La revue de presse algérienne du mercredi.
Au moment où les décombres fument encore devant les deux commissariats de l’est d’Alger soufflés par d’explosion de deux camions piégés, au moment où sont effacées définitivement les traces judiciaires des crimes passés, au moment où le terrorisme reprend dans les mêmes termes et avec les mêmes acteurs qu’en 1992, au moment où le scandale de dizaines de milliards alloués à des projets fantoches se déclinent dans l’indifférence, au moment où la pauvreté atteint des abysses insoupçonnés, où l’Etat déliquescent montre son incapacité sidérale à régler le plus petit des problèmes qui lui incombent, au moment où les plus hauts dirigeants de l’Etats sont cités dans des filières mafieuses, terroristes, de trafic de drogue, de détournement de fonds publics et de foncier, au moment où la presse engage sans vergogne une campagne de désinformation sur la nature réelle du terrorisme, comme si rien des 15 années passées ne s’est passé, il importe de s’attarder un instant sur la dialectique morbide à l’œuvre.
Édito. Les moyens de sa politique. Salim Tamani, Liberté, 26 octobre 2006
Si en 2000, Ben Laden a jugé que le GSPC était le seul mouvement assez structuré pour aider ses djihadistes internationaux dans la région, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour concrétiser les liens entre les deux organisations.
Lorsqu’en juin 2004, il déclarait qu’aucun terroriste du GSPC ne se trouvait sur son territoire, le président malien ne se doutait pas encore de l’ampleur de l’implantation des terroristes dans son pays. Pourtant, les évènements, qui allaient se succéder quelques mois plus tard, ont bel et bien prouvé que les groupes armés terroristes ont non seulement fait du Mali un pays de transit mais, aussi, une zone de repli. Il est vrai que depuis la guerre menée par Washington contre les positions d’Al-Qaïda, en Afghanistan en 2001, les hommes de Ben Laden ont trouvé dans le Sahel, un endroit idéal pour se redéployer. L’objectif est d’abord de reconstituer les résidus des groupes salafistes de la région afin de tenter d’asseoir des réseaux locaux qui puissent leur permettre d’organiser des attentats non seulement dans les pays du Maghreb, mais aussi en Europe. Dans cette cartographie, le GSPC a quand même réussi à perpétrer plusieurs attaques terroristes.
Si en 2000, Ben Laden a jugé que le GSPC était le seul mouvement assez structuré pour aider ses djihadistes internationaux dans la région, il n’ a pas fallu beaucoup de temps pour concrétiser les liens entre les deux organisations. En 2001, tombait un adjoint de Ben Laden près de Batna. En 2005, Al-Qaïda assassine deux diplomates algériens à Bagdad. En 2006, l’organisation de Ben Laden annonce officiellement son alliance avec le GSPC. Entre-temps, ce dernier attaque une caserne militaire en Mauritanie, procède au kidnapping de touristes occidentaux dans le Sahara algérien et envoie des lots d’armes et de munitions aux groupes armés qui activent au nord du pays. Face à cette situation et compte tenu de l’immense étendue de ses frontières, l’Algérie a décidé d’importantes mesures afin de sécuriser le Sud et participer aux manœuvres de l’armée américaine dans le cadre du Pan Sahel afin d’empêcher le GSPC d’étendre sa présence dans le Sahel. Si l’Algérie est aujourd’hui considérée comme un pays pivot dans la lutte contre le terrorisme international de part sa grande expérience dans ce domaine, il n’en reste pas moins que la mission d’éradiquer des mouvements islamistes radicaux suppose des moyens et une politique de développement assez conséquente en direction des pays du Sud.
Commentaire : Nous avons là un concentré de mensonges grossiers, mêlant tous les ingrédients d’une propagande médiocre, mais dont l’ambition n’est ni d’informer ni même de convaincre, mais de s’énoncer, comme s’énonce une doctrine que d’autres se chargeront ensuite de diffuser.
1 – Le GSPC est une création du DRS tout comme le GIA auquel il a succédé. Suffisamment de documents, d’ouvrages et de témoignages l’attestent.
2 – Chaque fois que le DRS et ses alliés occidentaux (français et américains) ont tenté d’établir cette relation entre Al-Qaïda et le GSPC (dans l’acception qu’il en font, à savoir une organisation islamiste terroriste, car établir ce lien mettrait dans les faits le DRS comme une filiale d’Al-Qaïda), ils se sont pris les pieds dans les ficelles trop grossières de leur argumentation.
