Le président Bouteflika milite activement pour enterrer de façon radicale la guerre civile des années 90 : l’amnestie générale des islamistes armés. Et, au passage, des généraux qui les combattaient.
Il aura fallu dix ans et deux mandats pour que le président Bouteflika franchisse le pas et lève prudemment le tabou d’une amnistie générale des islamistes armés. A croire qu’après une loi sur la Concorde civile en 1999, une seconde sur la Réconciliation nationale en 2005, le moment est maintenant venu. Le 6 avril dernier, jour de clôture de la campagne présidentielle 2009, Abdelaziz Bouteflika s’est lancé : « l’amnistie générale au profit de ceux qui persistent dans la voie de la violence ».
Depuis, il a été élu “triomphalement” à la tête de l’Algérie à l’issue d’un scrutin truqué et jouit de davantage de latitude pour démontrer qu’il peut imposer son pouvoir et gouverner… seul ou presque. Le rêve de tout président algérien jusqu’ici bien tenu en laisse par la Sécurité militaire !
Il faut dire qu’au cours du second mandat du président, quelque chose a changé… Six mois après sa deuxième élection, en 2004, Abdelaziz Bouteflika avait lancé un ballon d’essai en se risquant à évoquer du bout des lèvres la possibilité d’une amnistie pour les « responsables du drame national » (les groupes islamistes armés dans la terminologie officielle).
Prudent, il avait aussi soufflé qu’il y était favorable mais qu’il ne s’engagerait « dans cette voie qu’une fois que le peuple aura été consulté ». Puis patatras boum boum ! Bouteflika avait dû se rétracter quelques mois plus tard et renier toute notion d’amnistie dans le projet de Charte pour la paix et la réconciliation qu’il a soumis à référendum populaire en septembre 2005.
« Seul Dieu peut l’accorder ! » avait-il balayé, contrit et pour mieux botter en touche. Preuve que la perspective d’une absolution à l’égard des extrémistes barbus relevait alors autant d’un vœu pieux du président que du sacrilège dans les rangs éradicateurs des généraux algériens.
Mais, tenace, Abdelaziz Bouteflika n’a pas lâché, attendant son heure. A défaut d’user prématurément du terme d’« amnistie », la Charte pour la paix et la réconciliations nationale en prenait déjà le chemin : plus strictes sous la Concorde civile (1999), les conditions de remise en liberté des islamistes armés n’ayant « pas commis de massacres, d’attentats à l’explosif ou d’atteintes à l’honneur » qui s’engageaient à renoncer à la violence, s’en étaient trouvées largement assouplies, au point de « blanchir » totalement les repentis.
Le tout au grand dam des populations des villes et villages que ces derniers réintégraient, comme des intéressés, totalement livrés à eux-mêmes et marginalisés, au point de se retrouver mieux accueillis… dans les maquis. En effet, faute de retrouver une place au sein de la société, pas mal ont repris les armes.
Faute d’avoir depuis pu atteindre ses objectifs, qui visaient la reddition de l’ensemble des islamistes armés et leur réinsertion sociale, la politique de réconciliation doit donc subir « un approfondissement », avait pudiquement prévenu le Président candidat.
Soit quelques aménagements. Face à un terrorisme qui n’en finit pas d’être résiduel, avec la reprise des attentats terroristes depuis 2007 perpétrés par le groupe Al-Qaida dans les pays du Maghreb islamique (AQMI, ex Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) comptant de surcroît dans ses rangs nombre d’ex-repentis, le président réélu le 9 avril dernier veut aller plus loin.
Il prévoit carrément une approche radicalisée de la paix : d’un côté, une carotte plus alléchante pour convaincre les derniers « résidus terroristes » de descendre de leurs maquis, en leur promettant l’impunité ; de l’autre, la menace d’un bâton en forme de coup de massue éradicateur contre tous « les égarés » qui « seront combattus avec des armes encore plus fortes » s’ils s’obstinaient encore à « agir contre le peuple algérien et ses intérêts ».
Pas sûr que cette nouvelle approche saura convaincre les troupes d’AQMI, dont l’Emir a encore dénoncé « l’arnaque » dans un communiqué daté du 2 avril 2009 : « les découragés qui ont adhéré [à la Charte de la paix] ont pu se rendre compte que l’imposteur Bouteflika les avait trahis et que ses promesses étaient fallacieuses ». Mais là n’est peut-être pas le seul objectif.
