« On se sert trop souvent des enfants comme alibi » pour amadouer l’opinion sur l’immigration, d’après Nadine Morano. Demandez à Nicolas Sarkozy !
Ras le Rom ! Depuis le début de l’été, et grâce au formidable travail de communication du gouvernement, les Roms ont brusquement détrôné les femmes en Burqa et les polygames comme principal ennemi de la sécurité en France.
Nadine Morano qui, si elle « laissait parler (son) coeur », « laisserait évidemment toutes les familles arriver sur le territoire » s’est même insurgée sur Europe 1 (jeudi 20 août) que l’on utilise la vieille ficelle de l’émotion pour amadouer l’opinion publique.
« Il ne faut pas se servir des enfants, je crois qu’on le fait beaucoup trop souvent », a indiqué la secrétaire d’État à la… Famille. « Les enfants ne doivent pas servir d’alibis ». Et ceux qui sont scolarisés en France ? Pas de soucis, « Ils seront scolarisés dans leurs pays d’origine », répond du tac au tac la Morano, « Il n’y a pas que des écoles en France ».
Des propos dans la (droite) ligne du discours présidentiel du 30 juillet dernier à Grenoble sur la déchéance de la nationalité française (qui « doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie de (…) toute personne dépositaire de l’autorité publique »).
Vous avez dit « Alibi des enfants » et « expulsion de la nationalité pour les délinquants » ? Exactement les thèmes lancés par Jean-Marie Le Pen dans l’émission « 100 minutes pour convaincre » (France 2) en novembre 2003. En face, un ministre de l’Intérieur, « fier » d’avoir supprimé « la double peine » pour les délinquants étrangers, s’insurge contre le populisme du patron de l’extrême-droite.
Chacun aura reconnu Nicolas Sarkozy dans cette archive de l’INA (cliquer ici si la vidéo ne fonctionne pas).
« La petite catégorie, quelques dizaines de cas par an, qui était concernée » par la double peine, « c’était des gens qui sont en France depuis leur plus jeune âge (…) qui ont été condamnés parce qu’ils ont commis un délit ou un crime », précise d’abord Sarkozy face aux accusations de Le Pen. La loi du 26 novembre 2003 indique, en effet, que « l’étranger arrivé en France avant l’âge de 13 ans, celui qui vit régulièrement en France depuis vingt ans ou depuis dix ans et qui est marié avec un(e) Français(e) ou qui est père (mère) d’enfant français n’est plus expulsé, sauf en cas d’atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Etat ou d’activités terroristes ». Sarkozy prend pour exemple le cas de Chérif Bouchelaleg (voir encadré ci-dessous) pour montrer l’injustice de l’expulsion d’un délinquant étranger qui a des attaches en France.
Chérif Bouchelaleg est un Algérien trentenaire vivant depuis 20 ans en France lorsqu’il est incarcéré pour des bagarres en 2001 (après avoir commis quelques délits des années avant). En juin 2002, il devait être expulsé dès sa sortie de prison mais les interventions de Nicolas Sarkozy lui avaient permis de rester en France.
Dans son livre Témoignage (sorti en 2006), le ministre de l’Intérieur de l’époque avait d’ailleurs confié que « C’est le cas de Chérif Bouchelaleg qui (l)’a conduit à réfléchir sur la double peine ». Avant d’annoncer que « La double peine est inhumaine ». Voir sujet de France 2 du 30 août 2006 sur le site de l’INA .
Mais quatre ans après avoir été le symbole de la double-peine, il devient celui de la récidive. Après plusieurs vols et tentatives de cambriolages (29 délits en quelques semaines), il se fait arrêter par un barrage de gendarmes en Isère, venus escorter… Dominique de Villepin en visite officielle.
« Bouchelaleg, il prend 5 ans de prison », commence Sarko visiblement très touché (à partir de la deuxième minute de la vidéo). « Et pourquoi je n’ai pas voulu qu’il soit expulsé ? Parce que Bouchelaleg avait une femme française et 5 enfants français… et l’expulser, cela aurait conduit à désigner 5 orphelins et une femme sans son mari. »
« Et moi, pourquoi monsieur Le Pen je peux être ferme ? Parce que je suis juste », conclut Sarkozy, l’humaniste. « Vous, vous êtes injuste (…) C’était cruel et donc c’était inefficace ».
Le futur président pose les bonnes questions : « Pourquoi devrais-je faire porter la peine à celui qui n’y est pour rien ? C’est à dire le gosse, c’est à dire la femme. »
C’est pas joli joli de se servir des enfants comme alibi…
Lire ou relire sur Bakchich.info :
"Ce qui est remarquable avec Sarko, c’est qu’il n’a pas besoin d’une demande des Nazis pour faire le sale boulot puisqu’il en est un lui-même. "
Il n’est que temps de partir en vacances ma chère. L’épuisement causé par vos 1259 calembours (série en cours)vous fait perdre toute mesure.