Des mafiosi sont apparus dans l’enquête pour corruption visant le sénateur René Vestri. Une opportunité pour la juridiction inter-régionale spécialisée qui sème de gros doutes du côté de la défense.
Encore toutes fraîches dans le si seyant monde judiciaire, les Jirs (juridiction inter-régionales spécialisées) ont depuis 2004 vocation à traiter des dossiers de délinquance organisée, au niveau inter-régional comme leur nom l’indique. D’où, au hasard, des affaires de corruption situées sur la côte d’Azur, par exemple à Beausoleil (Alpes-Maritimes), et qui se retrouvent entre les mains de juges d’instruction marseillais, dans les Bouches-du-Rhône.
Au grand dam des juges du coin, et parfois des avocats des suspects qui s’émeuvent d’une telle délocalisation. Et cherchent l’entourloupe… ou le vice de forme qui va sauver leur client.
Fin novembre 2009, le juge Charles Duchaine, suivi de près par la presse régionale, lève un gros lapin de garrigue. Quinze personnes sont arrêtées lors d’une vaste opération de police dans le cadre d’une enquête pour corruption liée aux marchés de BTP à Beausoleil, commune voisine de Monaco. Un coup de filet assorti de mises en examen pour le maire de la ville, Gérard Spinelli, l’entrepreneur visé, Lino Alberti et d’une demande de levée d’immunité contre René Vestri, sénateur du coin, soupçonné de "corruption, blanchiment et abus de biens sociaux".
Beaucoup de foin, mais foin de mafiosi venus d’Italie. Pourtant, aux premiers jours de la médiatisation de l’enquête, deux présumés mafiosi avaient été interpellés. Las, Roger Mouret et Giovanni Tagliamento respectivement un membre historique du gang des Italo-Grenoblois et le putatif « ambassadeur de la Camorra sur la Côte », sont ressortis libres et légers de leur garde-à-vue…
Étrange. À moins que, comme le subodorent quelques baveux, « on ne les ait mêlés au dossier dans le seul but que la Jirs puisse s’en saisir ». Un procédé aussi doux et vicieux qu’une mauresque en plein soleil… et que quelques avocats comptent bien creuser pour faire capoter la procédure.
Et le temps fond comme un glaçon en août, la demande de levée d’immunité parlementaire de René Vestri déposée par le juge Duchaine devrait être examinée sous peu par les sénateurs.
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