3 – En 2001, le pseudo-adjoint de Ben Laden tombé à Batna (un certain Imad Ibn El-Wahid, Yéménite de son métier, est de toute évidence un invention, éventée même dans l’amnésique presse algérienne, tel El-Kadi Ihsane qui se demandait il y a quelques années si le GSPC n’est pas plus une façon de « plaire à l’Amérique [que de] rechercher notre paix », son irruption dans l’actualité coïncidant avec la campagne de séduction de la présidence algérienne envers l’administration américaine qui a depuis mis le riche sous-sol saharien sous son emprise. « Plus rien n’est venu depuis étayer cette piste [dénoncée] par l’ANP [concernant] Imad Ibn El-Wahid » écrivait El-Kadi Ihsane dans Le Quotidien d’Oran (28 novembre 2002, 7 janvier 2003, 18 mai 2003). Mais, encore une fois, l’idée n’est pas de convaincre, mais d’exprimer le mensonge qui doit faire office de vérité que les Pujadas, Sfeir, Jacquad, Bruguière and Co. se feront une joie de propager. 4 – Ce qui est vrai en revanche, c’est le meurtre barbare dans la région de Batna à cette époque d’une cinquantaine de soldats du contingents par le groupe de Amara Saïfi, alias Abderrazak el-Para, agent plus que probable du DRS (voir revue de presse du 24 septembre pour un petit portrait d’El-Para). Depuis, ses aventures rocambolesques (dont l’enlèvement de 32 touristes européens) ont ponctué l’actualité jusqu’à son arrestation en 2004 et sa livraison à l’Algérie où il s’est évaporé avant d’être condamné par contumace ( !!!!) en juin 2005 sans que cela ne soulève l’indignation des médias ou des États dont les ressortissants ont été tout de même maintenus en otage pendant plusieurs mois (il y a eu un mort, mais seulement par insolation, devrait pouvoir dire nos experts en GSPC). 5 – L’attaque de la caserne au nord du Mali est tombée juste à pic pour justifier la mainmise de toute cette partie du globe par l’armée et les multinationales américaines. Elle intervient alors que des manœuvres américano-dictatures-saharo-shéliennes (« Flintlock ») se déroulent sur le terrain même où ces « inconscients » de terroristes ont décidé de sévir… 6 – Tout cela pour conclure que la seule présence d’Al-Qaïda qui soit viable dans le Sahel est celle que véhicule les généraux du Pentagone et leurs généraux supplétifs algériens, qui ne ménagent pas leurs efforts terroristes pour convaincre les généraux maliens, nigérians, tchadiens, mauritaniens de se joindre à la cohorte des supplétifs de George Bush pour piller leurs ressources et les maintenir sous le joug de la faim, de la misère, de la maladie, du sous-développement et du terrorisme. Bref, « l’Algérie a beau être considérée comme un pays pivot dans la lutte contre le terrorisme international [par Bush et autres criminels que l’histoire versera rapidement au registre des monstres] il n’en reste pas moins » qu’il s’agit davantage d’un Etat promoteur du terrorisme international. 7 – Pour finir, la hantise des décideurs algériens est que leurs interlocuteurs occidentaux les prennent pour des Algériens. Et la phrase « en direction des pays du Sud » dans la bouche de l’un d’eux est une illustration parmi foison de pathologie psychiatrique. « Quand des journalistes viennent en visite ici, ils n’arrivent pas à croire qu’il s’agisse de l’Algérie », se vantait Khaled Nezzar devant un journaliste américain (Adam Shatz, The New York Times Book Review, 18 juillet 2003), parlant de son immense villa du Paradou sur les hauteurs de Hydra. Ce régime n’aura de cesse que lorsqu’il aura mis fin à l’entité politique et géographique de l’Algérie actuelle, entérinant une division de fait entre la partite utile, l’Algérie-Club des pins et l’Algérie bidonville où le DRS est à l’œuvre pour cultiver tous les fléaux de l’humanité. Tout cela sous le regard attentiste de « l’opposition » algérienne. 8 – Etc.
Dans une rencontre avec El Khabar. Adlène Layada révèle les détails de son enlèvement. El Khabar, 28 octobre 2006
Le fils de Abdelhak Layada, ancien leader du Groupe Islamique Armé (GIA) est rentré chez lui après cinq jours passés entre les mains d’hommes armés qui l’ont séquestrés dans un endroit inconnu. Il a déclaré qu’il avait fait l’objet d’un interrogatoire minutieux autour « d’une visite à l’émir du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) au maquis », et autour des discussions qu’aurait eu son père avec Ali Belhadj, ancienne figure du Front Islamique du Salut (FIS). […] Adlène a déclaré à El Khabar, hier au domicile familial de la famille Layada à Beraki, alors qu’il se dirigeait au palais du Gouvernement pour remettre une lettre de son père au ministre de l’Intérieur, abordant les souffrances subies. Le jeune homme, qui n’est pas paru franchement affecté par cet enlèvement, a indiqué que les ravisseurs sont descendus et l’ont obligé à monter dans leur voitures, il a déclaré que l’un d’eux parlait au téléphone et a dit « nous avons le fils de Layada », il a donné à son interlocuteur rendez vous sur l’autoroute où une voiture commerciale les attendait. Nous avons roulé pendant plus d’une heure vers un endroit inconnu, on m’avait bandé les yeux et menotté, ils m’ont mis dans une pièce et l’interrogatoire a commencé.
