La première chaîne est épinglée par l’Inspection du travail pour sa gestion du personnel. Irritée, la direction de TF1 réfute les accusations dont elle est la cible. Mais l’inspectrice en charge du dossier ne lâche pas le morceau.
TF1 est une entreprise généreuse. Dans un communiqué interne du 13 janvier 2010 que Bakchich s’est procuré, la direction générale adjointe assure à ses ouailles que « 2008 et 2009 ont été pour TF1 SA les années les plus difficiles depuis sa privatisation. » Après la mauvaise nouvelle, la bonne, car « la Direction générale a décidé de maintenir une politique salariale dynamique », explique le DRH adjoint. Le coeur sur la main, on vous dit. Faut-il voir là un moyen utilisé pour calmer le malaise des salariés ? Le 25 novembre dernier, Bakchich Hebdo révélait un courrier que l’Inspection du travail avait envoyé au patron de TF1, Nonce Paolini. Évoquant les « risques psychosociaux » que la direction de la chaîne faisait courir à ses salariés, l’Inspection s’était fendu d’un rappel au code du travail en bonne et due forme (voir encadré). Selon la lettre, ces risques sont la conséquence directe d’importantes réductions d’effectifs : près de 300 emplois supprimés.
De quoi agacer les mandarins de la Une, qui ont répondu illico à l’inspection, contestant toutes les accusations dont ils faisaient l’objet. Ces « affirmations » sont « totalement fausses » et les « griefs énoncés par écrit, sans vérification » sont « dénués de tout fondement », s’est insurgée la direction de TF1. Qui est même allée jusqu’à ajouter que les chiffres relatifs à la baisse du nombre de salariés avancés par l’Inspection étaient tout simplement faux, là encore. Les échanges d’amabilités auraient pu en rester là, mais il semble que TF1 soit tombée sur une inspectrice coriace : « Je suis très surprise d’apprendre par ce courrier du 23 novembre de la Direction de TF1 que les informations que celle-ci donne au Comité d’Entreprise (…) sont sensiblement différentes de celles qui figurent dans les DMMO* transmises à la Direction Départementale du Travail », s’interroge-t-elle. La direction de TF1 mentirait-elle à ses salariés ? Une chose est sûre : l’Inspection du travail est décidée à ne pas en rester là. Les salariés de la première chaîne ont donc eu la – bonne – surprise de la voir débarquer à nouveau les 30 et 31 décembre derniers dans les locaux de TF1. L’occasion de rencontrer du monde et de récolter quelques informations…
Car, apparemment, être journaliste à TF1 n’est pas de tout repos. Fin 2009, une pétition lancée anonymement, mais signée par toutes les organisations syndicales, avait recueilli près de 280 signatures de journalistes maison (sur environ 300). Pointant les dérives du management à la TF1, elle ne sera donc pas restée lettre morte. Pour mémoire, la pétition dénonçait que « Pour tous ceux qui fabriquent les journaux au quotidien, la règle de la rentabilité s’est substituée à celle de la qualité, au détriment des salariés ! » Plus loin : « La direction semble se désintéresser totalement du ressenti de ses salariés qui désirent au minimum avoir les moyens techniques et humains pour travailler correctement. » En attendant, l’inspectrice, c’est son droit, a tout loisir de rédiger des PV et de les transmettre à la justice.
* DMMO : Déclarations mensuelles obligatoires des mouvements de maind’oeuvre
Voici ce que l’Inspection du travail entend quand elle dénonce les « risques pyschosociaux » encourus par les salariés de TF1 suite aux importantes réductions d’effectifs. Dans sa lettre, l’inspectrice pointe une « dégradation sensible des conditions de travail des salariés dans l’entreprise » et craint que « les réorganisations mises en oeuvre » engendrent des « effets négatifs », « notamment une augmentation du stress dans la plupart des services de TF1 et ses filiales ». D’après les informations recueillies par Bakchich, depuis ce courrier, au moins deux employés ont connu les joies du « burn out » : l’épuisement par le travail
Ce n’est pas la première fois que la direction de TF1 est au prise avec l’inspection du travail. E n 2000 déjà, Nonce Paolini, alors « directeur des relations humaines » (sic) s’était fait réprimander par un inspecteur tatillon. Ce dernier s’étonnait que Paolini présente lui-même la candidature d’un membre d’une organisation syndicale, en l’occurrence FO, et regrettait les conséquences que cela avait eu sur le vote qui s’en suivit. Et de rappeler à P aolini que « le chef d’entreprise ou ses représentants ne doivent employer aucun moyen de pression en faveur ou à l’encontre d’une organisation syndicale quelconque »
Lire ou relire sur Bakchich.info :
La dernière grande grève à TF1, si je me souviens bien, date de 1979 et elle duré 3 semaines, suite à 500 licenciements.
Quand une chaîne est devenue à ce point la carpette d’un gouvernement les problèmes sont de plusieurs ordres :
Tout d’abord, par le contenu de ses infos, elle devient la gardienne de l’ordre social en France par une stratégie de communication directement télécommandée de l’Elysée où l’effacement des enjeux sociaux sont de mise et où l’absence, la minimisation des revendications sociales et autres manifestations sont la règle.
A l’intérieur, avec des managers à l’américaine aux commandes, le fond des émissions a changé dans lesquelles le juge est l’Audimat. Télé-poubelle ou télé-réalité des présentateurs au QI de crevette, sont devenus la vrai réalité de cette chaîne en voie de "berlusconisation".
Quant au reste des agents de TF1 c’est la précarité des statuts, la rentabilité à outrance et le stress au travail. La Direction exige d’eux : une obligation de loyauté des salariés vis à vis de l’employeur.
Enfin, selon cette même Inspection du Travail, un plan social minutieusement masqué de 347 salariés a eu lieu en 2009, sans même l’application basique de la loi.