossier ficelé pour s’adresser à la banque, puis ils viennent demander des lots de terrain pour monter un soi disant projet qu’il ne monteront jamais ». « On leur attribue deux hectares, par exemple, afin de justifier l’octroi d’un crédit bancaire pour monter le financement des projets qu’ils ne réaliseraient pas ou en partie et spéculer avec l’autre partie », développe encore notre source. Le hic, ajoutera-t-on, est « l’hypothèque ». Ces investisseurs véreux présentent à la banque l’acte de concession de l’assiette octroyée pour recevoir le projet dont « ils ne sont pas propriétaires ». « Et c’est comme ça que le foncier est dilapidé », affirment nos interlocuteurs, « par la faute d’une loi trop laxiste ». L’affaire, dite communément « affaire Bouricha », ex-wali de Blida, est l’exemple typique de ce genre de réseaux des opérations « foncier connection ». Une véritable mafia du foncier s’est installée en Algérie, nous explique-t-on du côté du Sénat. Un sénateur, membre de la commission des finances, s’en prend aux députés de l’APN qui ne vont pas dans le fond des choses avant de voter des lois qui engagent l’Etat et ses biens. […]
Grave menace sur l’économie algérienne. La loi des cartels. L’Expression, 10 octobre 2006
Il existe toute une faune d’affairistes qui tirent leur puissance de la rapine, de la violation des lois, de l’évasion fiscale et de l’opacité à tous les niveaux, et qui sont un danger pour l’économie nationale. Qu’est-ce qui a fait sortir le très flegmatique ministre des Travaux publics de ses gonds ? La réponse est peut-être à chercher dans les 11 milliards de dollars qui se trouvent dans la cagnotte de l’autoroute Est-Ouest, et qui suscitent bien des convoitises. D’autant plus que M.Ghoul a placé la barre haute en mettant dans le même sac des groupes algériens et étrangers. Comme de juste, c’est le même jour que la direction générale des douanes dévoile un autre pot aux roses : des importations fictives qui saignent le Trésor public à blanc, en expatriant des sommes faramineuses en dollars. On se croirait dans un film de fiction, si la réalité ne venait pas nous rappeler qu’une bonne partie de l’économie algérienne est bâtie sur le sable de l’informel. L’opacité qui entoure toutes ces transactions interlopes n’a d’égal que le réseau de complexités qui est tissé à tous les niveaux. […] Pour en revenir à M.Amar Ghoul, sa montée au créneau à ce moment précis de la vie politique et économique du pays a ses justificatifs. D’abord elle intervient à un mois du lancement effectif des travaux de réalisation de l’autoroute Est-Ouest, mais elle intervient aussi, après avoir été auditionné par le chef de l’Etat. A-t-il fait part au premier magistrat du pays des pressions dont il est l’objet, et a-t-il reçu la bénédiction de M.Bouteflika pour porter cette affaire sur la place publique. Car il faut dire que l’opinion publique reste le meilleur appui dont puisse jouir un homme politique lorsqu’il est en butte à des pressions intolérables. […] Dans celui du médicament, on a vu que le cartel des importateurs pèse sur l’investisseur productif, en Algérie. La même chose peut être dite de l’automobile, du sucre, du rond à béton, des matériaux de construction, du tourisme, de l’agriculture, de la viande. Comment expliquer qu’un pays comme l’Algérie en vienne à manquer de la pomme de terre, la veille du Ramadhan, ou que dans ce pays qui compte des millions de têtes d’ovins, la viande devienne un luxe pour la grande majorité des citoyens ? C’est incompréhensible, inimaginable et intolérable tout à la fois.
Commentaire : Pour faire bonne mesure, après avoir pillé les ressources, pillé le patrimoine foncier, il reste à taper dans la caisse du Trésor public et pourquoi pas, à le privatiser. Des milliards sont puisés directement à la caisse par ceux-là qui avaient pour mission de les administrer. Cela donne lieu à des faux procès qui sont autant de vrais blanchiments de détournements de fonds. C’est au projet de privatisation des banques publiques que s’attaque maintenant le gouvernement, sous les bravos du FMI, de la Banque mondiale, du Club de Paris, de l’Union européenne et des médias occidentaux… Ainsi, outre la BDL, Banque de développement rural et la BNA, Banque nationale algérienne, il y a le CPA.