Il a dit qu’il a été interrogé au sujet de repentis qui ont rendu visite à Layada et de la relation de son père avec le numéro deux du « FIS », Ali Benhadj ainsi que du contenu de leurs discussions. J’ai répondu que « les deux hommes ouvraient les portes du bien et fermaient celles du mal ». « Je leur ai demandé de s’adresser directement à eux pour savoir ce qui s’est passé entre eux ».
Ils lui ont également montré des photos de Hassan Hattab l’ex émir du groupe, Abdelwadoud et une personne armée habitant tout prés de chez lui à Baraki. « Quand j’ai reconnu les personnes photographiées, ils m’ont accusé d’avoir des liens avec eux, chose qui n’est pas vraie puisque ces photos sont publiées dans les journaux et les sites Internet et beaucoup de gens les connaissent. ». Au cinquième jour, les ravisseurs l’ont relâché à une heure de marche de Zeralda.
Commentaire : Conclusion qui saute aux yeux, son enlèvement est l’œuvre du DRS. Mais pour quelle raison le DRS monterait-il un tel scénario pour poser des question aussi banales auxquelles « Adlène » aurait pu répondre aisément s’il avait été laissé se rendre « au palais du Gouvernement pour remettre une lettre de son père au ministre de l’Intérieur, abordant les souffrances subies » ?
Proposition d’explication. Le DRS enlevant le fils de Layada pour l’interroger sur le père du fils de Layada accréditerait l’idée que le DRS n’a aucune prise sur ce dernier. C’est donc qu’il serait un vrai ex-« terroriste islamiste » (Notons que la libération réclamée il y a quelque temps par le GSPC allié d’Al-Qaïda n’est plus à évoquée par l’amnésique presse algérienne aujourd’hui qu’il est membre du comité de soutien à la réconciliation nationale). Or, il est plus qu’avéré que toutes les actions qui sont reprochées à Layada père durant la « sale guerre » – qui n’a officiellement jamais eu lieu – l’ont été sous la dictée du DRS. Il semble qu’une relecture de « Françalgérie, crimes set mensonges d’États » (La Découverte, 2004) s’impose à chacun pour remettre à l’endroit ce que les lois d’amnistie se sont efforcées d’emmêler ces derniers temps.
Frontières sud. L´armée algérienne prend position. Fayçal Oukaci, L’Expression, 29 octobre 2006
La vaste bande saharo-sahélienne, abandonnée par les gouvernements locaux, sert de no man´s land aux trafiquants de tout bord et sous-tend une guerre pour le contrôle du trafic de drogue et d´armes. L´attaque lancée par le Gspc contre des rebelles touareg au nord du Kidal a été interprétée comme étant un acte de vendetta pour venger la mort du numéro 2 du Groupe salafite, Abdelhamid, plus connu sous son nom de guerre « Obohola », et qui a été tué vers la fin du mois de septembre par des rebelles du Mali.
Après avoir fait longtemps équipe, les nouveaux enjeux rompent les alliances. Pour les rebelles touareg, engagés dans un processus de désarmement et de rapprochement avec Bamako, ce qui peut les placer en pole position au plan politique, il s´agit de démontrer qu´ils n´ont aucun lien avec le terrorisme et qu´ils se sont intégrés dans une voie résolument légaliste.
Alors que pour le Gspc, qui jouit, quoi qu´on en dise [qui a dit ?], de soutiens à l´intérieur du Mali, il s´agit de reconquérir les espaces perdus. De châtier un ancien allié devenu hostile. Et de faire parler de lui. Evidemment, les objectifs et les contours de ces incursions hors de ses bases et de son territoire restent encore mal connus. En tout état de cause, l´attaque du Gspc ouvre la voie à des éventualités militaires très dangereuses. A commencer par le désarmement des rebelles maliens.
Ce désarmement sera-t-il hypothéqué suite à cette embuscade ? Selon Kidal.info, les ex-rebelles considèrent que l´annonce de leur désarmement et du cantonnement de leurs forces de l´Alliance -qui devrait s´élaborer sous supervision malienne et algérienne- était faite « unilatéralement » par les autorités maliennes sans concertation avec l´Alliance, « qui voit cette annonce comme une provocation ». Annonce faite après la visite, la semaine dernière, du ministre de l´Administration territoriale malien Kafougouna Koné, à Alger. Mais le processus semble grippé. « Certaines conditions posées dans l´Accord d´Alger ne sont pas remplies par les autorités maliennes », ont ajouté les sources de l´Alliance à Kidal.info.
