Portrait de Laurent Joffrin, immense journaliste barbichu que le monde nous envie pour sa prestance et sa sagacité.
Qu’on se le dise : Libération est un journal indépendant. Le directeur, Laurent Joffrin, l’a réaffirmé avec force à l’occasion de la sortie d’une nouvelle formule, le 15 octobre. Les Français n’ont pas peut-être compris l’ampleur de la révolution menée par Joffrin à la tête du quotidien fondé par Sartre et contrôlé aujourd’hui par Edouard de Rothschild. Or, Laurent le Magnifique est l’incarnation même du professionnalisme dans le milieu. À la tête de Libé puis au Nouvel Observateur de l’intraitable Claude Perdriel puis de nouveau à Libé, notre ami n’a cessé de donner des preuves de ce professionnalisme. Un exemple ? Alors que les médias ont mauvaise presse – comme le confirme un sondage publié par Libé (16/10) -, Libé se lance dans l’organisation d’un concert contre l’amendement ADN.
C’est tellement ringard de publier des enquêtes et des analyses pour expliquer en quoi ce projet de Super Sarko est dangereux. C’est plus fun de réunir des people et des politiques sur une scène. Un autre exemple ? L’affaire Cécilia, Sarkozy bien sûr. La dame, comme chacun sait, a finalement obtenu le divorce. Bakchich annonçait ici même, le 3 octobre, que c’était en cours. Vive réaction de Laurent le Magnifique, qui n’hésitait pas à tonner le lendemain, dénonçant ces sites Internet qui colportent des « rumeurs » et utilisent le conditionnel. Problème : quand L’Est Républicain, un vrai journal en papier, rapporte ensuite que l’annonce du divorce est imminente, Libé n’est pas le dernier à saisir la balle. Il titre sur son site : « Les Sarkozy auraient matérialisé leur séparation ». Alors Joffrin, on utilise le conditionnel dans un grand quotidien comme le tien maintenant ? Le jour du communiqué officiel, Libé n’hésite pas à consacrer cinq pages à l’affaire, dont la une sous le titre « Desperate Housewife ». Et notre ami de reprendre ses habits de donneur de leçons : un journal publie des informations et non des rumeurs. Bien, Laurent, on le recopiera cent fois.
On a compris, le professionnalisme de Laurent Joffrin s’adapte aux circonstances. Ancien militant des Jeunesses socialistes, il a découvert la modernité. Il n’a cessé de multiplier les allers et retours entre le quotidien fondé par Sartre et le Nouvel Obs avant d’être placé à la tête du premier par Edouard de Rotschild, militant de gauche bien connu qui passait ses vacances avec un certain Nicolas Sarkozy il n’y pas si longtemps.
La chaîne de Bouygues s’était fait une grosse frayeur après la défaite de l’équipe de France de rugby lors de son premier match de Coupe de monde face à l’Argentine. Il faut dire qu’elle avait dépensé 40 millions d’euros pour acquérir les droits et avait dépensé une dizaine de millions pour les frais techniques. La qualification pour les demi-finales après une victoire inespérée sur les All Blacks pouvait laisser espérer un gros gain : les tarifs ont été augmentés considérablement pour les demi-finales 150.000 euros le spot au lieu de 72.000 si la France n’y était pas. Mais, patratas, l’équipe de Bernard Laporte et de Super Sarko, a échoué face à l’Angleterre. Du coup, TF1 n’a pas pu appliquer le tarif qu’elle projetait pour la finale avec les Bleus (204.800 euros) et a dû se contenter de 97.000 euros. On se propose d’organiser une quête.
Les mauvaises langues assurent que Joffrin est allé à plusieurs reprises diriger l’hebdo de Perdriel pour gagner un peu d’argent. C’est mesquin. D’abord, Laurent le Magnifique ne cherche que la vérité journalistique. Ensuite, avec Rotschild, il n’aura plus de problème de fin de mois.
Il reste cependant un homme de gauche – c’est lui qui le dit mais il est permis de penser que c’est une rumeur. Il veut moderniser la gauche. Quelques mois avant la présidentielle, il a d’ailleurs publié un livre titré « La gauche Bécassine » pour expliquer que le PS devait se moderniser. Il a monté aussi un club avec des patrons qui se disent de gauche pour réfléchir. Il ne dédaigne pas animer à l’occasion des colloques. Sans doute par amour des débats.
En attendant, il veut moderniser Libé qui a adopté une nouvelle formulé il y a peu. Libération « a toujours été un journal résolument moderne, accompagnant les changements de la société » a dit notre ami au Monde (5/10) avant d’ajouter « Libération doit être une sorte de laboratoire d’avenir, un journal qui diffuse de l’énergie plus que de l’angoisse, avec un ton plus simple, plus généreux, plus ouvert, plus optimiste ». À force d’être moderne, notre ami marche sur les traces de feu Marcel Dassault, qui voulait faire un journal de l’actualité heureuse.
Bravo pour ce beau portrait.
Laurent Joffrin veut promouvoir une gauche qui ne serait pas de gauche. Tout cela en donnant des leçons sur tout le journalisme, l’éthique, la politique.
le problème est simple à force de courir aprés une modernité qui ressemble beaucoup à la réaction, et à défendre des réformes qui ne sont que des contre réformes, à oublier tout contenu social un peu conflictuel,c’est tellement archaique, Joffrin perd toute crédibilité, comme son quotidien.
Encore un effort et comme Jean Marie Colombani, Sarkozy lui confiera une mission sur la presse par exemple, comment être indépendant en appartenant à des actionnaires financiers. ce n’est pas plus difficile que comment augmenter le pouvoir d’achat des français, sans augmenter leur salaire, comme l’a fait Jacques l moderne Attali.
Jean Bachèlerie
J’avais écrit un commentaire, puisque en théorie cela est possible sur "Libération.fr" dénonçant la tartufferie du sieur Joffrin…et HO coïncidence ! HO surprise ! l’inimaginable s’est produit, le commentaire n’a jamais été mis en ligne. J’vous l’dis moi, le modérateur doit flipper sa race devant Joffrin, le seul journaliste capble de donner des leçons de professionalisme aux autres en pratiquant le "faite ce que je dis et pas ce que je fais". Comme si "Libération" n’avait jamais, mais jamais utilisé le conditionnel…
Rabia.
ecrire un commentaire à un article de Libé en metant en cause son altesse Joffrin est puni de censure. Par contre les hordes de spammeur UMP peuvent gacher tous les articles de leurs réactions ridicule (j’étais de gauche mais là quand je vois comment les gens sont pas gentils avec sarkozy je découvre que je l’aime)…
Ah libé !!