Trois milliards d’euros et 4000 agences pour prétendre au CPA. Le Quotidien d’Oran, 15 octobre 2005
Entamée il y a une année, l’opération d’ouverture du capital du Crédit populaire d’Algérie (CPA) vient de franchir une étape décisive. Le ministère des Finances a lancé, hier, un appel à manifestation d’intérêt pour l’ouverture à hauteur de 51% du capital de la banque publique. « Le gouvernement algérien a décidé de procéder à la privatisation du Crédit Populaire d’Algérie en cédant un bloc unique de 51% à un partenaire stratégique seul, conservant une participation de 49% », précise le ministère des Finances dans l’appel à manifestation d’intérêt. Le ministère des Finances précise que l’appel à manifestation d’intérêt s’adresse à « des banques universelles internationales » ayant la capacité d’agir en tant « que partenaire stratégique » du CPA et « de contribuer à son développement » ainsi qu’à celui du secteur bancaire algérien. […] « La privatisation du CPA est un élément important pour la place financière. D’un point de vue fonctionnel et commercial, cette privatisation permettra à des partenaires internationaux d’intervenir sur la place. Elle constitue un élément supplémentaire qui vient conforter l’oeuvre de modernisation et d’ouverture bancaire déjà engagée. C’est un signal très fort aux investisseurs et partenaires étrangers qui souhaitent venir pour participer à la modernisation de notre système bancaire », se réjouit le délégué général de l’Association des Banques et Etablissements Financiers, Abderahmane Benkhalfa. Avec une part de marché de 13%, le Crédit Populaire d’Algérie intéresse plusieurs banques étrangères : les groupes français Société Générale, BNP Paribas et le Crédit Agricole, le britannique HSBC, l’américain Citibank, ABC, Banco do Santander. Avec 129 agences bancaires, 15 succursales, plus de 1,2 million de clients, un total d’actifs de 4,8 milliards d’euros, un portefeuille de crédits de 1,5 milliard d’euros, un portefeuille de titres de 1,5 milliard d’euros, un total de dépôt de 3,4 milliards d’euros, des fonds propres de 420 millions d’euros et 4.000 employés, le CPA est l’une des cinq principales banques d’Algérie.
À propos des marchés de l’autoroute est-ouest. Amar Ghoul : “J’ai subi des pressions”. Liberté, 9 octobre 2006
Le ministre des Travaux publics estime que le projet d’autoroute Est-Ouest, d’une valeur de 11 milliards de dollars, continue encore à susciter les convoitises. “J’ai subi des pressions et si je suis encore vivant, je remercie Dieu. C’est d’un marché de onze milliards de dollars qu’il s’agit.” C’est ce qu’a déclaré hier le ministre des Travaux publics, lors de la conférence de presse organisée au siège d’Algérie Presse Service (APS). Lors de cette conférence de presse à laquelle a pris part El-Hachemi Djiar, ministre de la Communication, le premier responsable du secteur des travaux publics s’est attelé à rejeter en bloc certaines rumeurs faisant état d’une rallonge d’un milliard de dollars sur l’enveloppe financière initiale du projet de l’autoroute Est-Ouest. L’orateur estime que le dossier a passé avec succès toutes les étapes prévues par la loi. “Le gouvernement a agréé le projet présenté par le département des Travaux publics. Le dossier est ensuite passé devant la commission des marchés qui n’a relevé aucune anomalie. L’Agence nationale des autoroutes a respecté toutes les procédures, du début jusqu’à la fin”, tient à préciser le ministre des Travaux publics. Il tirera d’ailleurs à boulets rouges sur “ceux qui veulent torpiller ce dossier mené de manière de maître depuis le début”. Invité à donner plus de précisions sur ces lobbys auxquels il fait allusion, le ministre éludera la question, se contentant de déclarer : “Il y a peut-être des entreprises internationales qui voudraient créer une ambiance de suspicion pour avoir une chance de remporter peut-être le marché lors d’une autre soumission. Je dis que les travaux ont commencé le 18 septembre dernier et que les entreprises (une société japonaise et le consortium chinois) sont à pied d’œuvre.” […]
Amar Ghoul ce soit devant les députés. “J’assume ce que j’ai dit et je dirai plus” Le Soir d’Algérie, 18 octobre 2006
[…] En effet, Amar Ghoul a déclaré récemment qu’il avait subi de “terribles pressions” exercées par des lobbies nationaux et étrangers, sans qu’il révèle néanmoins leur identité. Des pressions extérieures, avec des complicités et ramifications étrangères, voulant, selon Amar Ghoul, compromettre la réalisation de ce projet, au coût total plafonné à 11 milliards de dollars. Cela, suite à l’attribution de ce marché à deux groupements chinois et japonais (CITIC-CRCC et Kojal), ce qui a suscité une polémique sur l’évaluation exacte de ce mégaprojet et même si Amar Ghoul a estimé légitime et normal que ce montant suscite de l’intérêt et une rude concurrence. Hier, tôt dans la matinée, le ministre des Travaux publics, s’exprimant en marge de la plénière nocturne, a affirmé : “ J’assume ce que j’ai dit et je dirai plus (ce soir)”. Selon Amar Ghoul, “tout ce qui se dit ici et là n’est qu’affabulations et mensonges”, le ministre des Travaux publics allant jusqu’à considérer cela comme “une affaire d’intérêt national, une affaire d’Etat”.