Grâce à une médiation algérienne, le gouvernement malien et les ex-rebelles touareg ont signé, début juillet à Alger, des accords de paix, selon lesquels les Touareg ne doivent plus réclamer l´autonomie de leur région, tandis que Bamako doit accélérer le développement du Nord désertique abritant l´essentiel de la communauté targuie. « Situation explosive » selon le quotidien malien Le Républicain, « les éléments de l´armée algérienne auraient pris position au niveau de la frontière pour, éventuellement, barrer le chemin aux éléments du Gspc » assure-t-il. C´est dire que la situation est explosive actuellement dans le secteur. « Le Gspc étant devenu l´ennemi à abattre ». Pour ce journal, le Gspc serait « pris entre le feu des insurgés de Kidal, de l´armée algérienne et étroitement surveillé par les Américains qui s´intéressent à tous leurs mouvements depuis des années. Malgré tout, le Gspc semble décidé à en découdre avec les insurgés de Kidal. Pour les salafistes, les hommes de Iyad Ag Ghaly (chef des insurgés) sont désormais à la solde des autorités algériennes ». A rappeler que le 30 juin 2005, au moins 13 islamistes armés avaient été tués par l´armée algérienne lors d´une opération à la frontière avec le Mali contre une colonne de véhicules du Gspc. Des sources sécuritaires maliennes avaient, de leur côté, indiqué à l´AFP que 10 personnes avaient été tuées dans cette opération.
Le quotidien Le Républicain note également que les ex-rebelles et le Gspc opèrent dans la même zone : « Une zone par excellence de contrebande, de trafic d´armes, de drogue et de produits de toutes sortes. Ce qui est de nature à compliquer encore davantage la ´´coexistence´´ entre les deux groupes ». Le Républicain s´explique : Il est apparu que les insurgés de Kidal aient décidé de sévir contre le groupe salafiste pour des raisons évidentes de stratégie : entrer dans les bonnes grâces des Algériens. Ceux-ci, de leur côté, ne pouvaient que se réjouir de l´apport des Kidalois dans cette guerre contre les salafistes. L´axe Teghargart (base des insurgés) et Alger était tout tracé et répondait parfaitement à cet adage : « L´ennemi de mon ennemi est mon ami », ajoute Tamoust sur son site web.
Même si de l´autre côté, les autorités d´Alger continuent de « coopérer » avec les autorités maliennes en vue de l´application du pacte que le voisin a parrainé. « D´autant plus que Alger semble reprendre l´initiative dans une zone que les Libyens ont tenté d´investir à coups d´investissements et d´ouverture de services consulaires ». Tripoli a ouvert la semaine dernière un consulat à Bamako, quelques mois après la fermeture de son consulat de Kidal à la suite de l´attaque dans cette ville de deux camps militaires par les ex-rebelles touareg, a indiqué l´AFP citant des sources diplomatiques. En fermant leur antenne de Kidal, huit mois après son ouverture, les autorités libyennes avaient déclaré à la presse malienne qu´elles ne souhaitaient pas être associées « à une opération de déstabilisation du nord du Mali ». La vaste bande saharo- sahélienne, abandonnée par les gouvernements locaux, sert de no man´s land aux trafiquants de tout bord et sous-tend une guerre pour le contrôle du trafic de drogue et d´armes. Et pourra servir aussi les objectifs américains dans leur tentative de contrôle militaire du Maghreb et de la vaste bande du Sahel.
Terrorisme islamiste, contrebande, migrations clandestines. Quelles menaces pèsent sur le Maghreb ? Liberté, 30 octobre 2006
Vu de près, de vraies menaces pèsent sur le Maghreb, et elles sont plus nombreuses qu’on ne le pense. D’abord, la menace islamiste et, plus concrètement, celle découlant de sa version radicale. Le mouvement n’est pas une fiction. Al-Qaïda tente de s’implanter aux portes du sud du Maghreb. Les tout derniers agissements du GSPC, qui s’est mis sous la férule de la nébuleuse de Ben Laden après avoir consommé son échec en Algérie, sont eux-mêmes explicites de la menace qui concerne toutes les frontières sahéliennes du sous-continent.
