Une note du directeur de l’administration pénitentiaire à l’attention de ses personnels rappellent qu’ils peuvent fouiller les familles de détenus avant les parloirs.
Echaudé par certains de ses locataires un brin tentés par la grande évasion, Claude d’Harcourt, patron de l’administration pénitentiaire (AP), s’est fendu, le 27 février dernier, d’un petit rappel à ses personnels. Non content d’avoir des taules flambant neuves, comme la prison de Corbas à Lyon, le directeur de l’AP a tenu à réexpliquer aux directeurs interrégionaux des services pénitentiaires « les mesures de sécurité applicables aux personnes accédant à un établissement pénitentiaire. »
La note que Bakchich a pu lire fait suite à l’évasion de Christophe Khider de la prison de Moulins au début du mois de février dernier. Le détenu s’était fait la belle avec Omar Top El Hadj son codétenu avant de se faire arrêter quelques jours après. Et selon les premiers éléments de l’enquête, toujours en cours, ceux-ci auraient bénéficié de complicité extérieure. Et des explosifs auraient été introduits à l’intérieur de la prison.
Mais en bon manager, Claude d’Harcourt n’a pas attendu que l’instruction soit terminée pour réagir. Première victime, les familles de détenus. Dans la note dont il est question, celui-ci explique : « Les événements récents m’obligent à rappeler le cadre juridique des mesures de sécurité applicables en matière d’accès aux établissements pénitentiaires… »
Il poursuit : « Le chef d’établissement peut soumettre une personne, après avoir recueilli son consentement, à une palpation de sécurité se limitant à de simples tapotements sommaires des intéressés. (…) La personne peut refuser de se soumettre à cette mesure : l’accès au parloir lui sera refusé. »
Pas question qu’un détenu un peu trop hardi refasse la une des journaux alors qu’il cavale à l’extérieur. « Cette faculté de procéder à une palpation de sécurité en plus du passage sous le portique de sécurité peut également être justifiée par un risque particulier pour la sécurité imposant, ponctuellement, des mesures supplémentaires. »
Bref, une note de deux pages pour rappeler aux directeurs de prison que la loi est derrière eux et qu’il ne faut pas qu’ils l’oublient. Charge à eux de décider ce qui constitue un « risque particulier ». Quant aux familles de détenus, qui devront se plier aux mesures de sécurité sous peine de devoir faire demi-tour, elles attendent encore la note qui demandera aux directeurs de prison de ne plus annuler les parloirs pour une minute de retard sur le rendez-vous.
Lire ou relire dans Bakchich :
Les familles des détenus subissent déjà des contrôles et des brimades sans devoir en ajouter. D’autant plus qu’ elles viennent pour réconforter leur parent qui survit dans des conditions carcérales souvent pénibles. Les familles ont donc besoin d’un entourage correct et non pas d’être culpabilisées comme c’est, parfois, le cas.
Sécuritas, non véritas… !