Détenus et surveillants en selle pour 17 jours d’efforts. Arrivé à Paris vendredi, le tour de France pénitentiaire, premier du nom, apporte un vent de liberté. Reportage nez dans le guidon.
Deux hommes, deux amis. Jean-Claude Chapu est directeur du centre pénitencier de Loos (Nord), François Grosvalet est chargé des sports à l’Administration pénitentiaire. Initiateurs et co-organisateurs du premier tour de France pénitentiaire, ils ont soulevé des montagnes avant de les monter à la force de leurs mollets. Franchie la ligne d’arrivée, on les voit s’enlacer et se serrer les poings le sourire aux lèvres. Que du bonheur en somme et quel contraste avec le monde carcéral. Prisons surpeuplées, grève des surveillants et des dizaines de suicides… C’est presque une hallucination de voir une telle aventure humaine.
En neuf mois, ils ont réussi à convaincre leur hiérarchie, les sponsors, à monopoliser 62 centres de détention et faire courir plus de 200 détenus et 300 salariés pénitentiaires. Des médias du monde entier se sont déplacés. Enfin une image positive qui certes ne doit pas faire oublier les impairs mais qui rappelle que la réinsertion est aussi importante que la sécurité des citoyens. « On confond souvent privation de liberté et enfermement ça n’a rien à voir ! » peste un membre de l’organisation. « C’est sûr, il a fallu convaincre, rassurer. On nous demande toujours si on avait peur qu’ils s’enfuient mais non, c’est évident que non. Ils sont pour la plupart proche de la liberté et ont tous dépassé au moins la moitié de leur peine », développe, très cool, jean-Claude Chapu.
Un des détenus avait encore trois ans à tirer. Il espère la conditionnelle. « J’ai des gosses et un job qui m’attendent, j’espère que cette expérience et ma bonne conduite vont me mener à sortir au plus vite. » Tous en parlent de cette fameuse « conditionnelle » mais après des dizaines de kilomètres au milieu de la verte France, c’était une fierté joyeuse qui habitait les uns et les autres. La prison s’était éloignée. Pour un temps. Il n’y a que ces foutus journalistes qui leur rappellent qu’elle va revenir… « -Comment vous allez vivre votre retour en cellule ? »- « …J’y pense pas trop… Ca va être un peu dur mais… maintenant je sais que j’ai plein de force pour continuer. »
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