Il a été à l´origine du scandale du cartel de la drogue à Oran. 5 ans après, Kada Hazil demande toujours une enquête. Salima Tlemçani, El Watan, 30 octobre 2006
Après 44 mois de détention jugée arbitraire, dans le cadre d´une affaire montée de toutes pièces pour le réduire au silence, Kada Hazil, ancien directeur de l´action sociale d´Oran, le premier à avoir dénoncé le cartel de l´Ouest en 2001, ne semble pas désespérer de voir la justice faire la lumière sur cette affaire. Dans l´entretien qu´il nous a accordé, il a mis en exergue les connexions entre les barons de la drogue et certains hauts responsables de l´Oranie.
Vous étiez directeur de l´action sociale de la wilaya d´Oran. Qu´est-ce qui vous a poussé à faire une enquête sur le phénomène de la drogue ?
D´abord, je tiens à préciser que cela fait cinq longues années que je m´intéresse à ce fléau. Au début, de par ma fonction, j´ai reçu des rapports effarants sur la consommation de drogue dans le milieu juvénile. C´est alors que j´ai mené ma propre enquête qui a duré 18 mois. C´était en 2001. J´ai découvert que les barons bénéficiaient de la complicité de ceux-là mêmes qui étaient censés protéger la jeunesse de ce mal ravageur. J´ai alors établi un rapport détaillé et je l´ai remis en main propre à un officier du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), lequel à son tour a fait son travail, puisqu´il a mené des investigations sur le milieu et il est arrivé aux mêmes résultats. J´ai par la suite transmis le même dossier au président de la République et j´ai même été reçu par Larbi Belkheir, dans son bureau à la présidence, alors directeur de cabinet de Bouteflika. Toutes ces démarches ont eu lieu entre mars et juin 2001. A l´époque, le président de la République était venu à Oran et a lancé une phrase qui a fait l´effet d´un séisme au sein de l´organisation. Il avait demandé à la population oranaise de l´aider à couper la tête aux trafiquants de drogue qui manipulent le terrorisme. Ces déclarations ont été suivies par la saisie de 9 quintaux de kif, puis trois autres à Sidi Chami, dans le domaine agricole de Zendjabil.
Ceux qui ont été arrêtés à l´époque n´étaient que des chauffeurs ou des agents d´exécution du réseau. Les vrais parrains n´ont jamais été cités ou inquiétés. J´ai également profité de la visite du ministre des Finances, M Benachenhou, lors d´une réunion avec l´exécutif d´Oran, pour lui parler de ce que j´ai qualifié à l´époque de complot contre le président, lequel a été destinataire d´un rapport détaillé. La riposte des mis en cause a été rapide, puisque le 13 juin 2001 j´ai été arrêté et incarcéré, pour soi-disant une affaire de détournement. Avec la mise aux arrêts du colonel Abdelaziz, directeur régional du contre-espionnage, le trio a rendu dociles tous les services de sécurité à l´échelle locale et aucun responsable n´osait dire la vérité à sa hiérarchie fonctionnelle d´Alger. Ils étaient obligés, sous la menace, de rédiger des rapports complaisants à l´autorité centrale. Le gouvernement était coupé de ses relais d´information au niveau de toutes les wilayas de l´Ouest.
Pour revenir à mon cas, la prison a été pour moi une expérience. J´ai appris beaucoup de choses à l´intérieur, parce que j´étais en contact avec les nombreux éléments du réseau arrêtés, dont la plupart ne savaient même pas ce qu´ils transportaient. J´ai aussi connu certains barons et passeurs qui m´ont fait des révélations importantes, notamment sur leurs relais. Raison pour laquelle j´ai continué mes investigations, parce que je considérais que j´étais sur la bonne voie et que je n´ai ni diffamé ni calomnié les autorités mises en cause. Mes investigations ont permis de cerner l´ensemble des données relatives à l´acheminement, la commercialisation et l´exportation de la drogue. De ma cellule à la prison civile d´Oran, j´ai écrit plus 170 lettres et rapports aux plus hautes autorités du pays. Je sais que bon nombre de mes proches et amis ont subi les foudres des autorités locales à cause de mes écrits. Parmi eux, l´ex-wali d´Oran, Bachir Frik.
Celui-ci n´aurait jamais fait la prison si je n´avais pas transmis les rapports à la présidence. L´opinion publique aurait souhaité que l´enquête faite sur la gestion de Frik soit élargie à celle de Kouadri par exemple, parce que c´est sous son règne que la drogue a empoisonné la jeunesse, en se répandant dans tous les secteurs : lycées, collèges, universités, cafés et maisons de jeunes. Les victimes de ce trio sont très nombreuses. Je peux citer aussi le cas du sénateur Habibi Djamel Eddine, qui m´a soutenu et transmis mes rapports sur le réseau de la drogue à la présidence dès mon incarcération en juin 2001. Il adressait tout mon courrier à Bouteflika, sous le sceau du sénat en tant que président du tiers présidentiel. Habibi et sa famille ont été terrorisés. Il a été totalement isolé de l´activité sénatoriale et a même failli être privé de son statut de sénateur. Il a fait l´objet d´une campagne médiatique virulente. Mais il a su tenir tête.
