Daniel Lindenberg, nouveau reac’, publie "Le procès des lumières", analyse d’une restauration intellectuelle mondiale.
En 2002, Daniel Lindenberg lançait dans le marais versaillais un anguleux pavé livresque, Le Rappel à l’ordre , où –déjà- il pointait la dérive des « nouveaux réactionnaires », les montrant –déjà- en « grands artificiers » d’une « levée générale des tabous » et de la restauration vengeresse d’une France libérée, enfin, du « droit-de-l’hommisme », du métissage, de l’islam, etc. L’accueil, à droite, fut effroyable : un flot de boue déferla sur l’impudent essayiste, où la condescendance – dans le meilleur des cas – et l’invective – le plus souvent – tenaient lieu d’ « arguments ». Alain Finkielkraut jugea que l’ouvrage était une « boule puante », et Pierre-André Taguieff précisa que l’auteur était, parole d’expert, un « tout petit esprit », doublé, pourquoi se freiner, d’un « djihadiste à la française » : le débat se tenait à des hauteurs vertigineuses.
Sept ans plus tard, Lindenberg, sorti sauf du lynchage, passe posément la deuxième couche – au « risque de rencontrer les mêmes incompréhensions » - les mêmes haines -, puisque aussi bien « la trahison de la vérité, la négation des faits élémentaires, la distorsion idéologique » et « le souci constant d’abattre le contradicteur et non de le réfuter » (Jean-François Revel dixit) continuent de s’éterniser dans le débat public.
Fort du constat que ce désolant septennat lui a donné (presque) partout raison, il montre cette fois-ci que « la restauration intellectuelle » made in France, loin d’être isolée, « prend place et sens, au contraire, dans un mouvement international de plus grande ampleur », et que la réaction œuvre désormais à l’échelle du monde au retour à des « conceptions autoritaires et parfois racistes de la vie collective ». Ce n’est certes pas euphorisant, mais cela fait un livre urgent et nécessaire.
Lire ou relire sur Bakchich :