Les sujets de Bouteflika emprisonnés en Occident reçoivent un soutien très timide de leur belle patrie.
Cherchez l’erreur ! « Mais pourquoi la diplomatie algérienne est incapable de voler au secours de nos ressortissants à l’étranger, injustement emprisonnés dans différents pays européens, en Amérique […] sous de prétextes fallacieux et sans aucune preuve de leur appartenance à des organisations terroristes » ? Telle est la question que se pose Hassan Aribi, député d’El-Islah, relatée dans Le Quotidien d’Oran du 12 octobre.
Pourquoi ce régime apprécierait-il les Algériens de l’étranger davantage que les Algériens de l’intérieur qu’il voue à la misère, à la déchéance et qu’il spolie de leurs richesses et de leur liberté ? Mais la réponse à la question, c’est un peu Nicolas Sarkozy qui la donne : « La plupart des renseignements qui permettent le démantèlement de cellules terroristes nous sont fournis par les services secrets étrangers ». Pourquoi la « diplomatie algérienne » irait-elle réclamer la libération d’hommes dont elle a commandité les arrestations ? Quel est le profil de ces hommes « injustement emprisonnés » ? Souvent d’honnêtes citoyens. C’est le cas de Lotfi Raïssi qui, après un séjour de plusieurs mois à la prison de Belmarsch, à la demande des Américains, est blanchi de toute accusation : « Ma vie a été détruite. J’avais choisi d’être pilote, je m’étais battu pour ça. Mais parce que j’étais Algérien, musulman, arabe et pilote (…) j’étais coupable et j’ai dû prouver mon innocence(El Watan du 11 octobre 2006 », se plaint-il. C’est également le cas de ces 6 Algéro-bosniaques ; ils ont quitté l’Algérie vers 1990, et arrivent en Bosnie qui leur offre une seconde chance. Mariés pour certains à des Bosniaques, experts en informatique ou agents administratifs, leur vie bascule en novembre 2001 lorsqu’ils sont arrêtés, . Ils sont accusés par les autorités américaines d’avoir planifié des attentats contre les ambassades américaine et britannique à Sarajevo avant d’être acquittés par la Cour suprême bosniaque. « Mais le jour de leur libération, à quatre heures du matin, et sous les yeux de leurs familles qui attendaient derrière les grilles, ils sont menés, cagoulés, vers une destination inconnue » racontait en 2003 le site Algeria Interface. Libéré avec une paralysie faciale à la suite de tortures à Guantanamo, l’un d’eux, Mustapha Aït-Idir, a porté plainte contre l’administration Bush en avril 2005.
Pour d’autres, l’itinéraire est plus équivoque. Ayant transité par l’Afghanistan ou le Pakistan, tout les accuse ! Que faisaient-ils dans ces régions tourmentées, sinon des projets condamnables ? Si des itinéraires individuels de militants du djihad ne sont pas exclus, il est notoire que les filières de recrutement pour ces pays en Algérie sont l’œuvre de la Sécurité militaire (SM). Et, pendant toute la décennie 1990, le Pakistan était l’une des rares portes de sortie pour les candidats à l’exil dont les parents ne sont ni généraux ni n’ont d’entrée dans les consulats de France. Mais qu’advenait-il de ceux qui, parvenus là-bas, filaient à l’anglaise et rejoignaient l’Europe, espérant tourner la page ? Le DRS (département renseignement et sécurité) les poursuit de sa vindicte en les livrant aux services de sécurité occidentaux et ce sont souvent eux qui constituent des pseudo-réseaux démantelés devant les caméras et que l’on relâche sans publicité quelques semaines plus tard. Car ceux qui méritent la prison y vont rarement.
Tel Ali Touchent, coordonnateur des attentats à Paris, agent du DRS et protégé de la DST qui l’a aidé à échapper aux rafles où sont tombés les réseaux successifs qu’il a constitués. Exfiltré définitivement en 1995 après la vague d’attentats de Paris, il est rentré à Alger où il a « disparu ».
La fin fut plus funeste pour Khaled Kelkal (« Finis-le ! » Tels furent les derniers mots qu’il a entendus avant de recevoir la balle qui lui ôta la vie), co-acteur des mêmes attentats. Son aventure a commencé quelques mois après qu’il soit revenu d’Alger exempté de service militaire ; un privilège rare et qui valait sans aucun doute partie du salaire pour amener la France à suivre les généraux éradicateurs dans leur folie meurtrière. Ce qui fut fait. Et cela n’est pas de l’histoire ancienne. Vu les nécessités de l’axe du Bien autour de Bush-Bouteflika-Sarkozy-Blair et consorts – comprendre la nécessité de maintenir sous le joug les peuples qui occupent les espaces où reposent d’énormes gisements d’hydrocarbures – il est à prévoir que des Kelkal du bioterrorisme sont en cours de formation. Pour vitale qu’elle soit, cette question ne donnera hélas lieu à débat ni dans les médias algériens, ni dans leurs homologues français.