Peut-on connaître quelques détails du contenu du rapport que vous avez transmis au président de la République ?
J´ai dénoncé l´existence d´un vaste réseau de trafic de drogue parrainé par le trio Kamel Abderrahmane, ancien chef de la deuxième région militaire, Mustapha Kouadri, ex-wali d´Oran, et Mokhtar Mokrani, ancien chef de la sûreté de wilaya. Durant l´exercice de leurs fonctions, ces responsables ont terrorisé les cadres et tous ceux qui osaient s´opposer à leur oeuvre macabre, à savoir le trafic de drogue. Avec des dossiers préfabriqués, ils ont jeté en prison le quart de l´effectif des douaniers d´Oran, à leur tête le divisionnaire du port. Ils ont organisé une véritable chasse à l´homme qui n´a épargné aucun milieu : civil, police, militaire et sécuritaire. Tout élément jugé hostile à leur organisation se voit emprisonné, muté, radié ou mis à la retraite d´office. Ils avaient la mainmise totale sur l´ensemble des secteurs, notamment de la justice. De 1996 à juin 2004, les juridictions locales se sont transformées en appareils-appendices chargés d´exécuter les projets de règlements de compte de ce trio. Son objectif était de mettre tous les secteurs d´activité au service du crime organisé international. Oran échappait complètement aux lois de la République.
Selon vous, Ahmed Zendjabil ne constitue en fin de compte qu´un élément dans le trafic de drogue ?
Zendjabil n´est qu´un exécutant. Je peux même affirmer qu´il est la victime de l´organisation… N´a-t-il pas profité de ce réseau ? Il agissait sous leur protection. Sans eux, il n´aurait jamais pu exporter la drogue vers l´Espagne, la France, la Belgique et l´Italie. Lorsque je menais mon enquête sur le trafic, j´ai découvert que 40 % du kif produit au Maroc transitait par l´Algérie avant d´être exporté par les ports d´Oran et d´Alger ou par voie terrestre. J´espère qu´il dévoilera toutes les ramifications de cette organisation au sein de l´administration et des institutions de l´Etat. Certains peuvent penser que l´affaire Zendjabil va être étouffée. Quant à moi, je suis persuadé que le gouvernement a tout à gagner à faire un procès en bonne et due forme en traduisant en justice toutes les personnes impliquées, quel que soit leur rang. Dans la justice, il ne devrait pas y avoir d´exception. Il y a bien eu des ministres qui ont été entendus dans le cadre de l´affaire Khalifa. Le trafic de drogue est bien plus grave que les affaires de dilapidation à travers Khalifa ou la BCIA. La drogue est une affaire de destruction du potentiel humain de la jeunesse à long terme. Se taire, c´est être complice d´un crime contre l´humanité. J´ai toujours appelé à l´ouverture d´un débat national à tous les niveaux du pouvoir et de la société civile. Nos prisons recèlent des données inestimables sur les réseaux de trafiquants et peuvent donc servir pour assainir les rouages de l´Etat infectés par des complices au service du crime organisé aux frontières.