Non-attribution du Nobel de la paix à Abdelaziz Bouteflika. L’Algérie humiliée. Abderrahmane Mahmoudi, Le Jour d’Algérie, 17 octobre 2006.
Avant d’aller plus loin, levons tout d’abord une hypothèque soulevée récemment et qui voudrait que Abdelaziz Bouteflika ne soit guère éligible à un prix Nobel de la paix, parce que sous ses mandats, des journalistes auraient été mis en prison ou parce qu’il n’est pas tout spécialement attaché aux notions de droits de l’homme ou de liberté d’expression. Anouar Essadate, Ménahim Begin, Shimon Pérés, et Yasser Arafat, ne sont pas ou n’ont pas été spécialement des parangons de vertus démocratiques. Les deux présidents arabes n’ont jamais rechigné à exercer leur autorité sous une poigne de fer, tandis que les deux dirigeants israéliens ont mis et continuent de placer le peuple palestinien sous une botte quasi fasciste. Cela ne les a pas empêchés tous d’être prix Nobel de la paix sous le regard bienveillant de Washington. Car nous l’aurons compris depuis fort longtemps c’est de là que partent les injonctions et non de Stockholm qui a perdu depuis bien longtemps toute influence sur l’attribution de ce prestigieux prix toutes catégories confondues. […] Cela établi, il reste qu’au-delà des efforts déployés par le Président de la République pour réussir le challenge de l’Etat algérien de faire cesser un terrorisme endémique et de réduire la fracture idéologique qui a coûté la vie à plus de 100 000 d’entre nous, il n’y a pas que des cercles puissants qui ont détourné cette année le prix Nobel de la paix vers un… banquier bengali qu’on dit avoir aidé des milliers de ses compatriotes à sortir de la misère mais qui s’en est bien sorti lui aussi puisque le nobélisé a tout de même réussi à capitaliser plus de 10 milliards d’euros sur ses comptes. Lui ajouter un million d’euros de plus lui fait une belle jambe, lui qui a contribué à la paix comme l’épicier du coin vous fournit votre lait. Non, ce qui a desservi Bouteflika est en partie Bouteflika lui-même qui dans le genre, peut être considéré comme un véritable modèle de mauvaise gestion médiatique de son image. Tout simplement parce qu’il n’a pas voulu, su ou pu réussir à constituer autour de lui, une équipe de spécialistes en la matière. […] Personne, hormis…Khalifa Rafik, qui était sur le point de conclure un accord en ce sens avec un grand bureau d’études américain proche de Collin Powell. La chute du groupe aura compromis un projet aussi ambitieux et privé Bouteflika d’un instrument technique et politique stratégique. […] Bref, nous l’aurons compris, Abdelaziz Bouteflika aura tout fait pour mériter ce prix Nobel de la paix et en même temps tout ce qu’il fallait faire pour se le faire souffler sous le nez par un banquier bengali à la grande déception des Algériens qui auraient été fiers, au moins de compter un nobélisé parmi eux. Et ce n’est pas demain qu’une pareille occasion se représentera.
Commentaire : Le prix Nobel de la paix pour Boutef, le prix Nobel de Littérature pour Yasmina Khadra (alias Mohammed Moulessehoul ou vice versa), le prix Nobel de Philosophie pour Khaled Nezzar, voilà qui rendrait leur fierté aux Algériens de l’Emirat apatride du Club des pins… Et le prix Nobel du léchage de bottes pour Abderrahmane Mahmoudi, bien sûr.
