Dimanche 12 octobre, les douze pays membres de la zone euro ont adopté un « plan de sauvetage » de leurs banques, inspiré du modèle British. La consommation du divorce Merkel-Sarko.
A Colombey, ce week-end, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes entre Français et Allemands. Sauf que l’on peut dire que vu de Berlin, le divorce avec Paris est consommé. La classe politique allemande ne comprend plus ce qui se passe en France. Le ministre des Finances, Peter Steinbruck, qui se pique de francophilie – il aime surtout les produits français, notamment le Chablis, dont il a fait son vin quasi-quotidien – n’en finit pas de se demander si Christine Lagarde joue l’imbécile ou si elle ne comprend réellement pas grand chose aux dossiers qu’elle traîte. Dans la crise bancaire, elle a, de réunion en réunion, montré une incompréhension criante de ce que signifiait concrétement la notion de fair value et de market value. Résultat, lorsqu’elle a annoncé au journal allemand Handelsblatt la création d’un fonds de soutien aux banques, les Allemands ont crié « non » avant même de regarder de quoi il retournait. Et Angela Markel a tenu la ligne du refus à Paris le 4 octobre comme à Colombey une semaine plus tard.
Le seul membre du gouvernement qui rassure Berlin est Jean-Pierre Jouyet , qui se montre à la fois précis, ouvert et concret. Et on l’encense d’autant plus que cela permet d’ignorer Bernard Kouchner, dont la maîtrise des dossiers est à l’image de celle de la plupart de ses collègues du gouvernement. Certes, à Berlin, on parle avec une sorte d’espoir diffus d’un retour possible de Balladur à Bercy, rumeur qui s’amplifie également à Paris. On se félicite des relations avec Stéphane Richard, le directeur de cabinet de Lagarde qui aurait l’oreille de Sarkozy. Mais on reste globalement pantois devant le dilettantisme français. Que la France accumule les déficits extérieurs qui se traduisent in fine , du fait de l’existence de l’euro, par une ponction sur l’excédent allemand, a de quoi irriter Berlin. Mais qu’en plus, Paris fasse comme si de rien n’était, alors là, trop c’est trop. Surtout lorsque l’on annonce que la crise va remettre en position de force les conseillers vaguement keynésiens de Sarkozy qui n’ont cessé de dénigrer la BCE et le Pacte de Stabilité et de Croissance.
Sarkozy a conscience de tout cela et il cherche à éviter le clash. Il fait mine d’ignorer que la presse allemande le compare avec gourmandise à Louis de Funès. Il se répand en propos chaque fois plus obséquieux sur Angela Merkel. Il ne cesse de répéter combien le couple franco-allemand se porte bien. Mais outre sa propension à parler de M. Merkel en parlant du second mari d’Angela, Merkel étant le nom du premier, la tendance générale à ne s’intéresser vraiment à aucun des sujets abordés lors des rencontres franco-allemandes a lassé la chancelière.
Sur le fond, Sarkozy n’en est pas fâché outre mesure. Le règlement de l’affaire Fortis a conduit à une sorte de partage symbolique des territoires entre une Belgique vivant au rythme de l’économie française et des Pays-Bas de plus en plus intégrés à la dynamique économique allemande.
En fait, par penchant, Sarkozy a décidé de faire de la Grande-Bretagne sa partenaire privilégiée. Gordon Brown l’amuse et l’intéresse plus que l’austère chancelière. En outre, il a la conviction que le dossier européen doit prendre un tour plus politique et moins économique et qu’en la matière, le Royaume-Uni est l’allié naturel de la France. En imposant la présence britannique au sommet des pays de la zone euro, il a signifié que Londres était son interlocuteur de référence. Et puis, ce qui ne lui déplaît, cela lui permet de bousculer une fois de plus son administration, en l’occurrence le Quai d’Orsay sur lequel il a des opinions définitives et définitivement négatives, un Quai d’Orsay où susbsiste encore la tradition gaulliste pro-allemande et anti-anglaise.
L’Etat apportera une garantie "payante" des prêts interbancaires jusqu’à 320 milliards d’euros et consacrera jusqu’à 40 milliards d’euros pour recapitaliser les banques qui seraient en difficulté
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