Un phénomène à plusieurs facettes. La mendicité prend de l´ampleur dans les grandes villes. El Watan, 30 octobre 2006
Le phénomène de la mendicité fait aujourd´hui partie du décor de toutes les rues et ruelles d´Alger ainsi que de celui des grandes villes du pays. Toutefois, en l´absence de statistiques fiables, il est difficile d´évaluer le phénomène de la mendicité dans ses justes proportions. […] Chaque jour, leur nombre s´accroît comme pour rappeler à ceux qui soutiennent mordicus que l´Algérie n´a pas de pauvres que la réalité est tout autre. Une virée dans la capitale permettra, à coup sûr, de constater de visu cet état de fait. Que ce soit à Alger-Centre, Bab El Oued, 1er Mai, El Biar…, les mendiants sont légion. En sillonnant les rues de la capitale, on rencontre plusieurs catégories de mendiants, dont un grand nombre sont infirmes, malades mentaux… On trouve des femmes traînant derrière elles leurs enfants. […]
El Djazia (Oum El Bouaghi). Ramadhan et Aïd chez les pauvres. Liberté, 26 octobre 2006
[…] En quittant la maison vers El Karia, à quelques dizaines de mètres de là, un autre père de famille nous lance : “Les habitants de Djazia n’existent pas sur la carte Algérie !” Notre interlocuteur a aussi 5 enfants à charge. […] Évoquant les vêtements de l’Aïd pour les enfants et les dépenses de Ramadhan, il dit avec regret : “Nous avons appris à nos enfants de ne pas penser à ce genre de choses. J’ai 2 enfants dans le cycle moyen, je n’ai laissé qu’un seul poursuivre ses études, faute de ressources financières. Je ne peux plus prendre en charge les dépenses de l’école.” Un jeune le relaie pour nous apprendre que “plus d’une centaine d’élèves de cette commune ont quitté les bancs de l’école, cette année, à cause du prix du transport scolaire, 10 dinars [1 €] la journée. Ajoutez à cela l’incapacité des parents à acheter les livres et autres manuels scolaires”. […]
Les gens vivent ici au-dessous du seuil de pauvreté. Il est exclu d’aborder avec ces gens la question des préparatifs et les dépenses de l’Aïd. Au centre du village, à proximité du siège de l’APC, se trouvent les 7 locaux de commerce, dans l’un d’eux, un jeune de 22 ans, titulaire d’un DEA en mécanique, dit lui aussi vendre à crédit. Un autre, plus âgé, 31 ans, sans travail, marié et père d’une fille de 2 ans, a une “table”. La valeur des produits “exposés” est de 3 000 dinars, pris à crédit chez un grossiste. Il nous déclare ne dégager, quotidiennement, qu’entre 50 et 100 dinars [1 €] de bénéfice, juste de quoi acheter le f’tour, généralement de la chorba ou du lait avec du pain quand l’argent vient à manquer.
Commentaire : Vendredi après-midi, sur France 5, dans un documentaire consacré à la migration des jeunes africains vers l’Europe, nous pouvons voir un douanier algériens dans la frontière sud proposer à des « Africains » que les gendarmes viennent tout juste de refouler de les ramener vers Tamanrasset contre 2500 DA, ou 25 euros. Les malheureux n’ont plus rien, ils ont déjà dépensé leur fortune dans les tentatives précédentes. Mais le douanier n’est pas borné. Sous l’objectif de la caméra du journaliste, il rachète un téléphone portable à un malheureux, pour 10 €, que celui-ci lui rend immédiatement pour payer son transit vers Tam. Quelques minutes plus tard, sans que l’on sache quelles autres transaction ont permis ce miracle, le 4x4 rempli à ras bord reprend la piste vers l’improbable Eldorado… Car Tam est loin d’Alger, d’Oran. Or, quel sort les attend sur ces latitudes ?
Des Algériens paient jusqu’à 10 millions [de centimes, 1000 €] pour le voyage. Les nouveaux passeurs de la mort. L’Expression, 30 octobre 2006
[…] De véritables réseaux de passeurs opèrent dans le Royaume depuis plusieurs années. Il était très rare de voir parmi les candidats des Algériens. Ces derniers, échappant aux réseaux qui ont pignon sur rue au Maroc, tentaient généralement l´aventure en solo. Or, en cette année 2006, les départs à partir du territoire national, plus précisément à l´ouest du pays, ont fait leur apparition. A Kristel, Cap Falcon, Ghazaouet ou à Béni Saf, de véritables « expéditions » sont régulièrement organisées dans des embarcations de fortune. Et ce ne sont pas des bandes de copains qui tentent l´aventure, mais des jeunes et moins jeunes ne se connaissant pas du tout, qui se retrouvent au même moment sur une plage de la côte oranaise. Selon des sources bien informées, ces candidats ont été contactés dans leur ville de résidence par des « agents » d´un réseau d´immigration clandestine qui facture ses « prestations » environ 10 millions de centimes.
[…] Cependant une chose est sûre c´est que l´aventure de ces sept malheureux candidats n´a pas démarré à partir de la petite ville de Aïn Turck de l´ouest du pays mais bel et bien des wilayas d´où ils sont originaires, à savoir Alger et Tizi Ouzou.
Autrement dit, l´expérience regrettable de ces sept Algériens qui ont failli y laisser leur vie, eu égard aux péripéties qu´ils ont subies constitue, en elle-même, une preuve indéniable quant à l´existence d´un réseau spécialisé, de surcroît si bien structuré avec ses passeurs, ses rabatteurs ainsi que ses « soutiens » et qui opère non seulement à Alger et les villes du centre mais également dans les autres contrées du pays. Les membres de ce réseau s´occupent du recrutement des candidats à l´émigration clandestine, et la mésaventure que viennent de vivre les sept jeunes d´Alger et de Tizi Ouzou est la preuve irréfutable de leurs agissements illicites.