Explosion du Gazoduc au douar B’khaïtia (Mohammadia). Après l’enfer, la résignation. El Watan, 22 octobre 2006
Comment pourrait-il en être autrement lorsque des familles entières ont été disséminées à travers les hôpitaux de la région ? C’est le cas de la famille Teguig, dont le fils Miloud, brûlé au premier degré, se retrouve seul avec sa sœur. Ayant été contraints de quitter l’hôpital, ils rentrent seuls à la maison et attendent l’arrivée des éléments du Croissant-Rouge algérien qui assureront leur pitance.
78 blessés et des maisons endommagées à la périphérie de Mohammadia. Forte explosion sur le gazoduc Hassi R’mel-Arzew. El Watan, 21 octobre 2006
Il y a eu plus de 78 blessés, 50 ovins complètement carbonisés, plusieurs maisons endommagées par les flammes. L’un des quatre gazoducs reliant Hassi R’mel à Arzew a été littéralement déchiqueté par une explosion à la hauteur du douar B’khaïtia II, dans la commune de Si Abdelmoumène, à seulement 4 km au nord de Mohammadia. C’est jeudi, à 7h15, alors que les habitants du douar étaient encore plongés dans un profond sommeil, que la terrible explosion a eu lieu. L’intensité du choc sera telle qu’elle sera perçue dans les agglomérations de Aïn Nouissy, Mesra, Sirat et Fornaka dans la wilaya de Mostaganem. Le bruit sera encore plus violent à Mohammadia, Sig et Bethioua. Instantanément après l’explosion, une flamme gigantesque s’élèvera vers le ciel. Elle restera visible depuis les localités précitées jusqu’à l’extinction du feu qui interviendra au bout de deux heures d’un insoutenable cauchemar chez les habitants de B’khaïtia II, dont plusieurs familles resteront complètement piégées dans leurs habitations, alors qu’à l’extérieur, la chaleur dégagée par l’énorme incendie transformait tout un pan du village en véritable four. […] Selon les déclarations d’un agent de Sonatrach rencontré sur les lieux, l’explosion du gazoduc serait due à la forte corrosion dont les stigmates sont visibles sur une plaque de métal arrachée à la conduite. En effet, des fissures sont nettement visibles, ce qui dénote la présence d’agents corrosifs dans le sol. Selon ce technicien, le point de rupture se situe au Kilomètre 473. Construit en 1982, ce pipeline est chargé de transporter du gaz à une pression de 50 bars, ce qui explique l’intensité de l’explosion. Toutefois, c’est le passage d’une véritable autoroute du gaz – pas moins de 4 gazoducs distants de quelques mètres l’un de l’autre – traversant les marais de la Macta, qui semble poser problème. Certains observateurs feront remarquer que cette zone humide, dont la salinité est légendaire, aurait due être évitée. Car en moins de 3 ans, c’est la seconde explosion qui est signalée dans la région. N’y a-t-il pas un risque à continuer à exploiter ces pipes ? Malgré l’optimisme de cet employé de Sonatrach qui nous déclarait que les réparations n’allaient pas excéder 48 heures, il y a à l’évidence une négligence coupable d’avoir laissé s’ériger ces bidonvilles tout au long des gazoducs. Certains citoyens n’hésitent plus à se rapprocher inconsidérément de ces tuyaux en acier de 52 pouces qui véhiculent un produit hautement inflammable. L’explosion de B’khaïtia II pourra-t-elle aider à mieux raisonner la construction des agglomérations et à remettre en cause la fiabilité des installations pétrolières qui traversent tout le pays ? Faudra-t-il continuer à se voiler la face alors que le danger est réel et, à voir l’état de dégradation des canalisations, probablement imminent ?
Commentaire : Après cela, qui osera contester le projet de délocalisation de la population de Hassi Messaoud lorsque le prodigue américanophile Chakib Khelil viendra proclamer la main sur le cœur : « c’est pour protéger le citoyen algérien dont la vie me tient tant à cœur que je fais cela ». Gageons que BRC se taillera la part du lion dans le projet. Mais il faudra aussi songer à délocaliser villes, villages et bidonvilles se trouvant sur le parcours de tous les gazoducs et les pipelines, soit à peu près l’intégralité des Algériens. Pour assurer leur sécurité, pourquoi pas vers la France et les USA ?