Conçue comme un « package », mêlant pardon total et sanction totale dans une même dynamique de paix, l’amnistie selon Bouteflika offre aussi de réconcilier dans une même immunité les protagonistes des deux camps de la « tragédie nationale » des années 90.
Autrement dit, de garantir une nouvelle vie pour les encore irréductibles terroristes et une belle fin de vie aux responsables de la lutte antiterroriste de cette époque, sur lesquels pèsent les accusations de dérives dans la gestion sécuritaire et la menace d’un jugement par une Cour internationale.
Autre effet collatéral prévisible : celui de pouvoir du même coup classer définitivement, sans avoir à l’ouvrir, le très sensible dossier des « disparus » de la guerre civile au sein des deux camps…
Quant au peuple, cette caution dont Bouteflika raffole, il est en droit de se demander si ce n’est pas « pour » ou « contre » l’amnistie qu’il devra voter, mais plutôt « oui » ou « non » à… l’amnésie nationale.
Cela n’a pas échappé à l’ancien chef du Front Islamique du Salut (FIS, dissous), qui de son exil au Qatar, a fustigé cette approche du pardon qui « exclut le règlement politique au profit d’une gestion sécuritaire » de la tragédie nationale.
Plutôt que d’y contribuer, Abassi Madani, accusé par le régime algérien d’être à l’origine des milliers de morts qui avaient suivi la suspension du processus électoral en 1992, a affirmé à El-Khabar hebdo du 8 avril, être « prêt à comparaître devant n’importe quel tribunal, y compris celui de La Haye, tant qu’il est juste et légitime ». Mais « à la condition que les généraux, Présidents et autres ministres comparaissent en même temps que moi ». Faut peut-être pas rêver…
Après de longs jours de silence, le président Bouteflika qui s’est fait triomphalement réélire à la tête de l’Algérie le 9 avril dernier, a enfin décidé de la composition du premier gouvernement de son troisième mandat : on prend les mêmes et on recommence !
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est reconduit. Idem pour des ministres qui n’ont pas fait leurs preuves et que Bouteflika en personne a critiqué de manière virulente dans le passé.
C’est notamment le cas des sieurs Chakib Khelil, nullissime ministre de l’Energie, réputé pour ses accointances avec les Américains, et d’Abdelhammid Temmar, ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements dont la politique industrielle fait se gondoler tout économiste qui se respecte. Seule exception : Bouguerra Soltani, le chef de file des islamistes très bien élevés du MSP quitte le gouvernement à sa demande mais il occupait un poste de ministre… sans portefeuille.
Comme l’a écrit à juste titre le quotidien El Watan dans son édition du 28 avril : « Tout compte fait, ce n’est point l’obligation de résultat qui préside à la nomination ou à l’éviction d’un ministre, mais bien le gage de fidélité et d’allégeance qu’il soit capable de donner ». C. G.
A lire et relire sur Bakchich.info :
Bonjour,
Ne trouvant point mention de l’actualité Algérienne de ces derniers jours, précisément sur l’affaire des moines de tibhirines ,dans vôtre site ,Je me permets de vous demander de nous affranchir pour ce silence assourdissant. Par manque de tribune, je me suis permis cette contribution, pour répondre à ceux qui s’évertuent à n’avoir que mépris ou paternalisme pour l’Algérie. Quel qu’en soit ce qui s’est passé il y’ a de cela treize ans,il se doit d’user de mots choisis et circonstanciés respectant les principes diplomatiques les plus élémentaires ;même si celui-là est Président d’un grand pays ! Il y ’a et c’est clair ,anguille sous roche. Qui a intérêt à remettre sur le tapis ce drame que fût l’assassinat des moines trappistes ? Pourquoi en faire étalage dans "presque tous les médias" ? Veut-on négocier quelque chose avec Alger et on se servirait de cette affaire pour peser ? Veut-on mettre a mal un politique Français du gouvernement de l’époque ? Cette affaire d’hélicoptères est invraisemblable. Comme par hasard ,il s’agit de propos recueillis par le général B…auprès du frère d’un des responsable de cette troupe héliportée .Un président d’un grand pays réagit brutalement à la limite de l’insulte à un pays avec lequel nous avons des liens historiques. C’est à ne rien comprendre,sauf à penser au machiavélisme d’une