Rendre l’Europe plus populaire et plus proche des gens. C’est la grande ambition de Sarko pour sa présidence du conseil européen qui commence le 1er juillet. Mais comment ? Simple… En tapant sur la Commission européenne pour la rendre encore plus impopulaire. Une grosse ficelle qui pourrait faire plein de nœuds…
Le jour de gloire de Sarko commence par un couac ! S’il a prévu de défiler avec ses 27 collègues à l’Arc de triomphe, un Commissaire européen a décidé de bouder le dîner offert par l’Elysée au soir du premier jour de la présidence française du Conseil européen. Mais qui est ce rabat joie ?
C’est évidemment un Anglais. Peter Mandelson, chargé du dossier communautaire du Commerce n’a pas apprécié de se faire remonter les bretelles par Sarko qui, à l’issue du dernier Conseil européen, l’a tenu pour un des responsables du non des Irlandais au traité de Lisbonne. Ce Commissaire, non dénué de sens politique, aurait effrayé la verte Irlande en négociant mal devant l’Organisation mondiale du commerce les subventions agricoles.
La ficelle est un peu grosse, mais donne le ton de la présidence française : faire exploser la cocotte minute des eurotechnocrates. Les sondages le disent, Bruxelles n’est pas populaire auprès de l’opinion, alors haro sur la Commission Barroso ! Comme Berlusconi, son populiste clone-clown italien, Sarkozy veut taper fort, sûr avec ses propositions brillantes de faire avancer l’Europe.
En attendant, les attaques ont surtout braqué Bruxelles. Comme celles, un brin démago, lancées ces dernières semaines. Le pale ministre de l’agriculture Michel Barnier s’est fâché tout rouge, comme le thon, dont il défend les quotas de prise pour les pêcheurs français. « Il faut être sérieux. Barnier a été Commissaire européen. À sa place, j’aurais du mal à me regarder dans la glace », s’énerve cet eurofonctionnaire… français. Et le même vexé de lancer un plaidoyer. « C’est vrai qu’on est nul pour communiquer à la Commission. On n’est pas professionnel, avoue-t-il. Et pas assez nombreux pour répondre aux journalistes des 27 pays européens. Que voulez-vous qu’on fasse contre ces offensives médiatiques ? Le monstre technocratique, c’est un mythe. Il n’y a que 14 000 fonctionnaires dans la capitale européenne. 20 000 si on ajoute les interprètes. C’est quand même moins que les 40 000 fonctionnaires de la mairie de Paris à ses plus belles heures ».
D’ailleurs, entre les Commissaires – qui, avant d’être des technocrates, ont pour la plupart fait une carrière politique dans leurs pays – et la France, la guerre a déjà commencé. Si l’hexagone fait la leçon, pourquoi ne pas mettre son grain de sel dans ses affaires intérieures ? C’est avec un malin plaisir que Vivivane Reding, chargée des médias, a balancé un pavé la semaine passée contre la réforme de l’audiovisuel public français. Avant même que Sarko n’officialise ses projets, la Luxembourgeoise a prévenu. « Pas question de taxer les fournisseurs d’accès à internet. » Cerise sur le gâteau, même le Français Jacques Barrot y est allé de sa peau de banane. « Croyez-moi, je vais mettre mon nez dans les conditions de rétention des étrangers en situation irrégulière », a-t-il lancé. Ce félon chiraquien a osé brocarder le « mauvais exemple » français après l’incendie du centre de rétention de Vincennes. Ambiance, ambiance… On souhaite bien du plaisir à Sarkozy pour faire avancer la machinerie empêtrée dans la crise institutionnelle.
« Il peut secouer le cocotier, ce qui n’est pas mauvais. Mais s’il est trop arrogant comme c’est sa tendance, s’il personnalise tous les dossiers et notamment les conséquences du non irlandais, et s’il veut faire du bilatéral pour exclure ceux qu’il a dans le nez, il va bloquer sur ses quatre enjeux prioritaires en se braquant tout le monde. Pas seulement la Commission, mais aussi les autres Etats membres », pronostique notre fonctionnaire européen français. Lequel, décidément bien déprimé, s’avoue amer sur la réalité de l’influence française. « On en a perdu beaucoup sous Chirac, des postes nous sont passés sous le nez ». Et de conclure sur une belle métaphore footbalistique. « C’est comme Domenech, à force de prendre tout le monde pour des cons, d’être arrogant… », on se plante…
Sarko futur Domenech de l’Europe ?
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Nicolas Sarkozy, président de la dette publique ?
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