Les alternatives à la prison, comme le bracelet électronique, ne semblent guère efficaces. Les suicides ne sont pas seulement la triste conséquence de l’enfermement pénitentiaire.
Au 1er janvier 2009, il y avait, selon l’administration pénitentiaire, 3431 personnes placées sous surveillance électronique. La prison hors les murs, autrement dit le bracelet électronique, serait-elle déjà un échec ? Certainement pas la panacée en tout cas, à en croire l’agacement des magistrats et autres représentants du monde associatif qui participaient mardi 10 février au colloque « un bracelet pour tous ? » organisé par l’association Droit et Démocratie.
Le constat serait même franchement inquiétant et un chiffre noir circule d’ores et déjà dans les couloirs de l’administration pénitentiaire. Contre toute logique apparente, depuis le début de sa mise en application en 1997, 20 titulaires d’un bracelet électronique se sont suicidés. Un chiffre à confirmer, mais à prendre au sérieux puisqu’il est lâché au détour de la conférence par Martine Lebrun, magistrate et présidente de l’Association Nationale des Juges de l’Application des Peines (ANJAP).
Après 12 ans d’applications, les questions sur l’application du bracelet électronique se multiplient. D’abord, les conséquences psychiatriques sur les heureux titulaires du bijou. Antoine Lazarus, professeur de santé publique et membre du groupe multiprofessionnels des prisons assure qu’« au bout de six mois, les gens disjonctent un peu. » Dans le rapport d’information parlementaire, réalisé par le député Georges Fenech, avant l’adoption de la loi, il était précisé qu’il ne fallait pas dépasser 6/8 mois. Une information qui a échappé aux députés ayant adopté un texte sans préciser de limitation de durée pour le port du dit bracelet.
Claustrophobie mentale, troubles obsessionnels compulsifs, dépression… Les risques psychosociaux ne manquent pas. Et les anecdotes non plus. Ainsi, à deux reprises, des détenus « à domicile » ont demandé à être réincarcérés car ils ne supportaient plus le déclenchement intempestif de l’alarme. Un bijou bling-bling ou on ne s’y connaît pas. Mais en terme de réinsertion, on a vu mieux.
Dans un film documentaire réalisé par le journaliste Philippe Borrel, intitulé « Prison à domicile », et projeté lors du colloque, un détenu l’assure : « Le bracelet, on ne peut pas l’oublier. Les barreaux, on les a dans la tête. » C’est que le bracelet ne quitte pas le détenu. Même dans les moments les plus intimes. Emmanuelle Perreux, présidente du syndicat de la magistrature, interviewée dans le même documentaire déplore : « C’est toute la famille qui subit cette peine. »
Toutefois, malgré les interrogations des professionnels, aucune étude n’a encore été réalisée sur les impacts psychiques du bracelet.
A l’origine, le bracelet électronique devait désengorger les prisons françaises surpeuplées et prévenir la récidive. Deux objectifs, un échec et une inconnue. D’abord, le nombre de détenus -66278 au 1er janvier 2009 - ne cesse d’augmenter, comme celui de placements sous surveillance électronique.
Autre interrogation et non des moindres, le taux de réincarcération. L’administration pénitentiaire ne dispose en effet d’aucune donnée sur les récidives des personnes placées sous bracelets. Etonnant quand on connaît les efforts fournis par le gouvernement actuel sur le sujet. Et ce n’est pas le suivi assuré par les services pénitentiaires de probation et d’insertion (SPIP) en sous-effectifs qui vont éclairer cette inconnue. Ou quand les énergies déployées pour la défense sociale sont dépensées au dépend de la politique de réinsertion.