cabale pour démolir la réconciliation nationale en Algérie et à saborder l’amnistie générale que voudrait faire appliquer le président Algérien.Et là ,cela va contrarier les objectifs réels de ce grand pardon que voudrait réaliser le président.Il est a savoir qu’il intègre le pardon aux assassins islamistes et aux généraux qui les combattaient.Tout ce beau monde travaille déjà ensemble au gouvernement et se partagent la rente du Gaz et du pétrole Algériens. Le fait de narguer les entreprises Françaises du marché Algérien est pour moi toute l’affaire. Une place de leader sur le marché Algériens ou je fais tout pour vous empoisonner la vie. Les Algériens qui ne se reconnaissent ni dans le pouvoir Algérien ni dans l’idéologie islamiste ,ne se reconnaissent pas non plus d’un pays qui se fourvoierait dans de telles escarcelles.Même si ces mêmes personnes sont contentes de voir leur Raïs se faire chahuter par Sarko. Cependant si des preuves tangibles existent sur le fait de militaires Algériens qui auraient commis une bavure, ils en existe tellement de ces bévues que ce soit en Irak ou en Afghanistan ,à Gaza et j’en passe. Si c’était le cas ,les Algériens se seraient excusés profondément auprès des Familles de ces défunts trappistes.
Il ne faut surtout pas baisser la garde. La question du Sahara marocain - ou des Provinces du Sud, si l’on préfère cette dénomination plus neutre - est toujours d’actualité. Elle s’impose au devant de l’actualité et requiert toute notre vigilance et appelle tous nos efforts.
Il en sera ainsi jusqu’à ce que, définitivement, ce dossier épineux, non par la faute de la partie marocaine, sera clos et enterré. C’est-à-dire lorsque l’Algérie voisine, impérialiste à la prussienne, aura accepté que toute cette histoire, depuis la moitié des années soixante-dix, n’aura été en réalité qu’une manière de rendre un peu justice à un Royaume qui a tellement souffert des affres du dépècement opéré par le colonialisme européen durant des dizaines d’années - depuis les premières décennies du dix-neuvième siècle. Car tout cela remonte à bien loin. Les Anglais, les Allemands, les Turcs, et bien sûr les Français ainsi que les Espagnols principalement, lorgnaient avidement vers cet « empire fortuné », qui résistait de mille manières face aux entreprises hostiles tous azimuts.
Le Maroc n’assumait pas seulement la défense de son territoire propre, mais avait conscience de son devoir de solidarité à l’égard des contrées avec lesquelles une histoire commune le rattachait indissolublement. En premier lieu, tout l’immense Sahara, des confins au sud de Tarfaya jusqu’au fleuve Sénégal et vers l’ouest jusqu’à celui du Niger, y compris Tombouctou.
Faut-il parler, par exemple, du regard fraternel et volontaire que le sultan Abderrahman 1er posait sur l’ancien dominium turc de Tlemcen jusqu’à Constantine inclus. Le roi alaouite n’a dû rendre les armes, contraint et forcé, qu’après la défaite infligée au Maroc par la puissance française sur l’oued d’Isly, près de la ville d’Oujda, prélude de l’affermissement à la montée des visées de Paris sur un Maroc affaibli et qui donnait gravement du gîte.
Après toute la lutte entreprise par la dynastie saâdienne, pour libérer les côtes atlantiques notamment, et de la poursuite du combat des monarques alaouites pour bouter hors du royaume Anglais, Portugais et autres Espagnols - ainsi que de contenir le flux ottoman au-delà de Tlemcen -, le Maroc a eu à se préoccuper des prétentions de la France sur tout le pays, dans son intention clairement exprimée d’atteindre l’Océan Atlantique comme de faire la jonction avec l’Afrique occidentale française pour parfaire « le seul tenant » agréable à l’œil sur la mappemonde des dominateurs colonialistes cher à l’Hexagone. Première puissance militaire de l’Afrique du Nord, du Maghreb comme on ne l’appelait pas encore, cette rive méridionale de la Méditerranée, le Maroc a été grignoté systématiquement et méthodiquement de tous ses côtés, de toutes ses franges. Il s’agissait de l’affaiblir et de le réduire inexorablement à sa plus simple expression. Avant que la France ait imposé le Traité de Protectorat à une autorité royale débile, à Fès le 30 mars 1912, le pays ne ressemblait pratiquement à plus rien de ce qu’il avait été glorieusement des siècles durant.
