Un livre, « Sous le Tapie », révèle un accord secret entre Bernard Tapie et l’intermédiaire « Dédé la Sardine ». Va y avoir du sport…
Les lecteurs assidus de Bakchich connaissent déjà André Guelfi, dit « Dédé la Sardine », le grand public un peu moins. Cet intermédiaire condamné dans l’affaire Elf, que les discrètes commissions sur les grands contrats internationaux ont enrichi, est l’invité surprise du livre précis du journaliste à Mediapart Laurent Mauduit, Sous le Tapie, qui vient de sortir.
On croyait le scandale Tapie terminé, avec la décision incroyable d’un tribunal arbitral de lui allouer 390 millions d’euros afin de clore l’affaire Adidas-Crédit lyonnais, dont 45 millions au titre de préjudice moral - c’est-à-dire non imposable…
Et bien non, sous le scandale est en train de naître une autre affaire. Mauduit revient sur les dessous d’un accord conclu entre Tapie et Guelfi, au moment où les deux hommes dorment entre les mêmes murs de la prison de la Santé : le premier pour la corruption du match truqué OM-VA, l’autre pour les dérives pétrofinancières de l’affaire Elf. Ils font équipe et se sont immédiatement appréciés. Et Guelfi de conclure avec le pragmatisme du vieux sage (crocodile ?) : « Quand on est dans la merde, ça crée des liens ».
Au cours de ce malheureux séjour en prison, Bernard Tapie et André Guelfi ont ainsi jeté, raconte dans son livre Laurent Mauduit – qui a exhumé de vieilles coupures de presse oubliées – les bases d’un accord bien concret. Pour résumer, le duo décida de partager les fruits d’un business commun. « Ce qu’on s’était dit, c’est que la moitié de ce que je gagnais était pour lui, et qu’en échange, la moitié de ce qu’il récupérerait du Crédit lyonnais serait pour moi », avait alors expliqué Dédé la Sardine au Monde.
Jusqu’à ces dernières années, des affaires en Russie semblent avoir été soumises à ce deal collectiviste. Mais la victoire de Tapie de l’été dernier contre le CDR, avec la perspective de conserver plus de 100 millions d’euros, a vraisemblablement - et légitimement ? - aiguisé l’appétit, légitime, d’André Guelfi. Ce dernier, comme l’a raconté Bakchich, suit de près l’affaire Tapie et compte, comme lui, s’installer en Suisse à plus ou moins brève échéance.
Les deux compères vont-ils s’entre déchirer pour une part du pactole ? Voilà peut-être un énième rebondissement dans ce dossier qui depuis plus de 15 ans n’en manque pas, comme le rappelle le livre. Son auteur détaille par exemple les cheminements finalement logiques qui ont amené Nicolas Sarkozy et la majorité actuelle à créer un contexte plus que favorable à l’ancien président de l’OM, lui qui roule désormais ostensiblement pour Sarkozy après avoir été lancé en politique par François Mitterrand. Un contexte au vu duquel les arbitres désignés pour se substituer à la justice ne pouvaient que se sentir pousser des ailes et garantir à Bernard Tapie le dédommagement que les juges d’une simple cour d’appel n’avaient pas voulu lui offrir.
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