Quant aux aberrations administratives, elles sont légions. Martine Lebrun, pdte de l’ANJAP s’interroge sur certaines absurdités rencontrées dans son quotidien de juge d’application des peines. Ainsi raconte-telle qu’elle a effectué, en 2008, 90 placements sous bracelets et plus de 400 ordonnances de modifications d’horaires de surveillance. Ce qui représente pour elle, assure la magistrate, un temps considérable. Comme elle le souligne, non sans ironie : « Plus une mesure est efficace, plus on l’élargit, mais plus on l’élargit, moins elle est efficace. » Mais tout ce petit monde de conclure dans une belle unanimité, qu’à choisir entre le bracelet et la prison, ils choisiraient tous sans exception le bracelet. Ce qui en dit long sur l’univers carcéral…
Dans la deuxième partie de son film, Philippe Borrel a trainé sa caméra aux Etats-Unis, où le bracelet électronique est appliqué bien plus largement. Et le constat fait froid dans le dos. Un marché de la sécurité en pleine explosion où des sociétés privées comme Pro Tech réalisent des profits croissants. Et surtout des applications de plus en plus larges. Ainsi cette jeune citoyenne américaine, condamnée pour ivresse sur la voie publique, à qui la justice américaine oblige de porter, pendant un an, un bracelet qui prend en permanence son taux d’alcoolémie. Charge à elle de rester sobre sous peine de repasser par la case prison. Comprendre éviter les « Mon Chéri ». Et l’on se prend à rêver quand un industriel de la sécurité évoque, le sourire optimiste, la possibilité, bientôt, d’implanter des puces électroniques sur les récalcitrants et autres délinquants condamnés à purger leurs peines hors les murs.
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Pour étudier actuellement le sujet ; les conséquences psychiques et psychologiques pour la personne placée et son entourage proche sont réelles. Outre, les cas d’échecs de la mesure au delà d’un certain temps et ceux qui préfèrent in fine retourner en détention plutôt que de poursuivre avec le bracelet ; il y a ceux qui mènent à terme la mesure, mais en gardent des séquelles. Leur portée ; leurs dimensions ; comment y parer ?…étude en cours.
Rappelons que si le bracelet n’est pas la panacée, il conserve cependant un intérêt majeur en terme de réinsertion. Reste qu’il nécessite une appréhension globale de la situation du placée et un aménagement de la mesure et suivi adapté ; faut il encore que les moyens techniques, financiers et humains soient mis à la disposition des services pour ce faire.
Enfin, quel que soit l’objectif ou l’intérêt avancé, que ce soit un mieux être du placé, la prévention de la récidive ou désengorger les prisons, il devient nécessaire de retravailler sur le cadre et l’application de cette mesure, selon une approche pluridisciplinaire.
Suite lorsque l’étude sera terminée…
Le problème c’est "TOUS" dans le même panier ! Je viens d’être condamnée à 8 mois fermes, pour avoir conduit en état d’ébriété (2 fêtes, un chagrin en 3 ans) un scooter 50 cc, donc sans permis, dangereuse évidement pour moi et pour les autres, y compris les enfants qui bien sur à 1H30 du Matin et 3H du matin vont à l’école !…(La Proc ; au tribunal) J’ ai 56 ans, jamais de problèmes avec la justice, 3 grands enfants, un job que je vais probablement perdre car mes horaires sont trop restreints pour que je puisse l’exercé correctement !… Mon "ami" chez qui l’installation est faite et qui évidement devait me soutenir et être à mes côtés, n’a jamais autant été DEHORS ! Ah ! Il faut également que je me présente au centre d’alcoologie et ça il y a déjà plus de 8 mois, mais le médecin ne veux plus me voir, puisque je ne suis pas alcoolique et ne peut donc me donner de traitement. Je pense que la peine me semble très lourde au regard de ceux qui conduisent voitures et camions la journée en sortant de déjeuners arrosés ou autres "routiers sympas" !!!! Voilà, je ne sais pas combien de temps je tiendrai, mais à mon âge ont ne réagit pas comme à 23 ans quand l’avenir est devant et qu’il faut se remettre dans le droit chemin ?! A bon entendeur. Gaelle
PS : Sans parler des gardes à vue (La dernière 72H ! Pour çà.)