Des morceaux entiers étaient partis. Au Sud-Ouest, Tindouf, le Tidikelt et autres provinces ont été rattachés à l’Algérie, subjuguées sous l’appellation vague de Territoires français du Sahara, tandis que le Sahara occidental croupissait sous l’autorité de Madrid, auquel la France avait concédé le statut de sous-locataire du Protectorat sans aucune justification (au nord, la zone rifaine de Tanger, à Berkane, plus bas tout ce qui était au sud de l’oued Draâ).
Peau de chagrin donc, qu’illustraient insidieusement les manuels scolaires mis à la disposition des élèves indigènes pour leur inculper la vision d’un mini-Maroc aux limites étriquées. Le parti marocain pro-français devait, après l’indépendance, en 1956, essayer de perpétuer cette vision mesquine du pays multiséculaire aux dimensions d’empire, légué par les Almoravides, les Almohades et autres dynasties prestigieuses.
Une campagne de dénigrement odieux s’employait à dévaloriser, on s’en rappelle, l’image et le message d’une flamboyante figure comme celle du dirigeant historique Allal El Fassi, qui parlait du Maroc historique, celui de la mémoire et de la réalité de toujours qui voulaient rétablir une vérité avérée : le Maroc sans solution de contuinité jusqu’en Afrique subsaharienne.
Las, grâce à la France gaullienne, la Mauritanie a été créée, puis l’Espagne franquiste essaya d’installer à Oued Eddahab et Sakia El Hamra un Etat fantoche à la population microscopique et nomade. Contrairement au cas précédent, la manœuvre ne réussit pas, et cela grâce au sursaut patriotique initié par le roi Hassan II, qui sut faire récupérer ce territoire, petite partie de tout ce qui a été spolié.
Le Maroc avait fait son deuil du pays des Maures, mais ne pouvait pas, à moins d’une pulsion suicidaire, accepter que ce dépeçage nouveau soit perpétré. L’Algérie se posant en adversaire déterminé du Royaume dans la juste action qu’il menait depuis des lustres au sein des instances internationales comme à l’intérieur du Royaume même, le souverain défunt ainsi que le Mouvement politique national essayèrent de se convaincre que, malgré tout, les gouvernants d’Alger pouvaient peut-être revenir à la raison et reconnaître leurs erreurs pour accorder à leur « voisin fraternel » le bénéfice de la légitimité de sa revendication insistante d’une intégrité territoriale - gravement amputée.
C’était mal (et mé) connaître les héritiers du F.L.N., qui souffrent d’une amnésie nourrie par une ingratitude sans fond. Ahmed Ben Bella, puis après lui Houari Boumediene et d’autres épigones jusqu’à l’actuel Abdelaziz Bouteflika, ont fait la sourde oreille et ont considéré que la promesse d’ouvrir les négociations pour liquider le contentieux algéro-marocain au mieux des intérêts des deux parties, après l’indépendance de la patrie de l’émir Abdelkader, était chiffon de papier sans aucune valeur, malgré la signature solennelle du président du G.P.R.A., Ferhat Abbas, à côté de celle de Hassan II.
Une nouvelle phase, à partir du début des années soixante, commença dans le flou et le filandreux, entre Rabat et Alger - atmosphère entrecoupée de climats contrastés (le moins qu’on puisse dire) - pour franchement se crisper et se durcir.
L’Algérie s’employa à saboter systématiquement et à essayer de dynamiter le processus de retour-intégration du Sahara occidental à la Mère-Patrie.
Un grand merci à Jaques Marie BOURGET
Ton intervention est juste et doit reveiller les consciences encore confuses de certains de nos intervenants
Il suffit d’un rien pour qu’un habitué de ce sîte ,qui non seulement n’a rien compris , mais se ridiculise chaque jour avec ses commentaires à la noix
Et se prend pour le maitre qui donne des leçons à tout le monde
Caché sous un pseudo aussi comique que ses textes , agit à la manière des "CARTES BLANCHES" d’autrefois
S’LISS