Sillonnant les grandes villes du pays et mêmes des villages les plus enclavés de l´Algérie, des « recruteurs », qui perçoivent leur ristourne pour chaque candidat, mettent les jeunes en contact avec des passeurs. […] Beaucoup de traversées ne se déroulent pas comme prévu. L´arnaque dont sont victimes les candidats, des opérations des services de sécurité, une mauvaise météo, sont autant de raisons qui font échouer ces « expéditions ». Mais il arrive que l´échec coûte la vie à de jeunes Algériens, comme cela a été constaté récemment où six corps de clandestins ont été repêchés par les gardes-côtes au large d´Oran, le 24 octobre dernier. Au vu de l´importance du réseau tissé par les passeurs, il est très probable que ce genre de drame puisse se reproduire dans un futur proche. Cependant, jusqu´à l´heure actuelle, les services de sécurité réfutent catégoriquement l´existence d´un trafic de ce genre à l´intérieur du territoire national. Ni à Alger, ni dans les autres villes du pays, les services de sécurité n´ont pu, pour l´heure, démanteler ce réseau de rabatteurs qui semble bien connaître son travail. Il y a eu quelques arrestations de passeurs, mais sans que cela influe sérieusement sur ce trafic humain qui prend des proportions alarmantes aussi bien à l´ouest qu´à l´est du pays.
Immigration clandestine. Six noyés, deux rescapés et des disparus près d´Oran. El-Watan, 26 octobre 2006
Une tentative d´émigration clandestine a tourné au drame durant la journée de l´Aïd El Fitr au large de Coralès sur la corniche oranaise. Les éléments de la Protection civile, qui ont été avisés par les gardes-côtes, ont pu secourir deux passagers clandestins, l´un originaire d´Oran, qui serait le passeur, et le second d´Alger, et repêcher les cadavres de six personnes noyées.
[…] C´est ainsi qu´en l´espace de deux semaines, pas moins de 18 clandestins seront sauvés en haute mer par des navires, dont l´un appartenant à la marine américaine. La plupart des ces candidats à l´émigration sont originaires des wilayas d´Oran et de Tlemcen. Toujours durant cette courte période, 9 autres rescapés seront sauvés d´une mort certaine à quelque 36 miles au large de Achâacha. Ce choix s´explique essentiellement par la relative proximité avec les côtes espagnoles. En effet, les plages de Madagh, des Andalouses (wilaya d´Oran), d´El Ouardania (commune d´Oulhaça, à une vingtaine de kilomètres à l´ouest de Beni Saf), ou de Bouzedjar (wilaya de Aïn Témouchent) ainsi que celles de Sidna Youchaâ et de Mekhalla-plage dans la région de Honaïne (wilaya de Tlemcen) se sont transformées, en l´espace de quelques années, en véritable plaques tournantes de l´émigration clandestine à destination de l´Europe. […] Pour l´année 2005, ces mêmes services avaient enregistré 119 tentatives. Certaines familles, qui avaient contacté le service spécialisé mis en place depuis une année par le Croissant-Rouge algérien pour d´éventuelles recherches des disparus, attendent toujours des nouvelles de leurs enfants ou de leurs proches. Ces derniers, désespérés, sans emploi, avaient pris le risque et tenté l´aventure pour un eldorado outre-mer. Mais, lorsque le rêve courtise l´aventure, le désir d´aller voir ailleurs demeurera toujours plus fort, tant que les causes de la marginalisation d´une grande partie de la population ne seront pas résolues.
Coopération militaire. La France se replace dans les ventes d´armes à l´Algérie. Liberté, 30 octobre 2006
En 2005, le montant des acquisitions algériennes a été de 7,3 millions d´euros.
moi ca me degoute de lire le nombre et la diversite des Problemes existant en Algerie et cette Algerie meme esseys avec sa politique exterieur de resoudre tous les Problemes de l Afrique !!!
moi ca me degoute de savoir dans quel misere et pauvrete vivent (une grands majorite)les Algeriens dans un pays riche en ressources d energie naturelles !!!
moi ce me degoute de voir ces politiciens de Bouteflka & Co et ces generauts pour l’ eternite deponsent des Millions de dollard dans l’ armement tout en enrichissant des pays deja riches comme la France , USA etc !!!
moi ca me degoute ces politiciens de Bouteflika & Co qui forcent leur aides financieres a des pays africains corrompus pour simplement les suporter dans leurs ideologie ancienne issu de la guerre froide !!!
moi ca me degoute d entendre Mr Bouteflika pretendre de resoudre le probleme israelo-palestinien :-(( alors que son propre pays demeure toujours dans la violance et l insecurite !!!
moi ca me degoute d entendre que Mr bouteflika & Co s engagent dans la construction d un continent africain stable economiquement alors que son pays n arrive meme pas a geren le marche de pommes de terre !!!!!!!!!!!!!